Pendant que Mélia errait en plein cauchemar, les garçons de leur côté avaient bien rempli leur part du marché. Théo et Cid, après avoir subtilisé la barque de l'oncle de Kazuhisa, s'étaient aventurés aux abords de la ferme aquacole. Tous deux portaient une casquette qui cachait pour l'un sa tignasse brune récalcitrante et pour l'autre ses longs cheveux aux mèches blanches. Des lunettes de soleil leur mangeaient une bonne partie du visage. Ils firent un aller-retour devant le hangar en passant à moins d'une cinquantaine de mètres de l'entrée extérieure.
— Il y a cinq personnes qui tournent autour des bassins et je devine effectivement un passage au milieu qui pourrait nous amener au bâtiment principal, commenta Cid qui faisait mine de se badigeonner de crème solaire pendant que Théo pagayait.
— Tu vois l'entrée du hangar ?
— Mouais, c'est une immense porte de garage soulevée. Ça doit être fermé le soir. Je ne sais pas comment on va se faufiler là-dedans !
— Est-ce qu'il y a des fenêtres ?
— Ben non, c'est que de la tôle leur truc ! Merde, y en a un qui regarde par-là !
— Pagaie, bon sang ! Sois naturel !
Ils ne furent pas inquiétés. Et ils prirent même quelques discrètes photos avant de se décider à rentrer et à camoufler la barque dans une petite crique à cinq cents mètres de leur objectif.
Du côté de Kazuhisa la mission avait été bien plus périlleuse. Il s'agissait de récupérer l'équipement de plongée des Prudens sans éveiller les soupçons des Indésiratas qui surveillaient l'hôtel. Car effectivement, Kazuhisa repéra tout de suite « les démons de l'occident » comme il les appelait. Deux hommes moustachus faisaient le pied de grue dans le parking. Ils feignaient le déchargement de leur voiture en sortant valises et sacs d'un coffre qu'ils remplissaient ensuite pour pouvoir le décharger quelques minutes plus tard. Dans le hall de l'hôtel, une vieille femme blanche s'accrochait au bras de son petit mari et scrutait chaque nouvelle arrivée, tandis que son homme lisait le journal à l'envers. Kazuhisa avait emprunté la tenue de service d'un de ses proches et demandé à son amie Siki si elle voulait bien l'initier aux nettoyages des chambres.
Si elle avait trouvé la requête de Kazuhisa curieuse, Siki n'en avait rien dit et semblait plutôt satisfaite d'avoir de l'aide cette matinée pour le ménage. Arrivé au deuxième étage, Kazuhisa s'arrangea pour se faire attribuer les chambres 201, 202 et 203 qu'occupaient ses nouveaux compagnons. Il se méfia des quatre jeunes gens qui rôdaient dans le couloir. L'un nouait sa chaussure alors que les autres faisaient mine de l'attendre. Mais le laçage durait et les yeux des ados fouillaient le couloir. Kazuhisa se força à passer naturellement devant eux et ouvrit la première chambre avec le passe que lui avait fourni Siki. Il commença à refaire le lit pour donner le change si quelqu'un entrait, mais ses yeux cherchaient les tenues de plongée des Prudens. Il ne trouva rien de tel et allait ressortir quand son regard fut attiré par une couverture roulée en boule au pied d'une des chaises. Machinalement, il la déplia et découvrit une pierre cylindrique translucide aux reflets jaunes et violines gravée de signes inconnus. Il se douta que celle-ci avait une grande valeur et décida de l'emmener, camouflée dans son chariot de draps sales. Il s'obligea à nettoyer la salle de bain pour que Siki n'ait pas d'ennuis après son intervention et il quitta la pièce, pressé de visiter les autres chambres. Les ados étaient encore dans le couloir. Cette fois, un garçon blond au nez épaté ramassait un jeu de cartes qui était éparpillé sur la moquette alors que ses compagnons l'attendaient. Tous les regards sondèrent le petit japonais qui bravement usa plusieurs fois du « sumimassèn 1» pour se frayer un passage avec son chariot jusqu'à la deuxième chambre.
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Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]
FantasyThys, Mélia et les Ostendes sont bien loin d'avoir achevé leur mission. La conquête des autres cylindres s'annonce périlleuse. Les découvertes et les surprises sont encore nombreuses, tout autant que les voyages à travers le monde. Il leur faut à la...