Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]

Chapitre 27: Le rendez-vous

Mélanie et Kazuhisa avaient atteint une zone rocheuse dans la forêt. Au milieu de petits palmiers, d'arbustes aux feuilles épaisses et de fougères se cachaient des pierres polies par le temps et le vent.

— C'est l'ancien cimetière ici. Peu le savent. Moi connais parce que Ghiza aime beaucoup ces pierres. Elle médite ici.

La voix de Kazuhisa s'étrangla à l'évocation de son arrière-grand-mère. Mélanie lui posa affectueusement une main sur l'épaule.

— C'est elle qui nous a guidés jusqu'ici ! Elle veut que tu t'en sortes.

— Non, elle veut que je la venge. Je vais les tuer tous ces étrangers, tous !

Cette hargne soudaine surprit Mélanie, d'autant plus que le petit Japonais la regardait avec haine. Elle recula instinctivement et trébucha sur une roche qui aurait pu être une ancienne stèle. Kazuhisa la rattrapa par la main, son visage avait perdu sa tension, seule la tristesse se lisait dans ses yeux sombres.

— Pardon, moi veux pas faire peur à toi. Nous devons chercher le passage pour sauver tes amis.

— Le passage ?

— Le passage des Anciens. Il y a beaucoup de tunnels ici. Ils partent dans tous les sens. Peut-être on trouve celui qui va vers le hangar.

— C'est vrai ? Il y a des tunnels ? Pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ?

— C'est voies sacrées. Mais tu as raison. Ghiza nous guide, elle d'accord. Viens.

Il se dirigea vers un gros bloc qui avait étrangement la forme d'un visage humain. Un orifice ovale dessinait un œil, alors que l'arête d'un nez s'effritait.

— C'est Jinmen Iwa, annonça-t-il. La roche humaine. Ghiza dit que c'est le temple des esprits de l'île. Le passage du monde des Anciens est ici. Toi dois suivre le rituel pour entrer. Fais comme moi.

Kazuhisa leva les mains jointes au ciel, puis les abaissa lentement de chaque côté de son corps. Mélanie l'imita. Ils reprirent plusieurs fois ce mouvement avant de se courber devant l'œil de Jinmen Iwa. Kazuhisa inclina la tête, satisfait. Puis il fouilla la base de la roche. Il souleva quelques lourdes pierres plates en s'aidant d'un bâton caché dans les broussailles.

— Là trou. C'est petit, mais toi pas grosse, ça va.

Mélanie rougit et suivit son compagnon qui s'enfonçait dans une étroite cavité sous la roche. Heureusement qu'ils avaient prévu des lampes frontales pour leur expédition nocturne, celles-ci leur étaient bien utiles dans ce boyau terreux. Kazuhisa ouvrait la marche et Mélanie le suivait avec appréhension. Ils marchèrent à quatre pattes pendant plusieurs centaines de mètres avant d'atteindre un espace plus large et plus profond qui s'ouvrait sur de petites galeries. Sur la paroi, à côté de chaque nouvelle cavité, était gravé un torii, un portail traditionnel japonais. Deux de ces dessins shintos étaient presque effacés par le passage du temps, un autre par contre gardait des traces de couleur.

— Là, c'est salle d'orientation, le grand cheminement des esprits. Moi connais déjà huit passages, mais il y en a encore quarante-six.

— Quoi ? Je ne vois que quatre couloirs ! s'alarma la petite rousse.

— Oui, mais tu marches un peu et tu trouves encore quatre chemins et tu marches et tu vois encore quatre chemins.

— Oh ! Mais comment on fait, alors ? Tu es sûr qu'un de ces boyaux nous amène vers le hangar ?

— Non, je ne sais pas. Ghiza dit que toute l'île est habitée par réseaux d'esprits comme toile d'araignée. Vers chaque pointe rocheuse qui rejoint mer, il y a sortie. Et le hangar est construit sur pointe rocheuse.