Feelings Fade With Distance [Terminé]

4- Supplice

Je rentre de mon jogging avec mon père, le soleil commence à disparaître à travers l'horizon et les maisons. Les rues sont plutôt apaisées pour un dimanche soir, ma tête l'est un peu moins.

Je monte directement dans ma chambre pour me changer et finir de réviser mon cours d'économie. Mon téléphone sonne pour m'annoncer l'arrivée d'un message.

Il faudrait que je me concentre sur mon travail mais je suis trop curieuse de savoir ce que Connor veut encore me dire.

"Salut, j'espère que je te dérange pas, tu es partis rapidement ce matin et je voulais savoir si tu étais ok avec hier soir"

Pas besoin de regarder l'origine de ce message pour la deviner. Matéo n'a donc pas décidé d'effacer cette nuit de sa mémoire comme je l'avais planifié.

Je suis rentrée dans la conversation comme une idiote et sous le coup de la panique, il sait que j'ai vu ce message, dans la seconde où il me l'a envoyé en plus.

Je marche dans ma chambre pour essayer de trouver la réponse idéale. Qu'est-ce que ça veut dire "ok" pour lui, parce que évidemment je ne suis pas totalement remise de tout ça et je ne suis pas sûre de le gérer correctement. Mais je pensais que le mieux à faire était de passer totalement à côté.

"Oui ça va et toi?"

C'est nul mais je n'ai pas mieux. Mon téléphone sonne et son nom s'affiche sur l'écran, un appel serait pire que tout. Je laisse sonner sans répondre, j'en viens même à jeter mon téléphone à l'autre bout de mon lit.

Les appels me stressent beaucoup trop, rien que de penser à tout ce que je pourrais dire de stupide j'en ai des frissons. Il m'a appelé deux fois dans la même minute, mais je crois qu'il a enfin compris jusqu'à que mon téléphone sonne à nouveau pour un message cette fois-ci.

"Anders, quand le bouton vert s'affiche sur l'écran il faut appuyer dessus"

Il est le seul à m'appeler par mon nom de famille de temps en temps, j'ai toujours trouvé ça énervant mais aujourd'hui ce surnom sonne différemment.

"Merci pour le mode d'emploi. Tu peux m'envoyer la partie pour expliquer à son père pourquoi Matéo Sherman appelle sa fille un dimanche soir. Il est juste à côté de moi. donc je ne peux pas parler."

C'est la seule réponse que je suis parvenue à formuler avant qu'il ne me rappelle encore une dizaine de fois. Avec un peu de chance il va aussi se résigner à entamer ce genre de conversation avec moi.

J'en ai dit beaucoup trop hier soir, même si je suis sûre qu'il s'est réjoui que Josh ne soit plus dans ma vie. En plus j'ai vraiment l'impression de devenir le cliché du film romantique, la fille de l'entraîneur et le capitaine de l'équipe, il n'y a pas plus prévisible que nous. Après toutes ces années, il a fallu que ce soit lui.

"Par message ça ira alors. Je voulais savoir comment tu allais vraiment, parce que tu n'avais pas l'air bien hier soir."

"Je t'ai dit que ça allait, j'ai un peu craqué devant toi mais c'est à cause de l'alcool. Juste oublie tout ça, et fait comme si rien ne s'était passé s'il te plaît."

La porte de ma chambre s'ouvre brusquement, je sursaute et cache mon téléphone sous mon oreiller par réflexe.

Mon père se tient à quelques mètres devant moi, son téléphone à la main, il me regarde plutôt perplexe, en même temps j'ai l'air suspecte. Un bruit étouffé provient de sous ma couette, encore un message que je vais soigneusement ignorer pour n'éveiller aucun soupçon.

-Pizza c'est ça?

Je le connais par cœur, quand il débarque comme ça et à cette heure c'est qu'il n'a pas le courage de cuisiner.