11- Doute

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14 avril

J'ouvre les placards un par un mais je suis incapable de trouver ces fichues clés. Peut-être que mon père les a posées dans les vestiaires. Je rentre doucement, tous les joueurs sont sur le terrain, la pièce est vide et il n'y a aucune trace de clés.

Je commence à fouiller un peu partout et soulève casques et maillots mais toujours rien. Il m'a demandé d'aller les chercher il y a quinze minutes déjà et je ne suis toujours pas revenue, j'ai couru dans tous les sens pour les trouver et mon souffle a commencé à s'accélérer.

À tel point que je suis obligé de m'asseoir contre un des casiers pour retrouver une respiration normale. Elle se calme absolument à chaque fois que j'ai un début de crise dans ce genre mais là rien n'y fait.

Je commence à respirer plus rapidement encore, ma vue se trouble et j'ai le sentiment de suffoquer à l'intérieur de mon propre corps. La dernière fois qu'une de mes crises de panique a été aussi violente cela remonte au collège quand j'étais incapable de retrouver le devoir que j'avais mis trois heures à faire.

Elles surviennent toujours sans prévenir mais les différents tics me préviennent et j'arrive à me canaliser pour redescendre en pression. Mais pourquoi ça ne marche pas aujourd'hui.

Je me rappelle des méthodes que m'a données cette psy stupide, je compte 1...2...3... rien n'y fait, mon coeur est à deux doigts de sortir de ma cage thoracique. Je sers mon poing contre ma poitrine, il faut que ça cesse, je ne vais pas tenir.

-Il y a quelqu'un?

Je reconnais cette voix c'est Nate, mais il ne peut pas me voir d'où il se tient. S'il fait un pas de plus, il arrivera à m'apercevoir, j'aimerais l'appeler mais ma voix reste bloquée. Il se retourne et disparaît derrière les casiers, je suis seule perdue au seul rythme de ma respiration, sans aucune aide.

-Merde qu'est-ce qui t'arrive?

Il a fait le tour derrière les casiers, il n'était pas vraiment sorti. Et maintenant je tente de lui expliquer avec des gestes qu'il faut trouver mon père rapidement, avant que je crève
littéralement sur le sol des vestiaires.

-Je reviens tout de suite et ne bouge pas.

Il part en courant et me laisse seule à nouveau mais au moins je sais qu'il reviendra. "ne bouge pas", comme si je contais partir me cacher quelque part alors que je ne peux même pas bouger tellement je suis tétanisée.

Ce sont des crises que je ne peux pas contrôler, elles arrivent entraîner par des éléments indépendants et souvent anodins comme ces stupides clés que je n'ai pas pu trouver.

Mes yeux se ferment tous seuls et j'essaie de me concentrer comme je peux, je pose ma tête sur une des portes de casier derrière moi et tente d'inspirer sans vraiment avoir de résultats. Soudain deux mains se posent sur mes joues m'obligeant à rouvrir les yeux et je me fixe sur deux yeux verts si familiers et rassurants sur le moment.

-Tout va bien, écoute juste ma voix et suit ce que je te dis. Tu as confiance en moi?

Je hoche la tête, Matéo a l'air sûr de lui et je n'ai personne d'autre à qui me raccrocher sur le moment.

-Inspire en même temps que moi, je sais que tu peux y arriver.

Il laisse une légère pression sur mes bras à chaque inspiration et la relâche lorsqu'il expire. J'arrive à peu près à me caler sur ses mouvements et mon souffle semble se réduire de seconde en seconde.

-Maintenant donne chaque couleur que tu vois dans la pièce.

Je ne cherche pas à comprendre, je tourne la tête à la recherche de ce qu'il me demande et je les énonce une par une malgré mon débit de parole saccadé.

Feelings Fade With Distance [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant