Mon cœur battait déjà très vite, trop vite. Pourtant Mathieu n'allait m'appeler que dans une trentaines de minutes... mais j'étais nerveuse.
Ce n'étais pas la première fois qu'il voulait m'appeler au téléphone, et c'était ça qui m'inquiétait.
À chaque fois cela se terminait mal.
Il me demandais toujours de faire des choses qui, pour l'instant, étaient trop difficiles pour moi. Je ne m'en sentait pas capable, même si j'en avais envie. Il m'en demandais trop tout simplement. Je ne pouvais pas dire oui à tout, quitte à être égoïste il fallait bien que je pense un peu à moi. Penser à ce que moi je voulais ou ne voulais pas.
De toute façon il ne pouvait pas me forcer à faire des choses que je ne voulais pas faire. Mais je cédais malheureusement très facilement. Je finissais par accepter pour lui faire plaisir. Ce n'était pas lui qui m'obligeais, je me forçais toute seule.
Je faisais des efforts pour lui, et j'en fais toujours. Je voulais juste qu'il soit heureux, peu importe ce que cela me coûtait. Peu importe de ce que je désirais. Peu importe si moi je ne recevais rien en retour.
Je n'avais besoin de rien, et tant pis si je donne pour ne rien avoir. J'espère seulement que ce que je fais rend au moins l'homme que j'aime heureux. Son bonheur, c'est tout qui m'importe.
Je n'avais jamais été très douée pour parler. Enfin parler de mes sentiments, de choses plus intimes qu'une simple conversation de routine. Je n'avais jamais eu d'amis assez poche pour me confier, je ne devais pas vraiment leur faire confiance alors. Cela était donc devenu difficile pour moi de dire les choses, vraiment, sans ressentir aucune gêne. Simplement de parler tout en sachant que votre interlocuteur vous écoute sans vous juger.
Pour la première fois de ma vie j'avais trouvé quelqu'un qui ne demandait que ça, m'écouter. Que je lui raconte ma vie lui plaisait, je ne semblais ni l'ennuyer ni l'embêter. Il me demandait même de continuer. J'avais tellement de choses à raconter. Tellement de sentiments enfoui en moi, qui avaient besoin de sortir.
Mais ce que Mathieu me demandait aussi, c'était de lui parler de tout ce que je ressentais à son égard. En somme, pourquoi je l'aimais.
Voilà une des raisons de son appel. Seulement, je ne savais pas comment faire. Comment tout lui dire ? Tout en sachant qu'il écouterait chaque mot que j'allais prononcer. Comment avoir les idées claires dans ce genre de situation ? Oh... j'avais peur... peur que cela finisse encore mal.
J'avais réussi à lui dire certaines choses, mais cela ne lui suffisait pas. Il lui fallait toujours plus. Et je ne pouvais lui donner tout ce qu'il voulait à chaque fois, j'en était incapable.
Il devait sûrement m'en vouloir un peu, même s'il le niait. Il devait être déçu. Comprenait il pourquoi je ne lui disait pas tout ? Moi même je ne comprenais pas vraiment.
Avez vous déjà eu le sentiment que quoi que vous fassiez rien ne pourra changer ? De ne plus pouvoir contrôler les choses ? Vous avez pourtant envie d'agir, mais vous avez aussi tellement peur que vous n'osez pas. Et que à cause de votre manque de courage les choses ne font que s'empirer. Vous avez déjà vécu quelque chose de similaire ou de pire ? Je ne sais pas comment expliquer ce sentiment, le fait de tout simplement se sentir impuissant.
Mais parfois on se rend compte qu'il suffit d'arriver au dernier round, à la dernière chance, la toute dernière petite lueur d'espoir, presque infime pour enfin oser ce qui nous semblait insurmontable. C'est quand j'ai l'impression que je vais tout perdre qu'enfin je me réveille et tente désespérément de remettre les choses en ordres. C'est souvent de justesse, mais j'ai toujours réussis avant que ne sonne le gong.
Et si je le perdais lui, je perdais tout. Ma raison de vivre, ma raison d'aimer. Sans lui je perds tout mes projets d'avenir. Sans lui je suis perdue. J'ai besoin de lui, toujours, tout le temps, à chaque instant. J'ai besoin de lui parler. J'ai besoin de son amour. Sait-il seulement tout ça ? Sait-il, se rend t-il compte de tout l'amour que je lui porte ?
Cela semble toujours compliqué en amour. Pourtant c'est tellement simple. On ne choisit pas qui l'on aime, et on ne choisit pas qui nous aime. Il y a ceux qui aiment vraiment et ceux qui se voilent la face. Mais sans un amour partagé ça ne peut pas durer.
Une phrase dit :"un couple qui s'engueule est un couple qui s'aime". Et c'est vrai, à chaque dispute on en ressort plus fort, plus unis, plus proche. Et puis un couple qui n'a jamais d'accrochage c'est pas possible. C'est quelque chose d'essentiel, tout comme le sexe. Mais bon je ne vais partir sur ce sujet. C'est encore un peu délicat.
Pour en revenir au "téléphone", je n'aimais pas ça au début, j'avais toujours peur. Mais aujourd'hui j'ai tellement besoin de lui parler, d'entendre sa voix, j'ai l'impression qu'il est plus proche de moi, presque comme s'il était avec moi, malgré toute la distance... Il faut qu'il le sache : Je l'aime.
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Ma vie en émotions
Non-FictionLa période de l'adolescence n'est pas souvent une période facile de la vie d'une personne. Changements, découvertes, sentiments. C'est un tout qui rythme le quotidien, et les risques de se perdre durant l'acheminement jusqu'à l'âge adulte ne sont pa...