Ma vie en émotions

67 - Les beaux jours

Assise dans l'herbe fraîche, d'un vert jaunâtre par endroits, je laisse défiler mes pensées. Saisie par la fraîcheur du soir, je frissonne et j'abandonne ; je m'abandonne sans savoir où je vais, qu'on me pardonne si je ne sais jamais. Ce n'est pas ma faute, la vie est trop compliquée. 

•••

Les beaux jours me font me sentir mieux, l'impression que la journée est plus longue me fait dire que je perds moins de temps, que je profite mieux, d'une certaine façon. J'aime cette saison. Même si ma solitude me suit où que je sois. D'un côté c'est moi qui m'éloigne. J'ai vraiment besoin de changer d'air, je voudrais partir loin, je ne sais pas où, ni pour quoi faire, mais je ressens juste l'envie de voyage, pourtant je n'aime pas vraiment "voyager" entre guillemets car mes rares déplacements se résument surtout à ma maison jusqu'à mon jardin. En même temps je n'aime pas partir loin toute seule. J'ai peur de me perdre, ou de faire de mauvaises rencontres, ou des rencontres tout simplement... ou... je ne sais pas. J'ai toujours l'impression que les gens me regardent bizarrement. Même si c'est peut-être bien tout dans ma tête tout ça.Mais j'ai vraiment du mal, je n'aime pas le regard des autres, ça à de quoi me rendre malade. Déjà que mon propre regard sur moi-même est horrible à supporter, de loin le pire de tous. C'est bête non ? Je ne sais même plus ce que je crois ou non. Faut dire aussi que mon manque de confiance en moi ne m'aide pas, jamais comblé celui-là. Je croyais pourtant avoir passé un cap à un moment donné, mais finalement j'en suis retournée au point zéro. C'est ça ouais, j'avance à reculons. Je le veux vraiment ? Je n'en sais rien, s'il fallait énumérer toutes les choses dont j'ai peur, qui m'empêchent d'avancer tranquillement et toutes celles qui me retiennent, ça ferait beaucoup, beaucoup trop.

Même le soleil n'arrive pas à me rendre complètement joyeuse, pourtant en temps normal il y aurait de quoi être de bonne humeur en cette journée. Mais j'ai juste envie de déverser des larmes, seule dans mon coin. Les raisons ? Ai-je vraiment des raisons ? Ou simplement je ne veux pas dire quoi, l'avouer, me l'avouer. Évidemment je pense trop et fini par renoncer, et je patiente sans rien dire. De toute façon mieux vaut que je me taise, je ne ferais que rendre les choses plus compliquées. 

Personne ne me comprends, non vraiment personne... J'aimerais tellement que les choses soient différentes, mais déjà les larmes me brouillent la vue et je ne suis plus capable d'écrire.