Chapitre 37: un début compliqué

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Jour 2. Jeudi 18 mars 2021.

Première nuit compliqué. Impossible de fermer l'oeil. Mes pensées ne voulaient pas se taire. Ça partait dans tout les sens, c'était insupportable. Et puis les soignants de nuit ne savent pas chuchoter. Ils parlent super fort! Comment veux-tu dormir avec un bouquan pareil?!!
J'ai osé sortir de ma chambre malgré mon anxiété. L'infirmière m'a donné un somnifère. J'ai dû m'endormir 20 minutes après. Je me suis réveillée vers 7h00 à cause d'un bruit.

Ce matin, l'infirmière étudiante, celle qui m'a fait une ECG hier, est venue me voir pour ma prise de sang. Elle était accompagnée d'un infirmier et d'une autre étudiante infirmière il me semble.
L'infirmier s'est assis sur le lit d'à coté qui est vide (nous ne pouvons plus être 2 dans une chambre à cause du covid, ce qui honnêtement m'arrange. La chambre est petite et mon anxiété sociale fait que je préfère rester seule).
L'infirmier m'a demandé qu'est-ce que je faisais dans la vie. J'ai parlé de ma licence et des métiers qui me plaisent ou plutôt qui me plaisaient...
Et je lui ai parlé de la vielle à roue. Personne ne connait ici, c'est incroyable!

Je me sens perdue. Complètement déboussolée. Je ne comprends pas ce qui ne va pas chez moi. Qu'est-ce qui cloche? C'est un puzzle dans ma tête où il manque plein de pièces. Rien n'a de sens, tout va de travers. Tout est mélangé. Ça m'en donne mal à la tête. J'ai besoin de comprendre pourquoi j'agis ainsi. J'ai ma petite idée mais ce n'est pas suffisant. Parce que même si j'ai ma petite idée, une question reste: Pourquoi? À quoi tout ça peut être lié?

Des soignants passent régulièrement voir si tout va bien. Ils passent même plus souvent que quand j'étais à Saint-Vincent.
Finalement, ce n'est pas pire qu'à Saint-Vincent. Je ne dirais pas que c'est mieux car je n'y suis pas depuis assez longtemps. Disons que là, j'ai de quoi m'occuper, j'ai le droit à mon téléphone, aux visites et à sortir dehors devant l'hôpital. C'est ça qui fait la différence!

C'est vraiment une journée merdique, vraiment merdique. Ne me demandez pas comment elles sont revenues ces satanées idées suicidaires, je n'en sais rien! Ça vient, ça part! C'est comme la météo, un coup, il fait beau, un coup il pleut! C'est à n'y rien comprendre!
J'ai laissé charger mon téléphone toute la matinée en salle soignants pour au final me rendre compte que le chargeur que j'ai emprunté en salle de soin ne fonctionne pas. Mon père va me ramener un vieux chargeur tout pété qui marche une fois sur deux... Le pire, c'est que mon chargeur de téléphone, je l'ai! Il est dans la poche intérieur de mon manteau (que je n'ai pas pu garder, car il y a des cordons) sauf que si subitement je dis que j'ai un chargeur dans mon manteau, ça va faire louche. J'ai dit tout le contraire hier parce que je pensais qu'il allait me laisser mon manteau!
Il va aussi me ramener Lisa, ma poupée. Mais je crains ne pas être autorisée a la garder en chambre car elle est en porcelaine... Ça ne me viendrait jamais à l'idée de casser Lisa dans le but de me faire du mal. J'y tiens trop à cette poupée.

C'est en début d'après-midi que tout est revenu. Je me suis vraiment tout pris dans la gueule. C'était d'une violence...
Je suis partie dans la salle de bain pour pleurer. Au début, un petit peu puis de plus en plus. Les idées suicidaires ont refais leur apparition crescendo mais c'est allé vite. Je me suis un peu mordue le bras en pensant que ça m'apaiserait.
Puis, il y a 2 infirmières qui ont toqué à la porte de ma chambre. Comme d'habitude, ils viennent régulièrement vérifier que je vais bien.
La porte de la salle de bain n'était pas fermée à clé. Elle a ouvert la porte. J'avais les bras un peu rouge, les yeux humides. Elle m'a demandé pourquoi je pleurais et si j'avais envie d'en parler. J'ai dit que non, je ne souhaitais pas. Elle n'a pas insisté et m'a dit qu'à tout moment je pouvais venir les voir si je changeais d'avis.
Elles sont revenues me voir 20 minutes plus tard pour voir comment j'allais. J'étais toujours recroquevillée contre moi-même, à moitié endormie cette fois-ci. J'étais fatiguée. J'ai dit que je ne voulais toujours pas en parler. Elles n'ont pas insisté et sont parties. Je suis restée assise un moment par terre, puis je me suis assise sur mon lit, mon nounours contre moi. Je ne pouvais rien faire. J'étais figée comme une statue de pierre, je n'avais aucune énergie.

Puis le psychiatre est arrivé, accompagné d'une infirmière. On est allée dans une salle. L'entretien a été horriblement stressant. Pire entretien depuis mon arrivée. Alors comme d'habitude, j'ai eu le droit à énormément de questions, on se serait cru à un interrogatoire. Je me suis sentie oppressée par ses questions. Comme prise au piège, alors qu'à aucun moment, il n'a tenté de me piéger sur quoi que ce soit. Il avait une façon de poser ses questions qui a mon goût étaient trop brutale. Je ne savais pas toujours quoi répondre alors, je répondais: "je ne sais pas".
J'ai comme objectif pour demain de lister toutes les choses qui vont dans ma vie et toutes les choses qui ne vont pas et que j'aimerais améliorer. Une vraie partie de plaisir. D'autant plus que le délai est court et que j'ai déjà énormément écrit aujourd'hui. J'aimerais faire autre chose et me changer les idées même si je sais que de base, je ne suis pas là pour ça.
Je ne sais pas ce qui m'attend à la sortie de l'hôpital mais franchement j'ai peur.

Ah, et aussi, il a calculé mon imc et il a dit que j'étais maigre. Je n'ai pas trop aimé ce terme. Je me trouve mince et non maigre. Après, je suppose que je suis dans le déni vu mon imc de 14,8.

Comme je suis sous atarax et que ça ne me fait rien, le psychiatre a changé mon traitement et m'a mis de l'alprazolam à la place (xanax). Chez moi, je suis à 1mg, soit 2 comprimés de 0,5 mg. Si je prends moins, ça ne fait pas effet et là il me donne quoi? La moitié d'un comprimé de 0,25 mg! Je prends 8 fois ce qu'ils me donnent pour calmer mes angoisses. Je n'ai pas osé leur dire, ils m'auraient sûrement dit que 1mg, c'est trop.

Mon père est passé me ramener un chargeur. Je l'ai laissé charger 2h00 en salle de soins et seulement 30% de batterie de gagné. J'ai intérêt à le laisser toute la matinée demain dès 8h00 et le mettre en mode avion. Peut-être qu'il chargera plus vite ainsi.

J'ai le sentiment qu'il y a un truc qui cloche chez moi... Comment ça se fait que je n'arrive pas à me sentir proche de mes parents? Alors qu'à coté de ça, je peux être super proche de presques inconnus!
Le contact physique de mes parents est repoussant. Je ne suis pas tactile avec eux. Mais si un presque inconnu (un prof ou un soignant par exemple) me prend dans ses bras, je ressentirais quelque chose de fort. Je me sentirais protégée, en sécurité dans leurs bras... je ne comprends pas... Pourtant mes parents ne m'ont jamais fait de mal physiquement...

La Vie En Hôpital PsychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant