Chapitre 11: Septième jour en psychiatrie

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Jour 7, Mardi 2 juin 2015.

Aujourd'hui, cette journée s'est annoncée fort chargée contrairement à d'habitude. Donc au programme: Activité expression, entretien avec le psychologue, ensuite école à l'hôpital (1h30 en tout pour Français et Maths), plus le rendez-vous au collège avec l'assistante sociale de la clinique, l'infirmière, la CPE de mon collège et ma prof principale. Et pour terminer: le rendez-vous avec mes parents et le médecin (peut-être que je devrais être présente).

L'activité expression s'est plutôt bien passée. On avait des planches de bandes dessinées avec des bulles vide. On devait se servir de notre imagination pour créer une histoire en remplissant les bulles des personnages.

Ensuite, il y avait plusieurs images disposées sur les tables. On devait en choisir 2. Une qui nous semblait positive et une qui nous semblait négative. Puis on devait expliquer notre choix devant tout le monde. Je ne savais pas trop quoi dire! J'étais assez mal à l'aise.

15h45.

Je suis partie avec l'assistante sociale, direction le collège. Il était à peu près 16h00 quand nous sommes arrivées. Un facteur nous a vu au loin. Il a prévenu Mme Bedenlick que nous étions là. Il nous a ouvert la porte. L'infirmière était juste devant, elle nous attendait. Souriante, elle nous a dit bonjour. Elle nous a serré la main à toute les deux. Nous sommes montées au BDI où Mme Winters, ma prof principale nous attendait ainsi que Madame Lossa, la responsable des Quatrièmes. Mme Denphil n'était pas encore là.

A ma droite, il y avait Mme Lossa. Elle m'a sourit et m'a fait un clin d'oeil. Je lui ai sourit aussi. Tous me souriaient, ça me faisait chaud au coeur!

« Mme Denphil n'est toujours pas arrivée? s'est étonnée l'infirmière. Je vais essayer de l'appeler. »

Après son appel, elle a dit:

« Elle ne répond ni à mes appels, ni à mes messages. Peut-être qu'elle nous rejoindra après. »

Elle s'est assise puis m'a parlé.

« En tout cas, je suis contente de te revoir! Comment tu vas depuis?

- ça va... (NOOOOOONNNN, à l'aide!

- Qu'est-ce que tu en penses de l'hospitalisation?

- je n'aime pas trop...

- C'est parce que tu trouves qu'il n'y a pas assez de libertés, c'est ça?

- Oui. »

Finalement, avec le recul, je me rends compte qu'il y avait énormément de libertés dans la clinique où j'étais contrairement à ma troisième et quatrième hospitalisation où là, c'était tout l'inverse...

Pour la reprise des cours à temps partiel, c'était finalement envisageable! Nous nous sommes décidées. Je reprenais l'école dès Jeudi seulement pour l'après-midi et pareil pour Vendredi. Lundi et Mardi prochain, j'y retournais pour toute la journée. J'avais hâte d'annoncer ça à Lise! Elle allait être contente. On allait pouvoir se retrouver!

Cela faisait 1 semaine que j'étais absente. Mme Denphil m'a dit que des élèves étaient venues la voir à son bureau pour lui demander si j'allais bien, et quand est-ce que je reviendrais au collège. Ces filles qui sont venues la voir lui ont dit que j'étais leur amie.

Je n'avais aucune amie dans ma classe. La moindre interaction sociale avec des élèves de ma classe me provoquait une grosse montée d'angoisse. La solitude m'asphyxiait.

Et puis il y a ces filles qui ont dit que j'étais leur amie... Et qui se sont inquiétées pour moi... J'ai vraiment été touché. ça m'a fait énormément de bien de l'entendre me raconter ça. Et d'un coup, le poids de la solitude sur mes épaules m'a semblait plus léger.

J'avais hâte de retrouver toute ma classe qui finalement s'inquiétait pour moi et m'aimait... Oh, il y a longtemps que je ne m'étais pas senti aimer par qui que ce soit. Et ça faisait un bien fou! Ce n'était peut-être pas grand chose pour beaucoup mais pour moi, c'est la chose la plus importante qui me manquait. De l'amour.

Mme Winters m'a dit qu'elle préviendrait les élèves de mon retour, demain, en leur expliquant juste que j'avais un problème de santé.

Le visage de toute ma classe me manquait.

Mme Lossa qui en plus d'être la responsable des quatrièmes était aussi ma prof d'éducation musicale. Elle m'a dit qu'elle trouvait que je me cachais moins quand on devait chanter devant tout le monde lors des évaluations de chants. ça aussi, cela m'a touché.

Mme Denphil m'a aussi dit que même si j'étais timide, j'existais. Et que les élèves de ma classe avaient bien vu qu'il y avait une chaise vide, qu'il manquait quelqu'un. Je me suis sentie... Vivante. Oui, je crois bien que c'est le bon mot. Vivante. A mes propres yeux, je m'étais effacée. Je m'étais réduit à l'idée que ma vie ne valait rien. Je pensais qu'aux yeux des autres aussi, j'étais invisible. Mais je m'étais bien trompée!

A la fin du rendez-vous, j'ai eu le droit à des milliers de sourires et de clins d'oeil! Toute leur bienveillance m'a mis du baume au coeur. Je me suis rendue compte que j'étais bien entourée. J'avais de la chance!

Pour lundi et mardi, vu que j'étais externe habituellement, j'allais devoir choisir entre cantine ou sandwich que je mangerais dans la salle des apôtres, une salle se trouvant juste en face du bureau de Mme Denphil. Habituellement, je rentrais chez moi à pied le midi, pour manger vu que je n'habite pas trop loin du collège. Mais là, ce n'était pas possible. Etant toujours hospitalisée, je ne pouvais pas sortir de l'établissement. Il fallait que je vois avec Lise si elle voulait bien manger avec moi. Elle aussi était externe tout les jours.

17h30.

Le rendez-vous avec la psychiatre, l'assistante sociale et mes parents a eu lieu. Mes parents ont énormément menti à mon sujet! Ils ont raconté que je faisais des conneries juste pour me rendre intéressante, mais c'est faux! Ils pensaient que je laissais volontairement mes écrits et poèmes tristes sur le bureau de ma chambre comme appel à l'aide. C'était n'importe quoi! La vérité, c'est que c'est eux qui fouillaient ma chambre. Mes écrits étaient toujours cachés. Le rendez-vous a duré une bonne heure. J'avais qu'une seule hâte, c'est que ça se termine! (car j'avais un besoin pressant...)

Avec Mélanie, on a pas arrêté de faire les connes en salle d'activité. C'était drôle!

Cela faisait une semaine que j'étais là et tout doucement, je commençais à me sentir un peu mieux...

La Vie En Hôpital PsychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant