Chapitre 43: Entretien familial

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Avant de commencer ce nouveau chapitre, je voulais vous remercier! Je pense que je ne le fais pas assez! Merci à vous tous qui me lisez! Vous ne pouvais pas savoir a quel point ça me fait un bien fou d'être lu, de pouvoir extérioriser ce que je ressens, partager avec vous mon vécu, mes expériences en hôpital psychiatrique! Et merci à tous ceux qui votent pour mes chapitres, ça me fait toujours énormément plaisir!
Juste, merci d'être là! 🙂

Mercredi 24 mars 2021.

Je croise les doigts pour que le transfert vers un autre hôpital soit toujours d'actualité, que la deuxième psychiatre qui me l'a proposé ne change pas d'avis étant donné que je n'ai plus d'idées suicidaires.
Je croise les doigts pour que ça soit cette psychiatre qui me voit en entretien tout à l'heure avec mes parents car c'est elle qui me l'a proposé et les transmissions sont mauvaises. Les 2 autres psychiatres que j'ai vu ne me l'ont pas proposé et ne sont peut-être pas au courrant...
Je croise les doigts aussi pour que ce transfert se fasse tout de suite après ma sortie. Si je retourne à la maison, j'ai peur de faire une connerie...
À la limite si je retourne 2-3 jours à la maison avant mon transfert, ça irait mais surtout pas plus. Je ne veux pas retrouver mon quotidien, mon enfer à la maison. Je ne pourrais pas le supporter.
J'ai peur pour l'entretien avec mes parents. Et je crois que eux aussi ont peur de ce qu'ils vont apprendre sur moi.
Je vais être super gênée, honteuse... Pourquoi honteuse? Je ne sais pas... Trop de questions restent sans réponses.
Les médecins disent qu'il y a un problème de communication avec mes parents. Je suis d'accord mais ils me font passer pour quelqu'un d'anormal alors qu'en réalité beaucoup de jeunes sont comme ça!
J'ai appelé ma soeur en vidéo sur snapchat et elle m'a dit qu'elle aussi n'aimait pas ça et que pour la plus part de ses amies, c'était exactement pareil. Ça ne s'explique pas toujours et c'est comme ça.
Les médecins pensent que c'est parce que j'ai peur de les inquiéter, que je ne dis rien pour les protéger.
Mais ce n'est absolument pas la raison principale!
Je suis juste gênée d'en parler avec mes parents. Ça ne sert à rien de se torturer l'esprit avec des questions qui peut-être demeureront sans réponse toute ma vie.

Je suis sortie dehors tout à l'heure. Ça m'a fait du bien puis il y avait du soleil. J'ai lu mon livre "Anne de Greengables". Et j'ai discuté avec une autre patiente qui a le même âge que moi! Elle s'appelle Iris. J'ai même su poser des questions. Même s'il est vrai que ce n'est jamais moi qui démarre les conversations, j'ai su rebondir et montrer que je m'intéresse aussi à elle! Ce n'était peut-être que 2 ou 3 questions mais c'est déjà ça! Pour une fois, l'anxiété sociale n'a pas eu le dessus sur moi!
Je suis contente d'y être arrivée et on s'entend plutôt bien! J'espère la recroiser!

Je commence un peu à flipper pour le rdv avec mes parents. Ils seraient capables de dire des choses fausses sur moi comme ça a déjà été le cas avant. Ou alors pire, me décrédibiliser surtout par rapport à mes troubles du comportement amimentaire. À la maison, je mangeais à peu près normalement devant eux pour faire bonne figure mais j'éliminais tout dans le sport. Ils pourraient ne pas me croire, décrédibiliser ma maladie. Franchement, ça me fait flipper surtout que je n'ai pas vu le médecin avant pour qu'on se mette d'accord sur ce que je veux bien dire ou non. Je le sens mal, ça va être hyper gênant.

Bon... Le rendez-vous s'est très très mal passé! Je suis en colère! Contre ma mère surtout! Elle n'a fait que dire de la merde! Et je ne vous parle même pas de mes espoirs qui s'envolent! Quatrième psychiatre que je vois en 1 semaine. Les transmissions sont mauvaises. Ils ont tous un avis différents sur la suite de mon suivi. Un coup, on me dit que ce serait bien que je sois transferée dans un autre hôpital pour quelques semaines, on envisage de commencer un traitement antidepresseur. Puis un coup, on me dis que j'aurais un suivi en ambulatoire au cmp (centre médico-psychologique). Faut qu'ils se mettent d'accord!

Ce soir, je n'ai mangé qu'une banane. Je me suis enfermée dans ma salle de bain. Et je me suis blessée. Ça a soulagé ma colère.

Pour en revenir au rdv avec mes parents, je vais essayer de faire court. Ma mère a voulu jouer le rôle de la mère parfaite, pas du tout toxique. Elle a fait l'hypocrite.
"Bah non, on ne lui en veut pas si elle abandonne sa licence, nous ce qu'on veut, c'est qu'elle trouve sa voie!"
Tu te fous de moi?! T'as voulu me mettre dans un BTS dans le social pour septembre 2019 juste pour que je sois considérée comme étudiante pour continuer à toucher les allocations alors que tu savais très bien que ce n'est pas ce que je voulais faire!
Tu voulais me forcer à faire un service civique! Tu n'as fait que critiquer mes choix d'orientation parce que soit disant il n'y avait pas de debouchés dans ce que j'aimais!
Tu m'as dit oui, je t'aiderais financièrement si tu fais une formation qui a des debouchés et qu'elle se trouve sur une autre région. Mais si c'est un métier dans l'artisanat avec peu de débouchés, tu te débrouilles!
Je disais qu'elle avait déjà pu être toxique par moment mais en réalité, elle l'a toujours été! J'ai qu'une envie, c'est de me barrer de la maison! Je ne veux plus vivre avec elle!

Elle est dans le déni. Elle a dit: "Vous savez, nous dans la famille, on est tous très mince, Claire l'a toujours été. Moi je ne suis pas convaincue qu'elle souffre de trouble du comportement alimentaire."
J'ai été diagnostiquée anorexique mentale! Il te faut quoi de plus pour en être convaincue?!
Puis elle est pas à ma place! Elle ne sais pas ce que je vis! Elle n'est pas dans ma tête, ni dans mon corps!
Ensuite, elle m'a décrédibilisé devant les soignants.
" En tout cas, à la maison, elle mange normalement, je n'ai pas vu de différence par rapport à avant."
Elle ne voit pas ce que je fais après les repas, les heures de sport pour tout éliminer, la culpabilité d'avoir mangé, la balance qui disparait de sa chambre tous les matins, les aliments que je pèse à chaque repas dès qu'elle a le dos tourné et que je suis seule dans la cuisine...

Ensuite, elle a menti, m'a démoralisé: "Je pense que Claire n'a pas le déclic, la maturité pour s'en sortir."
" Elle ne se confronte pas assez à ses peurs, elle ne fait pas assez d'efforts."
Alors que je ne fais que ça de me confronter à mes peurs mais malgré tout, elles ne partent pas! Et ça je n'y peux rien!
Les rdv à la mission locale, les appels téléphoniques à pôle emploi, les appels à des lycées pour se renseigner concernant les modalités d'inscription d'une formation, les appels pour la formation au bar à couture, pour prendre des rdv médicaux, c'est rien ça peut-être ?! C'est pas des efforts?! Elle me soule! Me confronter à mon anxiété sociale, je ne fais que ça!
Elle est dans le deni, me décrédibilise, ment, joue la mère parfaite... En fait, elle est toxique!
Après le rendez-vous, l'infirmier qui était là aussi à l'entretien est venu me voir pour savoir comment je me sentais après ce rdv.
Il m'a dit qu'il l'avait vu que j'étais en colère. Je ne pensais pas que ça pouvait se voir si facilement.

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