Chapitre 25: Se sentir incomprise

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Jour 3, Vendredi 24 novembre 2017.

J'ai pris mon petit-déjeuner avec Anne et une autre fille mais je ne sais plus comment elle s'appelle. Elles m'ont dit que les personnes souffrant d'un trouble du comportement alimentaire restaient au minimum 1 mois vu que ça prend du temps de reprendre du poids quand on est anorexique. Mais elles pensent que si je ne souffre pas de ça, je resterais moins longtemps, peut-être 2 ou 3 semaines maximum. D'un coté, ça me rassure mais d'un autre coté, je trouve ça encore trop long. J'ai toujours envie de partir le plus vite possible d'ici. Chaque jour, je me demande qu'est-ce qui m'attend, comment je vais pouvoir occuper cette journée. Les heures sont longues...

J'ai vu la psychiatre pour la première fois. Putain, ce qu'elle m'a soulé! Ils ont tous le même baratin. Elle m'a dit:

- Moi je pense que vu ce que vous avez fait la semaine dernière, ça peut être bien pour vous d'être ici. Comme ça, cela vous permet de réfléchir sur ce qu'il s'est passé, sur vos problèmes...

J'ai eu beau lui sortir tout les arguments possibles pour la convaincre de me sortir d'ici, rien n'y faisait! Je suis mal dans cet hôpital et personne ne le comprend.

La seule chose positive de cet entretien avec ma psychiatre, c'est qu'elle m'a autorisé à utiliser mon téléphone ce soir! J'y aurais le droit de 19h15 à 21h15. Je vais enfin avoir un contact avec le monde extérieur! Je vais pouvoir prévenir mes parents de la situation! Je croise les doigts pour réussir à les convaincre de signer une décharge.

J'ai failli faire une gaffe tout à l'heure... J'ai dit à ma psychiatre que j'allais sortir dès que je le pourrais, peu importe le moyen. Et elle m'a demandé:

- C'est à dire?

- Bah... (Comment se rattraper? Ne surtout pas évoquer l'idée de fugue... Oh non! Surtout pas...) Quand je verrais mes parents, ils me sortiront d'ici.

Elle m'a aussi dit que j'étais là pour une hospitalisation de courte durée, et que je n'allais pas rester longtemps. J'espère qu'elle ne me ment pas.

D'ailleurs quand elle est venue me voir, elle était accompagnée d'Alice, l'infirmière antipathique avec qui j'ai eu affaire hier et l'interne. Je n'étais pas à l'aise. C'est stressant d'être écoutée et observée par tant de monde. Et après, ils ont osé me dire:

- On est pas là pour te juger, pour t'observer à la petite loupe...

Ah ouais?!! Vous êtes 4 à écouter ce que je dis et à me fixer du regard. Faut pas déconner non plus!

A la clinique des adolescents, il y avait trop en nourriture mais on était pas obligé de tout manger. Ici, au niveau quantité de nourriture, je trouve que c'est parfois un peu juste. Même les trucs que je n'aime pas, je les mange quand même. Parce que je sais que si je ne mange pas tout, mon estomac va gargouiller avant le prochain repas. Donc je mange tout. J'ai mangé des quenelles et des crevettes alors que je déteste ça! Bon... L'avantage, c'est qu'au moins il n'y a pas de gaspillage... La prochaine fois, je prendrais du pain, ça me permettra de tenir un peu plus longtemps.

Une infirmière est venue dans ma chambre. Ma fenêtre était ouverte et elle m'a dit:

- Je vais fermer la fenêtre, il fait froid! Je ne voudrais pas que tu tombes malade!

Non, mais il fait au moins 23 degrés dans cet hôpital, j'étouffe moi! Un peu d'air frais du monde extérieur, ça ne fait pas de mal! Et puis franchement, je préfère entendre le bruit des voitures qui circulent plutôt que le bruit de leur chariot à médocs qui roulent dans le couloir.

Je viens enfin d'avoir le droit à mon téléphone! J'ai envoyé un message à ma mère et à mon père. Ma mère m'a appelé et m'a dit qu'elle ferait en sorte que je sorte d'ici le plus vite possible mais que ça pouvait encore prendre quelques jours, voir une semaine car elle veut l'avis du médecin. Elle est d'accord pour trouver un compromis avec ma psychiatre mais refuse de signer une décharge. Mes parents veulent venir lundi pour prendre rendez-vous avec le médecin dans la semaine. Donc j'en saurais plus après le rendez-vous. ça peut prendre encore quelques jours. ça me semble interminable! Ma mère m'a dit que je devais jouer le jeu. Donc en gros faire semblant d'aller bien, sourire pour leur faire croire que je suis heureuse. Je ne dois plus me faire choper en pleine crise de larmes ou d'angoisse. Je dois jouer la comédie.

ça m'a fait énormément de bien de pouvoir communiquer avec mes proches. J'ai pu discuter avec ma famille et mes amis: Lise, Emeline et Tom. Je leur ai raconté comment c'était là-bas. Ils étaient choqués... Surtout pour l'histoire de la crise d'angoisse et de cette infirmière hautaine.

Tom dit qu'il veut venir me voir demain pour me prêter des livres. Sauf que normalement, je n'ai pas le droit aux visites. Il m'a dit qu'il était doué en impro et qu'il allait se faire passer pour un étudiant en psychologie leur disant que les livres c'est bon pour le moral ou un truc du genre... XD Il va s'habiller en jean- chemise pour que ça fasse plus crédible (il s'habille gothique comme moi dans la vie de tout les jours). Et si jamais, ça ne marche toujours pas et qu'on refuse qu'il me voit, il se fera passer pour mon petit copain, venant juste donner des livres... Bref, je sens que ça va être le bordel demain quand il va débarquer! XD Il dit qu'il va venir vers 9h40.

Je sais comment rejoindre l'ascenseur. Au pire, je le rejoindrais là-bas mais il ne faut pas que je me fasse griller. Je suis censée faire la gentille fille qui accepte l'hospitalisation et leurs règles débiles...

Bon... On va pas se mentir, ça sent le plan foireux. Si ça tombe, il ne va même pas réussir à atteindre l'étage 4 parce qu'on va tout de suite lui en empêcher.

On verra tout ça demain...

La Vie En Hôpital PsychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant