Chapitre 23: Une hospitalisation difficile à vivre

206 20 0
                                    

Jour 1, Mercredi 22 novembre 2017.

Je viens d'être admise au service psychiatrique de Saint-Vincent. Je suis dans une chambre double mais je n'ai pas encore rencontré ma voisine.

Cet hôpital est trop médicalisé, rien à voir avec la clinique des adolescents! Je ne me sens pas bien ici. On me pose des tas de questions, ça m'étouffe. Je me contente de réponses courtes. Quand mes parents sont partis, j'ai eu les larmes aux yeux.

J'ai dû remplir tout plein de papiers. Alice m'a posé pleins de questions: si je fume, si je bois, si je me drogue, pourquoi je suis ici, ce que j'ai fait, niveau sommeil, alimentation, si j'ai des lames de rasoir ou autres objets coupants... J'ai dit que non, je n'en avais pas... En réalité, j'en avais quelques-unes cachées dans mes affaires. Ici, ils ne fouillent pas les sacs. Ils demandent juste qu'on fasse l'inventaire de ce qu'on a par écrit sur une feuille dédiée pour.

J'ai vu une interne et Alice, l'élève soignante. Elles m'ont encore posé pleins de questions sur ma situation familiale, et un peu l'école... L'interne m'a demandé quel est le problème qui m'a amené à tenter de mettre fin à mes jours. Forcément, je n'ai rien dit... Je ne la connais pas cette femme. Je ne parle pas si je ne connais pas.

Un médecin est venue. Elle est tellement jeune que j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de ma voisine de chambre. Du coup, je lui ai dit: « Salut! » Après, quand j'ai vu qu'elle portait une blouse blanche, je me suis vite rattrapée et je lui ai dit Bonjour. Elle m'a fait une CG et puis d'autres trucs un peu bizarres comme: suivre son doigt des yeux, marcher jusqu'à la porte puis revenir, gonfler mes joues, fermer mes yeux très forts ect.

Bref, des trucs un peu chelous.

J'ai commencé à installer mes affaires.

La porte de la salle de bain n'a pas de verrou, les toilettes sont bouchées et la douche fuit... C'est super...

Je viens de rencontrer ma voisine de chambre. Elle s'appelle Zoé, elle est sympa. ça fait 7 semaines qu'elle est ici mais elle va bientôt partir. J'espère vraiment ne pas rester si longtemps...

J'angoisse ici. Je ne connais rien de ce lieu, je ne connais personne. Et l'inconnu me terrorise. Je n'ose pas sortir de ma chambre.

J'entends du bruit dans le couloir. Les autres patients bavardent entre eux. On va bientôt manger. Je ne veux pas sortir de ma chambre. Je veux rentrer chez moi. Je me sens oppressée ici. Je veux rentrer!! Je ressens un profond malaise en moi, c'est affreux.

Je... Je... J'ai pleuré. Thomas, un infirmier est venu me chercher pour aller manger. J'avais les yeux trempés de larmes. Les "soignants" d'ici ne sont pas comme ceux que j'ai connu à la clinique des adolescents. A la clinique, quand on allait mal, les soignants étaient présents pour nous, ils nous écoutaient quand ça n'allait pas, ils essayaient de nous aider.

Ici, j'ai l'impression qu'ils s'en foutent. Thomas ne m'a pas demandé pourquoi je pleurais, et si j'avais envie d'en parler. Il m'a juste proposé un mouchoir mais j'ai refusé. Je tremblais et je lui répondais froidement.

Je me sens comme un animal en cage. Je refoule mes émotions car je sens qu'elles n'ont pas leur place ici.

J'ai mangé avec les autres. Je n'ai presque pas parlé. Je tremblais encore, j'essayais de me calmer. Rose qui était à coté de moi m'a un peu parlé et m'a expliqué le fonctionnement ici.

Combien de temps vais-je devoir supporter ça? Les autres filles ne me parlent presque pas. A la clinique, ce n'était pas comme ça, tout le monde se parlait et les soignants mangeaient avec nous.

Là, il n'y a que les patients qui mangent ensemble.

On ne m'a même pas fait visiter l'hôpital. Je n'aime pas m'aventurer seule. J'aurais aimé qu'on me fasse visiter comme à la clinique des ados.

Rien n'est pareil ici. Je trouve que les soignants manquent tellement d'empathie.

Je vais devoir attendre quelques jours avant de pouvoir voir mes parents. Je n'ai pour l'instant pas le droit aux visites. Quand je les verrais, je vais enfin pouvoir leur parler, leur expliquer qu'être ici m'est insupportable. Ils ont intérêt à me faire sortir d'ici! Ils ont intérêt à signer une décharge! Ils n'ont pas le droit de me laisser pourrir ici! Qu'est-ce que ça fait chier d'être mineure et de ne pas pouvoir décider! Tout le monde se parle ici et pratiquement personne ne cherche à me parler!

Déjà trop de gens me manquent.

J'ai besoin de musique.

Mes parents ont une confiance aveugle envers les hôpitaux. Ils sont complètement inconscient.

Il y a un infirmier qui est venu me voir. Lui au moins, il s'est présenté. Mais j'ai déjà oublié son nom... ça me reviendra... Il m'a demandé si ça allait, si j'avais réussi à aller vers les autres. Il m'a demandé aussi si c'était des cours que je travaillais.

- Non ,j'écris.

- Ce sont des écrits pour toi ou pour quelqu'un d'autres?

- Ils ne sont pour personne.

Comme si j'allais montrer mes écrits à quelqu'un!

Il a lancé un regard indiscret sur mes feuilles. Alors, je les ai caché avec mon bras.

Je pense que les autres patients viennent de faire une descente... Ma voisine de chambre est revenue pour ranger son manteau. On ne m'a même pas proposé de venir! On m'a oublié! J'hallucine!

Mohamed est venu me parler. Je me suis confiée à lui. Je lui ai parlé de la solitude, ce truc qui me colle à la peau et qui me détruit chaque jour un peu plus. Il a compris et il a su m'aider un peu. Ensuite, il m'a fait visiter l'hôpital. Enfin quelqu'un qui pense à le faire!

Pour la première fois de la journée, j'ai osé sortir de ma chambre et je suis allée en salle télé!

Après le repas du soir, j'ai finalement décidé de regagner ma chambre. Je sais que je ne m'ouvre pas aux autres mais c'est vraiment trop dur pour moi.

L'heure du coucher est enfin arrivée! J'avais hâte de dormir pour que le silence règne enfin dans ma tête, j'avais besoin de calme.

La Vie En Hôpital PsychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant