Chapitre 34: Deuxième jour au centre psychiatrique

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Jour 2, Vendredi 22 mars 2019.

Aujourd'hui, ça fait tout pile 3 ans que moi et Jessica nous nous connaissons. Le temps passe vite tout de même!

Je pense que personne ne vient nous réveiller ici. Mais de toute façon, il y a tellement de bruit dans les couloirs que dès 6h30, je suis réveillée. Je me suis levée de mon lit à 7h30, j'ai répondu à quelques messages sur mon téléphone puis une infirmière est venue me faire une prise de sang. Je tourne toujours la tête et évite de regarder l'aiguille qui s'enfonce dans ma veine. Elle m'a ensuite dit que je pouvais aller en salle de soin pour le traitement.

En salle de soin, on m'a dit que le temesta que j'avais pris hier soir, je pouvais en reprendre seulement si j'en ressentais le besoin. Ce matin, je ne me sentais pas trop anxieuse alors je n'en ai pas pris. J'ai mangé avec Hortense, Mathilde et Capucine (comme hier soir). Je m'entends bien avec elles. Elles sont gentilles et j'arrive à leur parler un petit peu.

Au petit-déjeuner, on a discuté un peu et puis elles m'ont parlé de l'infirmière pimbêche, celle avec ses lunettes. Elle a l'air affreuse vu ce qu'on raconte sur elle et elle est de garde ce matin. J'espère ne pas la croiser.

En sortant de table, il y a une infirmière qui nous a dit:

- Vous êtes jeunes! Faut prendre ce que la vie vous offre! Faut profiter!

Mdr... Allez dire ça à quelqu'un ayant vécu un événement traumatisant (agression sexuelle par exemple)... Woaw! Mais quel magnifique cadeau que la vie lui offre! Nan mais faut arrêter à un moment donné de dire des conneries pareilles. Comme si tout ce que la vie nous offrait été rose. Elle vit vraiment dans un monde de bisounours.

11h40.

Je commence à me sentir angoissée.

11h52.

Je me sens shootée... J'ai pris un temesta. J'ai la tête lourde et le corps endormi. Je ne ressens plus d'anxiété. Je n'ai plus peur des autres. Je n'ai plus peur d'aller en salle commune, de sortir de ma chambre et d'aller parler avec les autres patients. Ce truc est magique!

Je suis sortie de ma chambre sous l'effet du médicament, pour aller en salle commune. Malheureusement, il n'y avait personne. En tant normal, j'aurais dit heureusement mais là, j'avais vraiment envie de voir si le médicament pouvait m'aider à aller vers les autres et à parler avec eux sans angoisse.

Je suis tout de même rester et j'ai lu le Tome 8 de Citrus puis l'interne est venue me chercher accompagnée d'un infirmier. On est allée dans une salle avec des sièges tout autour d'une table. Elle m'a demandé de lui rappeler pourquoi j'étais là.

- Parce que je voulais mourir.

- Et pourquoi tu voulais mourir?

C'est à cause de ma phobie sociale (J'ai enfin oser le dire!), de la solitude, de l'école...

Elle m'a sorti des solutions tout droit sorti d'un forum santé pour ados.

- Tu peux peut-être lire des livres sur le sujet de la phobie sociale (déjà fait), ça pourrait t'aider ou alors tu pourrais faire du sport. Une étude a montré que faire du sport 3 fois par semaine pendant 1h00 de manière intensive agit presque comme un antidépresseur (déjà essayé et ce n'est pas suffisant). Et puis tu pourrais en faire en groupe, ça serait mieux. ça te permettrait de rencontrer des gens (ce qu'ils n'ont pas compris en fait, c'est que je suis incapable de rencontrer de nouvelles personnes si on ne me donne pas de vraies solutions pour parvenir à rencontrer ces nouvelles personnes!) Tu pourrais aussi aller à un club de lecture où tu pourrais partager des choses en commun (Aidez-moi à y parvenir alors!)

Ils n'ont vraiment rien compris en fait. Ou alors ils ne savent pas faire la différence entre timidité et anxiété sociale! Mais si c'est ça, je m'inquiète car en tant que soignant en psychiatrie ils devraient le savoir tout ça quand même! Elle m'a aussi dit:

- Au lieu de chercher des solutions pour vous tuer, Cherchez des solutions pour guérir de cette phobie sociale!

Dois-je en rire ou en pleurer? Logiquement, si tu veux te tuer, c'est parce que tu as déjà tout essayer pour t'en sortir! C'est ridicule ce qu'elle m'a dit et j'aurais dû lui répondre tout ça mais je n'ai pas osé. Finalement malgré le temesta, j'ai toujours encore beaucoup de mal à m'exprimer et à dire tout ce que je veux.

19h45.

On a mangé mais Capucine n'était pas là. Alors à la fin du repas, on est allée la voir dans sa chambre pour savoir si elle allait bien. Elle était dans son lit, incapable de bouger, complètement shootée. Elle a un traitement lourd... Elle n'a pas su se lever de son lit pour venir nous rejoindre mais elle dit que de toute façon, elle n'avait pas faim.

Je préfère cet hôpital à celui de Saint-Vincent car je le trouve un peu mieux organisé. Pour l'heure des repas, il y a toujours un soignant qui toque à notre chambre pour nous prévenir que c'est l'heure de manger (chose qui ne se faisait pas à Saint-Vincent). Et puis ici, on ne meurt pas de faim. Il y a largement assez à manger. A saint-Vincent, j'avais toujours faim! Il est plus facile d'être sous traitement ici. A saint-vincent, même quand j'ai fait ma crise d'angoisse, je n'avais eu aucune aide, aucune écoute de la part des soignants.

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