Chapitre 28: des larmes et du sang

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Jour 6, Lundi 27 novembre 2017.

Les infirmiers ont oublié de me réveiller! Bah bravo! J'aurais pu continuer de dormir jusqu'à 10h00, ils n'en se seraient peut-être même pas rendu compte! Mais heureusement, comme ma chambre est juste à coté de la salle à manger, j'ai été réveillée par le bruit des autres patients qui s'installaient pour prendre le petit-déjeuner.

Pendant que je mangeais mes tartines de confiture, Sofia a demandé que je vienne la voir dans le couloir. Elle m'a dit que normalement le lundi, tout le monde doit se faire peser avant le petit-déjeuner. Je n'étais pas au courant. En même temps, personne ne me dit rien ici.

Sofia a pris ma tension. Comme d'habitude, elle était trop haute. Normal, tout le monde me stresse ici. Ce lieu me stresse.

Hier soir, ma mère m'a dit qu'elle avait vu ma prof principale et le directeur adjoint de mon lycée. Apparemment, je vais avoir beaucoup de travail à rattraper pour les cours. J'espère que je vais m'en sortir.

L'interne est venue me voir. Nous sommes allées dans ma magnifique chambre d'hôpital. Elle m'a demandé de faire l'arbre généalogique de ma famille sur une feuille blanche. On a parlé de ma famille et au bout d'un moment, elle m'a dit:

- Je vous sens mal à l'aise.

- Non.

- Qu'est-ce qu'il se passe?

Mais... Je viens de lui que non, je ne me sentais pas mal à l'aise! Qu'elle arrête de s'imaginer des trucs!

Armel est venue dans ma chambre. Elle m'a "demandé":

- Vous ne venez pas au groupe de parole?

- Euh... Non.

On aurait dit que pour elle, c'était une évidence que je ne venais pas. Je me suis un peu sentie forcée à dire non...

J'ai encore craqué. Plus les jours passent, plus j'ai l'impression que je vais exploser. ça fait déjà trop longtemps que je suis ici et je n'en peux plus de ce lieu. Je me sens angoissée. J'ai pleuré dans la salle de bain et je me suis coupée.

On a fait une descente puis tout de suite en remontant, je suis encore retournée dans la salle de bain. J'ai pleuré et je me suis encore blessée.

2 fois dans la même journée. Je deviens folle. J'étouffe dans cet hôpital. Rien que la vision de ma chambre me répugne. J'ai envie de hurler, de tout casser ce qu'il y a portée de main. C'est très rare que je sois énervée à ce point-là. Je n'en peux plus du cadre de l'hôpital.

8h15: Petit-déjeuner.

Ensuite, on s'emmerde.

12h15: Repas.

Ensuite, on s'emmerde.

18h15: Repas.

Ensuite, on s'emmerde.

23h00: On va se coucher.

Et le lendemain, tout recommence. On reste à l'hôpital. On ne sort pas. Les descentes ne sont pas des sorties pour moi. On est coupé du monde, isolé. Et ça, les soignants s'en foutent. Je vais finir par devenir folle.

Et si la solution depuis le début était la fugue?

J'étouffe, je meurs à petit feu. Cet endroit est en train de me tuer.

Yesss! Enfin une bonne nouvelle! Demain le rendez-vous avec mes parents est à 16h00! Demain, j'en saurais plus sur ma date de sortie.

Avant, je n'avais pas de contrôle alimentaire. Je pouvais débarrasser mon plateau sans qu'ils vérifient ce que j'ai mangé ou non. Apparemment, mon poids les inquiète. J'ai donc maintenant droit à la surveillance alimentaire.

ici, on nous observe à la petite loupe. T'as aucune liberté. On surveille tout ce que tu fais...

J'espère que demain, on ne va pas oublier de me réveiller cette fois-ci. Vivement que ce cauchemar se termine au plus vite.

La Vie En Hôpital PsychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant