Où es-tu?

Partie 4 : Quand il faut partir (1)

Juillet 2015

Lucie était stressée et elle essayait de faire en sorte que Baptiste ne se rende compte de rien.

Ils revenaient de quelques jours idylliques en Baie de Somme. Leur diplôme enfin en poche, ils s'étaient accordés, en ce début du mois de juillet, des vacances bien méritées après un mois de juin stressant entre derniers examens et présentation des mémoires. Ils en avaient profité pour flâner le long des plages sauvages, parfois au clair de lune, mais toujours main dans la main. Elle s'était sentie pleinement heureuse, à sa place... Elle soupira : pourquoi fallait-il rentrer ?

Baptiste réagit aussitôt :

- Ca va ?

Elle lui fit un signe d'assentiment et ils se replongèrent dans un silence mélancolique. Depuis le départ, il n'avait pour ainsi dire pas desserré les dents. Quelque chose le tracassait... Elle ne parvenait pas à définir ce que c'était mais tout au long du voyage, il avait agi bizarrement. Tantôt il se montrait plus qu'empressé avec elle, tantôt il était distant, comme éteint... Elle craignait de lui avoir fait peur en lui parlant d'emménager ensemble. Peut-être que c'était ça qui le perturbait... Il faut dire que depuis que la maison d'édition dans laquelle elle avait effectué un stage l'avait contactée pour lui proposer un job, elle parcourait les petites annonces. Elle avait cru que c'était le bon moment et puis, ils en avaient déjà parlé auparavant... Alors, quand elle avait trouvé un appartement à louer qui lui semblait parfait, elle s'en était ouverte à lui. Et depuis, il réagissait de manière étrange. Peut-être qu'il n'était pas encore prêt pour ça... Il faudrait qu'elle aborde à nouveau le sujet avec lui, mais pas aujourd'hui !

Car on lui avait confié une mission : amener Baptiste à une fête surprise organisée en l'honneur de son anniversaire et de l'obtention de son diplôme par la mère de ce dernier.

Ils allaient bientôt descendre de l'autoroute... Il était temps de se lancer... Pourvu que tout se passe bien !

- Tu pourrais t'arrêter sur la prochaine aire d'autoroute ? Je dois aller aux toilettes.

C'est tout ce qu'elle avait trouvé pour le ralentir et le forcer à s'arrêter.

- On est bientôt arrivés, objecta-t-il. Ca ne peut pas attendre ?

- Non, désolée. S'il-te-plait !

Elle lui fit une petite moue embêtée à laquelle il ne résista pas. Il s'arrêta à hauteur de la sortie et elle fonça se cacher dans les toilettes pour envoyer à Corinne, la mère de Baptiste, un message annonçant leur arrivée imminente. Elle prit ensuite une bonne inspiration, remis un peu d'ordre dans ses longs cheveux et sortit. C'était parti !

Elle retourna auprès de son amoureux qui faisait les cent pas à proximité de sa voiture les yeux fixés sur son GSM. Il remit l'appareil dans sa poche dès qu'il la vit. Il lui paraissait tendu.

« Pourvu qu'il ne se doute de rien », pria-t-elle.

Ils s'embrassèrent. Elle passa les bras autour de son cou et le regarda dans les yeux.

- C'était qui ?, demanda-t-elle.

- Rien, répondit-il trop vite. C'est juste Antoine.

Elle remarqua bien qu'il évitait son regard mais laissant de coté ses questions, elle décida de jouer le tout pour le tout :

- Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas ?

- Moi aussi, je t'aime, répondit-il en l'embrassant fougueusement à nouveau.

- Et tu me fais confiance ?

Il se redressa un peu trop vivement en arquant les sourcils, inquiet.