Partie 8 : Le mariage de Salomé (2)

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Quand elles les rejoignirent enfin, les garçons les attendaient déjà sous un auvent devant l'entrée de la boite de nuit. Salomé se jeta au cou d'Antoine qui était déguisé lui aussi. Chacun se salua joyeusement, les couples se retrouvèrent et les filles purent constater que certains garçons avaient quelque peu abusé de boissons alcoolisées au cours de l'après-midi. Elles-mêmes s'étaient montrées plus sages...

Baptiste se rapprocha de Lucie et l'embrassa chastement sur la joue. Ce simple contact la fit frissonner. Elle avait appréhendé ce moment et elle était contente qu'il fasse nuit noire pour qu'il ne puisse pas voir son embarras.

- Je suis content de te revoir, lui glissa-t-il avant d'ajouter : en toute amitié, bien sûr !

Elle lui sourit timidement :

- Bien sûr.

Heureusement, tout le monde rentra rapidement dans la boite. On s'installa sur des banquettes à proximité du bar où certains purent prendre place. Lucie se retrouva coincée à coté de Julien qui s'était arrangé pour se retrouver près d'elle. Il proposa de lui payer un verre qu'elle refusa poliment, puis lui demanda comment s'était passé l'après-midi avec les filles. Elle fit preuve de patience mais elle surprit plusieurs fois le regard de Baptiste posé sur elle. Il semblait amusé par la situation et pas du tout jaloux comme la dernière fois.

« Salomé avait tort de s'inquiéter », se dit-elle.

Malheureusement, les sujets furent vite épuisés avec le cousin de cette dernière. Il repartit bien vite sur son thème favori : les jeux vidéo. Lucie eut vite fait de perdre le fil de la conversation et de s'ennuyer. Elle sauta sur l'occasion quand Léa proposa d'aller danser.

- Ça ne t'embête pas si je rejoins mon amie sur la piste de danse ?, demanda-t-elle à son interlocuteur.

Mais à son grand désarroi, ce dernier proposa :

- Je t'accompagne ! J'adore danser.

Il adorait peut-être ça mais il se révéla un piètre danseur et Lucie le trouvait particulièrement collant. Elle finit par prétexter devoir aller aux toilettes pour s'en débarrasser. Elle alla prendre l'air dehors se demandant comment lui faire comprendre qu'elle n'était pas intéressée sans le vexer... et sans vexer Salomé !

Elle fut à moitié surprise quand elle entendit la voix de Baptiste derrière elle.

- Ca va ?, lui demanda ce dernier.

- Oui, oui, ça va, lui répondit-elle en évitant son regard.

- Tu as un nouvel admirateur, je crois, se moqua-t-il. Tout l'après-midi, il n'a pas arrêté de me dire combien il avait hâte de te revoir...

Elle le regarda, ne sachant pas comment elle devait le prendre mais elle vit qu'il la taquinait, comme il le faisait souvent... avant.

- Il est très gentil mais... un peu « pot de colle », si tu vois ce que je veux dire...

- Très bien !, gloussa-t-il. Il ne m'a pas lâché non plus. Je t'avoue ne pas être un adepte des jeux auxquels il joue et je me suis un peu ennuyé.

- Idem pour moi...

Baptiste jeta un œil du côté de la porte de sortie de la boite de nuit et annonça :

- Je crois qu'il te cherche...

Elle regarda à son tour et le vit en effet. Elle se cacha bien vite derrière le coin du bâtiment sous le regard amusé de son nouvel « ami ».

- C'est ça... moque-toi de moi, râla-t-elle.

- Tu veux que je t'aide ?

- Tu ferais ça ?

- On est amis, oui ou non ? Les amis, ça s'entraide en cas de difficulté.

Elle n'eut pas le temps de se demander s'il était sérieux. Julien se rapprochait dangereusement et elle ne savait plus comment s'en débarrasser.

- Ok, mais dépêche-toi !

- Laisse-toi faire et fais-moi confiance, lui ordonna Baptiste.

Il posa ses mains sur ses hanches et d'instinct elle lui agrippa le haut des bras. Elle retint sa respiration et ses yeux rencontrèrent les siens. Elle en oublia tout le reste. Elle crut un instant qu'il allait en profiter pour l'embrasser, mais, à son grand soulagement, il n'en fit rien. Quelques secondes plus tard, il jeta un œil du côté de l'entrée.

- C'est bon, annonça-t-il.

Il ne l'avait pas toutefois lâchée. Il sembla hésiter, regardant ses lèvres avec avidité, mais il finit par poser son front sur le sien en soupirant :

- C'est dur d'être juste ton ami...

Sans lui laisser le temps de répondre, il relâcha son étreinte et se plaqua un fin sourire sur le visage avant de dire :

- Il est parti. Il ne semblait pas content, mais à mon avis, il te laissera tranquille maintenant.

Lucie hocha la tête en déglutissant difficilement. Elle essayait de reprendre contenance. Comment aurait-elle réagi s'il l'avait vraiment embrassée ? Elle n'en savait rien...

- On devrait peut-être rejoindre les autres, proposa-t-il.

Il allait se diriger vers la salle quand il fut pris d'une inspiration subite.

- Au fait, tu me dois un service, non ?

« Ça y est, pensa-t-elle, il va essayer de profiter de la situation. » Mais elle fut presque... déçue quand elle l'entendit demander :

- Tu accepterais d'être ma cavalière pour le mariage ? En tout bien, tout honneur, bien sûr ! Je n'ai aucune envie de me retrouver à côté d'une étrangère célibataire avec laquelle Antoine essaierait de me caser !

- Et moi, répondit-elle, je n'ai aucune envie de me retrouver avec ce Julien !

Ils se regardèrent et pouffèrent. La tension s'était dissipée et elle sentait qu'ils étaient à nouveau complices.

Quand ils se joignirent aux autres, Lucie ne put s'empêcher de l'observer. Il avait changé... Elle ne savait pas se l'expliquer mais elle le trouvait plus mature, plus décidé. Physiquement aussi : il était plus musclé, peut-être un peu plus grand... mais il avait gardé ce regard, celui qui l'avait déjà faite craquer lors de leur première rencontre, celui qui la faisait se sentir belle et aimée...

Salomé avait raison : il y aurait toujours des sentiments entre eux... En tout cas, elle ne pouvait nier l'évidence des siens qui n'attendaient qu'à se réveiller. Mais était-elle prête à lui confier à nouveau son cœur ?

Où es-tu?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant