Où es-tu?

Partie 9 : Révélations (6)

- Tu m'expliques ?!, s'énerva Baptiste en tentant tant bien que mal de se maintenir dans son siège en s'agrippant à la poignée du plafond.

Antoine roulait à tombeau ouvert dans les petites rues étroites qui l'amenaient vers la sortie de la ville. Concentré sur ce qu'il faisait, il se tut un bon moment, mettant les nerfs de son passager à rude épreuve.

"Son ami était-il le complice de sa soeur ?", se demandait Baptiste en l'observant du coin de l'oeil. Non, c'était impossible : Justin et lui ne l'avait pas quitté d'une semelle, il n'avait pas pu prendre l'argent sans que l'un d'eux ne le voie. Mais son instinct l'avait déjà trompé une fois...

Antoine ralentit un peu l'allure quand il fut sûr d'avoir réussi à semer les policiers. Il souffla et sans quitter la route des yeux, il chercha enfin ses mots pour justifier son acte :

- Je... Giuliana... Quand vous êtes sortis tout à l'heure... elle m'a dit qu' "elle" savait tout ! Pour nous et le reste ! Et qu' "elle" l'avait obligée à faire tout ça...

- "Elle" ?, interrogea Baptiste.

- Salomé, avoua-t-il en déglutissant difficilement. Ca ne peut qu'être Salomé...

S'il lui avait donné un coup de poing en pleine face, Baptiste aurait été aussi sonné qu'il le fut en entendant ce nom.

- Qu'est-ce que tu racontes ?! Mais enfin... Salomé !? C'est ta femme ! La meilleure amie de Lucie ! Comment peux-tu penser une chose pareille !?

Antoine soupira et lui jeta un regard triste.

- Salomé a bien changé depuis notre mariage, tu sais... Elle... elle a fait une grave dépression... Elle semblait aller mieux ces derniers temps, mais...

- Mais... ?, insista-t-il.

- Si tu cherches quelqu'un qui vous en veut à toi et à Lucie, c'est bien elle..., termina son meilleur ami.

- Comment ça ? Je ne lui ai jamais rien fait !

Alors Antoine se mit à lui raconter :

- A partir du moment où on a annoncé nos fiançailles, ses parents n'ont pas arrêté de lui rabacher qu'elle valait bien mieux, que je n'étais pas assez bien pour elle. Elle a tenu bon mais elle a commencé à me comparer avec toi. Tu avais réussi... tandis que moi, je n'avais qu'un petit poste dans une entreprise en pleine crise. J'ai fini par comprendre, après sa dispute avec Lucie : elle a toujours été jalouse d'elle, de vous, de votre histoire... Elle n'a pas arrêté de nous comparer : tu étais capable de tout pour Lucie alors que moi pas, par exemple. Et plus vous continuiez à vous aimer malgré la distance, plus notre histoire paraissait banale et sans intérêt à ses yeux...

Baptiste se renfrogna sur son siège.

- Je ne suis pas sûr que Lucie m'aime encore..., soupira-t-il.

- Bien sûr que si ! Bref, quand j'ai perdu mon boulot, je me suis mis à croire qu'elle avait raison, que je n'étais pas capable de subvenir à ses besoins. Je n'ai pas osé le lui avouer et je me suis réfugié dans le bar de ta soeur... Une chose en entrainant une autre, j'ai commencé à la tromper. Si elle a tout découvert, elle est capable du pire...

- Bon, admettons..., mais où m'emmènes-tu ? Ce n'est pas la route pour aller chez toi !

- Je ne pense pas qu'elle aurait pris le risque de cacher Lucie chez nous en sachant que tu allais débarquer. Ca aurait été trop risqué. Par contre, ses parents sont partis en Provence pour trois semaines...

- Il y a quand même une chose que je ne comprends pas... Comment Giuliana a-t-elle pu la suivre dans son délire ? Elles se connaissent à peine !

Antoine baissa les yeux :

- C'est probablement à cause de moi... J'ai fait une connerie... pour elle, pour l'aider à s'en sortir.

- Quelle connerie ? De quoi tu parles encore ?

- Tu sais que Salomé est devenue co-gérante de l'entreprise de son père ?, commença Antoine. Il voudrait qu'elle reprenne les rênes dans un avenir plus ou moins proche...

- Où tu veux en venir ?!, s'énerva Baptiste qui trouvait les explications de son ami un peu trop longues.

Ce dernier souffla avant d'avouer :

- Elle a accès aux comptes de l'entreprise et... disons que j'ai utilisé son nom et "emprunté" de l'argent pour aider Giuliana en imitant sa signature sur les documents.

- Attends ! Tu veux dire que tu as détourné de l'argent ?, lui demanda-t-il, interloqué.

En guise de réponse, Antoine se contenta d'hocher tristement la tête avant de poursuivre :

- Il suffirait qu'elle me dénonce à son père pour m'envoyer en prison... et Giuliana avec moi...

Baptiste bouillonnait. Avant de partir, il avait juste demandé à son meilleur ami de veiller sur sa soeur. Comment avait-il pu l'entrainer dans cette galère ? Et Lucie dans tout ça !? S'il n'avait pas été au volant, il lui aurait envoyé son poing dans la figure depuis longtemps !

Antoine se sentait assez coupable pour ressentir son état d'esprit et il n'en menait pas large. Heureusement pour lui, le portable de son passager se mit à sonner, le distrayant par la même occasion de la colère qu'il contenait à grande peine.

- Merde ! C'est Justin.

- S'il-te-plait, ne décroche pas !, le supplia-t-il. Je... Tout est de ma faute... Je vais réparer tout ça et on ramènera Lucie. Tout rentrera dans l'ordre... Il le faut !

Baptiste doutait qu'on puisse "réparer" ce qui avait déjà été fait, mais devant le désespoir son ami, il hésita et la sonnerie cessa avant qu'un bip n'annonce la réception d'un message vocal.

- Tu devrais l'éteindre, lui enjoignit Antoine. Ils peuvent le localiser...

- Tu... tu es sûr de pouvoir raisonner ta femme ?

Il hocha la tête et Baptiste, peu convaincu, fit mine de couper son téléphone... mais pas sans avoir envoyé un dernier texto à Justin...

Quelques minutes plus tard, Antoine se crispa sur le volant et déclara d'une voix grave et tremblante :

- On y est.

Ils ralentirent en passant devant une belle maison bourgeoise en briques rouges qui se dressait au bout d'une allée de graviers blancs.

- Et maintenant ?, interrogea Baptiste.

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Salut à tous,

J'espère que vous allez bien et que la lecture de ce chapitre vous a plu.

Alors ? Salomé ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous vous y attendiez ?

J'ai hâte d'avoir votre avis ! 😁

😘