Partie 4 : Quand il faut partir (4)

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Le samedi soir, elle mit un temps fou à se préparer. Devant le miroir, elle hésitait sur la tenue à porter car elle ne voulait pas qu'il se fasse de fausses idées... mais il avait parlé d'un restaurant sans lui préciser lequel ! Elle se traita elle-même d'idiote et finit par opter pour une robe blanche assez classique qui mettait en valeur son teint légèrement bronzé de milieu d'été et elle décida d'emporter sa veste en cuir rouge qui allait bien avec le roux de ses cheveux au cas où ils mangeraient en terrasse. Elle se maquilla juste un peu et décida de porter ses nouvelles ballerines noires. Elle était finalement plutôt satisfaite du résultat.

Quand elle descendit, Justin lui réserva un accueil glacial. Il était, lui aussi, absolument contre cette soirée.

- Eh bien !, siffla-t-il. Je croyais que ce n'était pas un rencard ?

- Tu trouves que ça fait trop ?, s'inquiéta-t-elle aussitôt, prête à se précipiter dans sa chambre pour se changer à nouveau.

Sans lui répondre, il jeta un œil par la fenêtre du salon.

- C'est de toute façon trop tard, soeurette. Il est là !

Elle se sentit tout à coup angoissée comme à un premier rendez-vous. Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place : ce n'était que Baptiste après tout. Elle attrapa son sac et s'apprêta à sortir de la maison. Elle ne voulait pas que son ex se retrouve face à Justin. La main sur la poignée, elle prit une grande inspiration. Très protecteur, son frère l'interrompit :

- Si tu as le moindre problème, tu m'appelles. J'arriverai tout de suite.

- Ca va aller, ne t'inquiète pas...

Elle se rendit compte en disant ça que c'était surtout elle qu'elle essayait de rassurer.

Elle prit une grande aspiration et souffla. Elle sortit de chez elle au moment où Baptiste ouvrait sa portière. Il avait fait un effort de toilette, remarqua-t-elle aussitôt. Il était passé chez le coiffeur pour discipliner sa tignasse brune et s'était rasé de prêt. De plus, il portait le pantalon en lin beige et la chemise blanche qu'elle adorait. Mais il avait changé : il paraissait fatigué, soucieux aussi... Il fit quelques pas vers elle.

« Comment dois-je lui dire bonjour ? », se demanda-t-elle tout à coup, paniquée.

Il parut avoir la même hésitation car il décida d'aller lui ouvrir galamment la portière coté passager.

Elle s'installa sur le siège en le saluant et il profita de cet instant pour lui glisser :

- Tu es magnifique...

Elle rougit instantanément, préférant ne pas répondre.

Il vint rapidement la rejoindre dans l'habitacle.

- Où allons-nous ?, demanda-t-elle quand il fit démarrer le moteur.

- Tu verras, lui répondit-il avec un sourire satisfait.

Alors qu'il conduisait et qu'aucun d'eux ne brisait le silence, il demanda tout à coup :

- Comment tu vas, toi ?

Elle choisit d'être sincère :

- Disons que ça me fait du bien de travailler, ça m'évite de penser... Et toi ?

- La même chose, sauf que je ne travaille pas encore..., répondit-il sobrement.

Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de lui rétorquer qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Ils se turent le reste du trajet.

Il l'emmena dans un petit hôtel-restaurant semi gastronomique des environs. Il savait que c'était un endroit tranquille qui lui plaisait tout particulièrement. On les installa d'ailleurs à une table proche de la baie vitrée qui donnait sur les berges verdoyantes de l'Escaut où voguait lentement une immense péniche chargée de sable.

Où es-tu?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant