Partie 4 : Quand il faut partir (2)

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Lucie se réveilla le lendemain matin avec un goût amer dans la bouche qui lui donna envie de vomir. Elle avait fini par s'endormir vers quatre du matin, après avoir beaucoup pleuré. Rage et désespoir se mélangeaient dans sa tête en une formidable tempête de sentiments.

Elle consulta son téléphone : Baptiste avait bien sûr tenté de l'appeler à plusieurs reprises mais elle l'avait éteint. Elle ne voulait pas l'entendre essayer d'expliquer l'inexplicable. Il lui avait laissé des tas de messages qu'elle ne prendrait même pas la peine d'écouter ou de lire. Il y en avait aussi de Salomé mais elle n'avait pas le courage de la rappeler maintenant. Elle se sentait si vide. Elle lui avait tout donné et s'il n'y avait pas eu cette soirée, il serait peut-être parti sans rien lui dire. Il allait s'en aller... Cette simple information était impossible à encaisser et la mettait dans un état de détresse qui lui semblait infinie.

Elle lui en voulait aussi terriblement. Ils avaient déjà eu de petites disputes auparavant mais rien de comparable avec le tsunami qui venait de les dévaster. Elle s'en voulait à elle aussi d'avoir été si naïve et d'avoir cru qu'il était l'homme de sa vie. Elle faisait des projets pour eux deux alors que lui, il envisageait de la quitter. Elle comptait donc si peu pour lui ? Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ?

On frappa doucement à la porte de sa chambre, l'obligeant à sortir de ses sombres pensées. Sa mère entra avec précaution :

- Justin m'a dit ce qui s'était passé hier soir... Comment ça va ?

Le fait que sa mère vienne la réconforter fit à nouveau couler les larmes sur ses joues. Cette dernière la prit dans ses bras avec maladresse. Ce n'était pas une chose habituelle entre la mère et la fille. Elles s'aimaient, c'était incontestable, mais de loin, sans jamais le dire ou le montrer par des signes d'affection.

- Je me sens tellement trahie, hoqueta Lucie entre deux sanglots, profitant de la chaleur maternelle pour se confier enfin. Je ne pourrais jamais lui pardonner ! J'y croyais tellement. Je l'aime !

- Allons, chuchota sa mère. Ca va aller...

Elles restèrent ainsi un long moment jusqu'à ce que Lucie, bercée par la voix douce de sa mère, parvienne à se calmer un peu.

Elles furent tout à coup interrompues par la sonnerie de la porte d'entrée. Séchant rapidement ses larmes d'un geste de la main, Lucie se leva d'un bond et écarta le rideau. Depuis sa fenêtre qui donnait sur la rue, elle pouvait voir Baptiste marteler le trottoir de ses pas nerveux. Il insista à nouveau et la sonnette retentit plusieurs fois avant que Justin ne vienne lui ouvrir. Des éclats de voix montèrent immédiatement jusqu'à elles.

- Je ferais mieux d'aller voir ce qui se passe..., proposa sa mère.

- Dis-lui de partir, je ne veux pas le voir !, supplia Lucie.

- Comme tu veux, ma chérie.

Sa mère partie, elle s'approcha de la porte entrouverte pour écouter ce qui se passait au rez-de-chaussée.

- Je veux juste lui parler !, s'énervait Baptiste.

- Et moi, je te dis que non, hurlait Justin. Va-t'en ! Elle ne veut plus de toi ! Tu lui as assez fait de mal comme ça !

Justin n'avait jamais pu apprécier Baptiste et il n'allait certainement pas céder, ce qui l'arrangeait bien aujourd'hui. Celui-ci tentait visiblement de forcer le passage quand sa mère s'interposa :

- Tu devrais lui laisser du temps, Baptiste. Pour l'instant, elle ne veut pas te parler...

Baptiste la supplia :

- Laissez-moi aller la voir, s'il-vous-plaît. Il faut qu'elle sache à quel point je suis désolé. Je ne voulais pas tout ça...

- Tu ne voulais pas mais le mal est fait, éructa son frère avec hargne. Pas question de te laisser lui en faire encore plus ! Barre-toi ! Maintenant !

Où es-tu?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant