Partie 7 : La rançon (2)

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Comme ils arrivaient au milieu des escaliers, un des deux agents de police leur fit signe de ne pas bouger pendant que l'autre se positionnait derrière la porte en dégainant son révolver. Le premier posa sa main droite sur son arme tout en se préparant à ouvrir. Justin et Baptiste retinrent leur souffle quand les deux hommes se lancèrent un regard concentré. On sentait une certaine tension qui les fit frissonner... Baptiste se demandait s'il n'avait pas plongé tout droit dans un mauvais polar et faillit se pincer pour voir s'il ne rêvait pas.

Le policier mit fin aux tergiversations en entrebaillant la porte pour savoir qui se cachait derrière celle-ci.

- Oui, c'est pourquoi ?, demanda-t-il à un interlocteur que lui seul pouvait voir pour l'instant.

Les épaules des deux jeunes hommes s'affaissèrent et ils se jetèrent un regard navré. Le ton du policier ne leur laissait aucun doute sur le fait qu'il ne s'agissait pas de celle qu'ils avaient espérée.

- Euh... bonjour, fit une voix étonnée que Baptiste reconnut tout de suite. Je cherche mon frère. Il devrait se trouver ici d'après ce qu'il m'a dit...

Il descendit quatre à quatre les dernières marches et bouscula les deux flic qui rengainèrent lentement leurs armes tout en observant avec attention la nouvelle arrivée.

- Giuliana ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?, s'exclama-t-il devant l'intéressée.

Sa sœur haussa les sourcils et lui répondit de manière ironique :

- Eh bien ! Quel accueil ! Tu n'es pas content de me voir ?

- Si, si, bien sûr !

Il lui ouvrit la porte en grand pour la laisser entrer et les effluves de son parfum à la lavande lui piquèrent le nez. Ils se jaugèrent un moment en silence avant qu'il ne la serre dans ses bras.

- Je suis content que tu sois là, lui avoua-t-il, ému de savoir que sa soeur était venue pour l'aider à son tour.

- Je n'allais pas te laisser te dépatouiller tout seul.

Il observa sa soeur avec plus d'attention. A chacun de ses retours, il l'avait trouvée changée mais encore plus maintenant. Elle avait acquis une maturité qui la faisait marcher la tête haute sans se préoccuper du regard des gens. Elle arborait actuellement une chevelure d'un roux flamboyant qui mettait en évidence son teint pâle. Elle lui sembla avoir maigri mais ça lui allait plutôt bien.

Elle mit fin à cet examen en s'adressant à Justin qui les avait rejoints tout en restant en retrait :

- Salut ! Tu es là, toi aussi ?

- Salut, répondit ce dernier avec froideur.

Il y eut un instant de flottement que Baptiste interpréta comme de la gêne. D'après ce qu'il en savait, Justin avait voulu sortir avec elle il y a quelques années mais, après quelques rendez-vous, elle l'avait laissé tomber de manière assez brutale, sans lui donner d'explications... C'était à l'époque où il l'avait soupçonnée de toucher à la drogue... Il se souvenait s'être disputé avec Lucie qui voulait protéger son petit frère de l'influence de Giuliana. Après ça, les deux jeunes femmes n'avaient jamais pu s'entendre.

Il proposa à Giuliana de le suivre au salon pendant que Justin en profitait pour s'éclipser et suivre les policiers dans la cuisine.

- Comment as-tu su où nous étions ?, lui demanda-t-il en lui proposant de s'asseoir sur le canapé couleur taupe.

- C'est Antoine qui me l'a dit. Il est venu boire un verre au bar hier soir et il m'a tout raconté. Quelle histoire, dis donc ! On dirait un mauvais film américain... Alors, je me suis dit que tu aurais besoin d'aide... ou au moins de soutien...

Baptiste était touché.

- Merci beaucoup... Tu ne sais pas à quel point ça compte pour moi !

- Ils ont des pistes ?, demanda-t-elle en désignant les gardiens de la loi qu'on apercevait derrière le comptoir de la cuisine.

- Ils ont arrêté Antoine ce matin..., souffla-t-il.

Giuliana parut choquée :

- Quoi ? Antoine ? Mais... mais pourquoi ?

Baptiste soupira :

- Apparemment, il aurait menti à l'inspecteur en charge de l'affaire...

- Et il leur a dit quelque chose ? Enfin... il a avoué ?

- Avouer quoi ? Ca ne peut pas être lui ! Ils se trompent sûrement !

Elle posa une main réconfortante sur l'épaule de son frère.

- C'est bien que tu défendes ainsi ton ami...

Se souvenant tout à coup de ses paroles, Baptiste lui demanda :

- Il vient souvent te voir au bar ?

- Un peu... surtout depuis qu'il a perdu son emploi... Il racontait parfois à Salomé qu'il allait travailler et comme il n'avait rien à faire, il venait boire un verre... ou plus.

Il la regarda, effaré.

- Il a perdu son emploi !? Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ?, s'étonna-t-il, blessé dans son amour propre. Je ne comprends pas... S'il avait des problèmes, j'aurais pu l'aider !

- Depuis l'autre bout du monde ?, demanda-t-elle ironiquement. Il savait très bien que tu avais d'autres chats à fouetter !

Giuliana venait de mettre le doigt sur ce qu'il considérait comme sa plus grosse erreur. Il avait l'impression de tous les avoir abandonnés alors qu'ils avaient besoin de lui : elle, Antoine et même Lucie...

- Et..., commença Baptiste avant de marquer un temps d'hésitation. Tu crois qu'il m'en voulait pour ça ?

Giuliana lui lui donna un coup de coude dans les côtes pour le faire réagir.

- Tu commences à douter de lui ? Allons, tu le connais quand même ! C'est ton meilleur ami !

Il lui sourit faiblement avant de baisser la tête avec résignation. Il n'en pouvait plus de toutes ses questions qui tournaient en boucle dans sa tête. Il avait besoin de réponses ! Il prit tout à coup une grande inspiration avant de se lancer et de lui avouer :

- Tu sais, Lucie attend un bébé... Et il est de moi...

Elle ouvrit de grands yeux ronds avant de s'exclamer :

- Oh mon Dieu ! C'est... waow... Quelle nouvelle !

Il se tordit les mains pour s'empêcher de pleurer :

- Pourquoi je suis à nouveau parti, hein ? S'il leur arrivait quelque chose...

Il étouffa un sanglot, incapable de terminer sa phrase. Sa sœur passa un bras autour de son épaule pour le réconforter :

- Rappelle-toi... C'est elle qui t'a dit de partir...

Il était content qu'elle soit là. Les relations entre eux n'avaient jamais été au top. Malgré tout ce qu'il avait fait pour elle, elle en avait toujours voulu à son demi-frère d'avoir été le préféré de leur mère. Cette dernière ne s'était jamais beaucoup occupé d'elle, la considérant plus comme une erreur de parcours qui lui rappelait de trop mauvais souvenirs. C'était Baptiste qui avait dû insister pour qu'elle et son nouveau mari investissent de l'argent dans le bar que Giuliana avait ouvert il y avait de cela trois ans. Depuis, les tensions semblaient s'être apaisées entre eux.

- Bon, je vous ai ramené de quoi faire des crêpes. Je suis sûr que tu n'as rien avalé depuis hier ! Si tu veux pouvoir la sauver, ta Lucie, il va falloir que tu te nourisses, affirma cette dernière avec un grand sourire.

Il hocha la tête avec gratitude. Il était vraiment heureux de l'avoir à ses côtés.

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Voilà un personnage dont on avait très peu parlé jusqu'à présent. Baptiste avait besoin d'un peu de soutien et j'ai pensé à elle. Qu'en dites-vous ?

Où es-tu?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant