Chapitre 33

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Mes oreilles sifflent, ma respiration est compliquée, mon coeur sombre. Le bruit du coup de feu résonne encore dans ma tête, tout comme le bruit de Caleb qui tombe au sol, tué d'une balle en plein coeur. Je baisse les yeux sur mon amour, je m'effondre en le voyant en sang, inanimé. Je lâche un hurlement de douleur et craque. Je pleure, ma poitrine est douloureuse, cette balle m'a détruite, m'a tué aussi.

La porte de la cage est ouverte, je lève les yeux vers la personne qui a ouvert, c'est Nicolas. La colère me prends, une rage qui vient du fond des tripes, qui me donne envie de le tuer. J'essaie de sauter sur ce fils de pute, mais il me repousse trop facilement, il m'envoie contre des barreaux.

-Un conseil, n'essaie pas de te venger. Ton père m'a cogné une fois, j'ai fait battre ta mère. Tu me touches, t'as une balle dans la tête. Eden, on y va.

-T'es qu'un enculé. Je te jure qu'on va te retrouver Nicolas, et quelqu'un se vengera. Pareil pour toi Eden, ta vie va devenir un enfer.

-Bien sûr. Faut-il encore que tu sortes d'ici.

Eden et son fils rigolent et sortent sous mes injures, je me lève et je cours jusqu'à la porte, mais elle a déjà été refermée à clé. Je me tourne vers Caleb, du sang forme une mare et ses yeux sont encore ouvert. Je vais m'accroupir à côté de lui et passe ma main sur sa joue humide de ses larmes, les dernières de sa vie. Je réussis à trouver la force pour le cale sur mes genoux et ferme ses yeux, qu'il trouve le repos éternel.

Les larmes reviennent, je pleure, je crie ma peine et ma souffrance. Celui que j'aime est mort, par ma faute. J'aurais dû le protéger plus que ça, j'aurais du crier, hurler, forcer cette putain de grille... Je le serre dans mes bras, sa peau a encore sa chaleur rassurante, mais il n'y a plus l'aura d'amour, plus rien, plus de battements de coeur que j'aimais tant écouter le soir, pour m'endormir.

Je reste ainsi, à pleurer, gémir de douleur, jusqu'à ce que les larmes se tarissent. Je regarde Caleb, toutes ses blessures, il a du sang de partout sur lui. Je prends sa main blessée dans la mienne, jamais il n'aurait pu reprendre la guitare, sa plus grande passion. Je regarde ses lèvres, plus jamais elles ne m'embrasseront, ne parleront, ne chanteront. Son silence sera pour toujours assourdissant à mes oreilles.

Je regarde un peu le lieu où je suis, je vois un lavabo, je vais essayer de nettoyer, de retirer tout ce sang. Je pose avec délicatesse Caleb, me lève et vais chercher un seau, que je remplis, avec une serviette et je retourne vers mon petit-ami. Je me remets à genoux, humidifie mon tissu et je le passe sur toutes les blessures. Son visage, sa main, son torse. Je passe sur l'impact de la balle, des larmes coulent sur mes joues... Quand j'ai finis, je me relève, prends le seau et vais le vider. L'eau est rouge, ça me tue.

Une fois ça fait, je cherche une solution pour sortir, je ne vais pas rester ici longtemps. J'essaie d'ouvrir la porte, de la forcer, rien ne fonctionne. Il n'y a pas de fenêtre, alors aucune chance de sortir. Je cherche une clé, un téléphone ou une connerie comme ça, j'ai juste envie de sortir d'ici ! Mais je ne trouve rien et je finis par m'épuiser à m'agiter autant. Je m'assois au sol, proche de Caleb, fatiguée. Tellement que je recommence à pleurer. Je me cale contre les barreaux de ma cage et me laisse aller à ma tristesse.

Je reste ici je ne sais combien de temps, des heures, des jours, des semaines peut-être, j'ai perdu mes repères sans lumière naturelle ou d'horloge. J'ai pleuré à maintes reprise sur le corps de Caleb, je n'arrive pas à me faire qu'il est vraiment mort. Je n'arrête pas de pleurer de toutes façons, sauf quand je tombe de fatigue. Ma faim, ma soif ont disparu, j'ai mal à la tête, je suis épuisée physiquement et mentalement. J'en peux plus.

Aujourd'hui, je n'en peux tellement plus que je regarde les armes qu'ils ont laissés. Il y a encore le couteau plein de sang, je ne pourrais jamais l'utiliser. Mais je vois aussi un scalpel propre, lui me fait de l'œil. Je le prends, vais m'asseoir et regarde l'arme, je sais ce que je veux faire : évacuer ma douleur physiquement.

Je retire ma chemise, mes veines sont saillantes. J'approche doucement la lame de ma peau et commence à la griffer, ça me soulage un peu de sentir une vraie douleur. Je ne veux pas mettre fin à mes jours, j'évite les veines, je veux juste une douleur physique, plus psychique.

Du bruit m'arrête dans ma séance, je lâche le scalpel et me tourne vers la porte. Le bruit vient de celle-ci, quelqu'un la force. Je m'allonge contre Caleb, ventre à terre, dans le sang séché, et fait semblant d'être morte aussi, j'ai pas envie qu'on me fasse du mal, pas encore ! La porte finit par sauter, le silence règne avant que des bruits de bottes envahissent la pièce. Je sens des gens passer à côté de moi, ils sont nombreux.

-RAS ! Deux personnes !

J'entends que c'est la police, mon corps entier se mets à trembler et je pleure.

-On a une survivante ! Une équipe médicale !

Je sens des mains se poser sur moi, je serre Caleb dans mes bras.

-Mademoiselle, regardez-moi.

Les mains sont délicate sur moi, l'homme est très doux, aucune brutalité dans ses gestes.

-Vous êtes bien Zoé ?

Entendre mon prénom me fais ouvrir les yeux, ma crise se calme. Je me redresse quand les tremblements ralentissent et me tourne vers le policier, surprise qu'il connaisse mon prénom.

-Zoé Gomez, c'est bien ça ?

Je hoche la tête et saute sur le policier, en larmes, à la fois heureuse que tout ça soit finit et détruite, j'ai perdu l'homme que j'aime et j'en prends conscience. L'homme passe ses bras autour de moi et essaie de me réconforter, mais je suis inconsolable.

-Zoé, les secours sont là, allez avec eux.

Le policier me dégage doucement, je vois deux hommes derrière lui, deux médecins. Je vois leurs regards compatissant, ça me rassure. Le policier se lève, les médecins viennent vers moi. Ils s'occupent de moi avec douceur, ils ont vu mes marques sur mon poignet.

-Vous vous êtes fait ça toute seule ?

-Oui.

-D'accord. Vous venez avec nous ?

Je secoue la tête, les deux hommes se relèvent et me tendent leurs mains. Je me tourne vers Caleb, une équipe est sur lui. Je réussis à me frayer un chemin et je donne un baiser à mon amour, le dernier avant qu'il me soit définitivement arraché.

-Je t'aimerais toujours mon amour. Toujours. Et je te promets que les gens entendront ta voix raisonner. 

Un baiser sur son front qui est devenu froid, une dernière caresse et je me tourne vers les médecins. Ils m'aident à me lever mais à la sortie de la pièce, mais mes forces m'abandonnent, ma poitrine est douloureuse. Je sens l'obscurité me prends, je sombre dans un cri qui déchire mes entrailles. Le bruit de mon coeur en mille morceaux.

Erreur FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant