Chapitre 34

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Je me réveille doucement, un bruit régulier arrive dans mes oreilles, une odeur aseptisé prends mon nez. J'ouvre les yeux, la lumière m'agresse. Je les referme aussi vite, j'ai trop mal. J'essaie de me souvenir pourquoi je suis ici, dans un hôpital , ça me revient dans l'esprit. J'ai été enlevé et mon amour a été tué. C'est ça, la sensation de cœur détruit que je ressens dans ma poitrine...

Je tente de rouvrir mes yeux, j'y arrive, non sans difficulté, mais j'y arrive. Je les frotte, ils piquent, puis j'observe un peu plus la chambre où je suis. Personne n'est là, ça me déprime. Les souvenirs de ce qu'il c'est passé arrivent dans mon esprit, je rapproche mes jambes de ma poitrine, les larmes coulent toutes seules sur les joues. Je pose mon visage sur mes genoux et je laisse la tristesse aller.

Seul du bruit me fait me redresser, j'essuie mes larmes, quelqu'un vient d'entrer dans ma chambre. Je me tourne vers la porte, à gauche, un médecin entre. Son sourire s'évanouit quand il me vois réveillé, les joues trempés, repliée sur moi-même. Il vient vers moi, un sourire compatissant se dessine sur ses lèvres.

-Bonjour mademoiselle Gomez ! Ça fait plaisir de vous voir réveillée ! Je suis le docteur Monroe.

-Bonjour. Je suis là depuis combien de temps ?

-Deux jours. Vous avez dormis deux jours complet, quasiment trois.

-Déjà ?

-Oui. Et je dois vous annoncer quelque chose, d'assez important. Puis-je ?

Il pointe le lit, il veut s'asseoir. Je hoche la tête, il peut s'installer. Il me remercie d'un sourire et s'assoit à côté de moi. J'ai jamais vu un médecin aussi familier...

-Bien. Quand on vous a amené ici, vous étiez très faible, votre coeur était extrêmement ralentit, vous avez fait un malaise cardiaque, du à un manque d'apport énergétique et parce que vous souffriez d'une déshydratation sévère. On a fait tout ce qu'il fallait pour que vous retrouviez un rythme cardiaque normal et j'ai demandé des examens plus approfondis pour savoir de quoi vous manquiez afin de vous prodiguer les meilleurs soins. Quand j'ai reçu les résultats, j'ai remarqué quelque chose qui m'a conduit à vous faire ça.

Il sort des papiers de son dossier et me les donne, ce sont des échographies. Je les regarde en même temps qu'il me donne des explications, je n'y crois pas.

-Sur les résultats, vous aviez un taux d'hormones correspondant à une grossesse à neuf semaines d'aménorrhée, soit sept semaines de grossesse. J'ai fait des échographies, ça a confirmé la nouvelle. Vous êtes enceinte de deux mois.

-Quoi ? Enceinte ? Avec tout ce que j'ai vécu ?

-Oui. Regardez.

Il prends l'échographie et me montre où est l'embryon, c'est vrai, je suis enceinte.

-L'embryon a très bien tenu malgré tout. Et on vous a donné ce qu'il fallait pour vos carences.

-Vous êtes sérieux ?

-Plus que sérieux.

-C'est... waouh...

-Je comprends, c'est assez important comme nouvelle.

-Important ? J'ai perdu mon compagnon il y trois jours et là, j'apprends que je suis enceinte.

-Vous avez été retrouvé cinq jours après la mort de votre compagnon.

-Cinq jours ? Comment vous le savez ?

-Je le sais parce qu'il y a eu une autopsie de faite quand on vous a sortis de l'entrepôt où vous étiez.

Mes épaules s'affaissent, je laisse tomber les papiers sur le lit. Cinq jours, j'ai passé cinq jours avec Caleb, mort, assassiné froidement.

-Mademoiselle ?

-C'est choquant de savoir ça, mais merci de me l'avoir dit. Et pour ce bébé, c'est complètement fou, je ne pensais pas tomber enceinte aussi vite.

-Ce n'était pas dans vos projets de vie ?

-Non, du tout. Caleb allait partir pour une tournée à travers les États-Unis et le Canada en septembre, moi je travaille et j'ai des envies d'évolution. Alors non, bébé n'était pas prévu dans nos vies.

-Êtes vous quand même heureuse ? Ou vous envisagez déjà mettre un terme à la grossesse ?

Je regarde le médecin, cette question, même si je viens de me réveiller et que je viens tout juste d'apprendre la grossesse, c'est une excellente question. Je repense à ma carrière, aux discussions qu'on a pu avoir avec Cal sur ce sujet et nous étions toujours d'accord : si je tombais enceinte, ce bébé, on allait le garder, quoi qu'il en soit. Et aujourd'hui, l'idée d'avorter, c'est inacceptable pour moi.

C'est le seul bébé que je pourrais avoir avec Cal, hors de question que je le laisse partir. Je ne laisserais jamais partir ma seule lumière dans l'obscurité qui m'a prise depuis la mort de Caleb.

-Je n'envisagerais jamais l'avortement. Jamais.

-Sûr ?

-C'est le seul bébé que je vais pouvoir avoir l'homme que j'ai jamais autant aimé, je ne vais pas le laisser.

-Comme vous le désirez. Maintenant, je vais vous examiner, prescrire ce qu'il faut et appeler vos parents.

-Merci. Et est-ce que ce serais possible d'écouter le cœur du petit ?

-Non, c'est encore trop tôt. D'ici quelques semaines on pourra l'entendre.

-D'accord.

Le médecin se lève, pose les papiers sur une table de chevet et m'examine avec douceur. Il me prescrit de quoi m'aider à ne pas craquer et des vitamines pour le bébé, ma sortie ne devrait pas tarder. Il va ensuite ouvrir la porte, j'entends de l'agitation. Je regarde ce qu'il ce passe, mes parents viennent d'arriver.

Ma mère est la première à venir me prendre dans ses bras, je l'entends pleurer à chaudes larmes, elle a du avoir si peur pour moi. Je craque aussi dans ses bras, je sens mon père nous rejoindre. Malgré les larmes de ma mère, je sens tout l'amour qu'ils me donnent, ça me fait un peu de bien. Elle finit par reculer, elle essuie ses larmes et me regarde. Mon père me regarde aussi et passe son pouce sur mes joues.

-Mon dieu, ma crevette, je suis désolée pour Caleb, désolée pour ce qui t'arrive. Je ne pensais pas que nos erreurs du passé allait t'impacter.

-C'est pas de ta faute maman. Je t'en veux pas. Et Caleb me manque déjà terriblement.

-Je n'ose imaginer ce que tu ressens.

-Je suis perdue, triste, complètement désemparée. Et j'ai l'impression que mon coeur est brisée en mille morceaux.

-Ma chérie, tu mérites pas ça, de souffrir autant.

Je me tourne vers mon père, surprise par ce qu'il vient de dire.

-Tu n'aimais pas Caleb papa.

-Il te rendait heureuse. Au fond, j'aimais te voir sourire à la vie, être bien avec lui. J'aurais dû te le dire plus tôt mon bébé.

-Merci papa.

Il prends ma main et la serre, ça me fait un peu sourire, mais la douleur reprends vite sa place.

-Je n'arrive pas à y croire que je ne le verrais plus jamais, ça fait si mal. J'ai l'impression qu'on m'a arraché le cœur, qu'on la piétiné et remis dans ma poitrine, complètement détruit. Je revois tout le temps le moment où il se fait tuer.

-Mon dieu, tu l'as vu mourir ?

-Je revois la balle pénétrer dans sa poitrine. C'était horrible maman. J'en ai hurlé.

Je craque de nouveau, mes parents tentent de me réconforter comme ils peuvent. Mon père vient me prendre dans ses bras et me berce doucement, sa chaleur, sa voix, ça me rassure, comme quand j'étais petite et que je faisais des cauchemars. 

Mon esprit s'apaise doucement mais mon père ne me lâche pas. Je ne m'endors pas, je veux juste profiter de la chaleur humaine.

Erreur FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant