chapitre 7 : captive

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Au lendemain, il ne restait presque plus rien des provisions qu’Elanor avait acheté la veille, à Ouestefel. Les orques avaient tout engloutis sans modération. Jusque-là, ils l’avaient laissé tranquille tandis qu’ils festoyaient copieusement leur repas.  Mais à présent qu’il n’y avait plus rien, la jeune fille était redevenue leur centre d’attention.

L’orque qui la transportait ne se privait pas de laisser sa main sur ses fesses pendant qu’ils marchaient. Elanor passait d’épaule en épaule, se faisant chaque fois peloter sous les rires gras des orques, et recevant parfois des coups de pieds lorsqu’ils s’arrêtaient.

Les larmes aux yeux, et sa fierté mise à rude épreuve, Elanor ne se laissa néanmoins pas abattre, se disant qu’à un moment ou un autre elle trouverait l’occasion de s’enfuir.

Cependant, ce n’était qu’un rêve, et à moins d’un miracle, cela n’était pas près d’arriver. Les orques n’avaient aucune intention de la détacher, et ils marchaient toujours plus loin vers l’Est, s’enfonçant dans une direction inconnue.

Elanor ne savait pas où ils allaient, ni si Maggi avait lancé quelqu’un à sa recherche. Elle n’avait pas grand espoir qu’ils la retrouve. Les orques avaient passés la lisière de la forêt il y a deux jours, et traversaient à présent une immense plaine déserte, qu’elle n’avait jamais vue. Elle se demanda pendant un instant si ce n’était pas les grandes plaines du Rohan, et cette idée la fit paniquer.

Car si c’était le cas, cela voudrait dire que les orques avaient marchés très vite, et qu’elle n’avait aucune chance d’être aidée aussi loin de chez elle.

Les orques grommelaient par instants des mots incohérents, se disputant entre eux. Elle ne parvint à discerner des bribes de mots comme « Isengard » ou « Saroumane » parmi leur langue étrange. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle n’en avait aucune idée. Mais elle était suffisamment terrifiée pour sentir que sa vie était en danger, et qu’il suffirait d’un caprice des orques pour qu’ils la tuent.

Peu importe ce qu’ils disaient, Elanor devina qu’ils parlaient le langage du Mordor. Les clients habituels de l’auberge lui avaient dit qu’il n’y avait pas de langage plus maléfique que celui-là, et que c’était celui des orques.

Elle pouvait bien les croire. Car le son de leur voix était désagréable, et elle ne souhaitait rien d’autre que de les entendre se taire. Elanor sentait à chaque fois la peur et l’horreur s’insinuer en elle, comme si les mots lui murmuraient des promesses macabres.

Au milieu de la matinée, la troupe d’orque ralentit le pas. Le soleil était haut dans le ciel, brulant la plaine dans une fournaise ardente. Les orques détestaient la lumière du jour, et se fatiguaient vite lorsque les nuages n’étaient pas assez nombreux pour le cacher. On disait qu’ils préféraient se déplacer la nuit. Les orques pestèrent dans la langue commune et s’écroulèrent par terre, soufflant bruyamment.

- Faisons une pause ! lança l’orque qui la portait.

Le chef acquiesça, et exténué l’orque fit tomber Elanor sur le sol sans la moindre délicatesse. Elle chuta douloureusement sur le dos et étouffa un cri lorsque son pied heurta une pierre. Elle sentit aussitôt une vive douleur enflammer sa cheville, et des larmes lui montèrent aux yeux.

L’orque se détourna et l’ignora, tandis qu’Elanor se recroquevillait par terre.

- D’accord, mais cinq minutes, pas plus, répondit le chef des orques. On est encore trop près de la cité des elfes. Nous devons rejoindre l’Isengard.

- Saroumane peut bien attendre. Celle-là est trop lourde ! J’ai faim !

- Tu t’es empiffré comme un porc hier soir ! La fille a à peine de la chaire sur les os, ne racontes pas de sottises !

- Tu n’as qu’à la porter !

Le chef des orques grogna, et l’orque belliqueux posa un regard noir sur Elanor.

Après quelques courtes minutes, il ordonna à la troupe de se remettre en route.

- Allez, debout ! Ugruz, fais la marcher si tu ne peux pas la porter ! Personne d’autre ne veut la prendre comme fardeau.

Les orques ricanèrent, et Ugruz s’approcha d’Elanor. Il sortit son épée et coupa les liens qui lui retenaient les jambes, puis la souleva violemment. Elanor hurla, sentant une douleur lancinante lui traverser le pied.

L’orque la poussa dans le dos, et elle chancela sur ses jambes.

- Allez, avance ! lui ordonna t-il.

Elle fit quelques pas, mais ne parvint pas à marcher. Elanor sentait les larmes couler sur ses joues, mais elle était plus en colère que terrifiée. Elle tenta de retrouver son équilibre en boitillant, sans parvenir à rester debout. L’orque poussa un soupir d’exaspération, et la poussa un peu plus brutalement en avant, ce qui eut pour résultat de la faire tomber de nouveau sur le ventre. Elanor s’écroula, avec autant de grâce qu’un paillasson, et geignit.

Agacé, l’orque l’attrapa par les cheveux, et tira sa tête en arrière à hauteur de son visage. Elanor sentit son sang se glaçer. 

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant