chapitre 8 : les monstres de Morgoth

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L’orque haleta, et elle arrêta soudainement de respirer en sentant l’haleine nauséabonde de sa bouche, et ferma les yeux. Elle essaya d’éloigner de son esprit l’image de ce visage gris et tuméfié de l’orque, et la sensation de son corps difforme qui sur elle.

- Arrêtes de faire la comédie, jeune humaine, où je détache tes jolies jambes de ton corps, lui susurra-t-il.

Il n’était pas amical du tout, et lui montra ses crocs acérés. Elanor n’avait encore jamais vu de dentition aussi lamentable que la sienne. Elle esquissa une mine de dégoût, et sursauta lorsqu’elle sentit la main de l’orque lui serrer la hanche, jusqu’à lui faire mal. Prit d’un élan de courage, Elanor affronta son regard et se mit à protester dans le bâillon qui l’empêchait de parler.

- Quoi ? s’exclama l’orque.

L’orque la regarda parler dans son bâillon, goguenard. Mais l’ombre de Shakh, le chef des orques apparut juste derrière eux à ce moment.

- Ugruz ! Qu’est-ce que tu fais ?

- Rien.

D’autres orques s’approchèrent, et l’un d’eux observa Elanor stupidement.

- Je crois qu’elle essaye de dire quelque chose, lança t-il à Shakh.

Ugruz lança un regard fulminant à l’orque. Shakh, le chef de la troupe,  arracha le bâillon de la bouche d’Elanor. Soulagée, elle put enfin respirer librement et cracha toute sa haine au visage de l’orque.

- Votre imbécile d’ami m’a blessé la cheville !

Elle désigna de la tête l’orque ingrat qui l’avait porté et fait tomber sur le sol. Ugruz recula, et feignit l’innocence. Shakh ne répondit rien, mais ses yeux se plissèrent, cherchant visiblement à savoir si elle disait la vérité. Il se détourna d’elle, puis brusquement lui attrapa les pieds.

Elanor hurla, de peur mais aussi de douleur car il avait empoigné sa cheville foulée à pleine main. Il lui enleva violemment ses bottes en cuir, et Elanor crut un instant qu’il allait la violer. Mais l’orque examina ses deux chevilles en serrant si fort qu’Elanor sentit sa tête tourner et elle eut un haut-le-cœur.  

- Elle dit la vérité, regardez sa cheville est enflée comme un ballon.

Elanor haleta, et soupira lorsque Shakh relâcha son pied. L’orque tourna la tête vers le coupable.

- Ugruz ! Imbécile !

Shakh se leva et assena un énorme coup de poing dans la tête d’Ugruz. Ce dernier poussa un jappement, et du sang noir gicla de son nez, puis il tomba en arrière soulevant un nuage de poussière.

Les autres orques s’écartèrent, et observèrent leur acolyte se faire passer à tabac.

Elanor se redressa sur ses coudes, et malgré sa vision trouble et son mal de tête, elle parvint à jeter un coup d’œil à sa cheville. Sa blessure n’était pas belle à voir. Sa peau avait bleuit, et son pied avait doublé de volume.

- Qu’allons-nous faire d’elle chef ? demanda un orque à Shakh, alors que celui-ci en avait enfin fini avec Ugruz.

Les orques se tournèrent tous vers elle, et Elanor eut alors un mauvais, très mauvais, pressentiment.

- C’est dommage de gâcher une si jolie pièce de viande, saliva un orque en la regardant des pieds à la tête.

- Elle va nous ralentir, nous aurions déjà dû être en Isengard, répondit Shakh.

- Que devons-nous faire d’elle alors ?

Le chef des orques tira son épée, un peu plus grande et mieux taillée que celles des autres orques. Des traces rouges étaient encore visibles sur la tranche de la lame ébréchée.

Elanor recula instinctivement, alors que l’orque s’avançait vers elle.

- Nous n’avons pas encore pu jouer avec elle, se plaignit un orque.

Le chef des orques parut réfléchir.

- La fille pourrait peut-être intéresser Saroumane. On la prend ! dit Shakh.

- Saroumane ? Ce vieux magicien ? Je ne savais pas que les filles l’intéressaient ! se moqua l’orque.

Le rire gras des autres monstres retentirent dans la plaine. Seul Shakh conserva son sérieux, et il regarda sévèrement ses compagnons d’armes.

- La ferme ! Saroumane n’aime que les objets de grande valeur. Et cette fille en possède un !

Les orques se turent, sachant qu’il parlait de l’épée elfique.

- Bon, allez. En route ! lança t-il.

Cette fois, ce fut Shakh qui la souleva, et Elanor se retrouva de nouveau à voyager sur le dos inconfortable d’un orque, les pieds nus. L’orque ne prit même pas la peine de ramasser ses effets personnels.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant