chapitre 46 : doutes

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Le départ de la communauté fut annoncé pour les semaines suivantes.

Cependant, Elrond ne leur donna pas de date précise. Il voulut d'abord s'assurer que le chemin était sûr et il envoya des éclaireurs à travers le pays, afin de sonder les Terres du Milieu.

Aragorn partit plus d'un mois avec les fils d'Elrond, Elladan et Elrohir. Ils revinrent après un long mois, et rapportèrent les nouvelles de ce qu'ils avaient vus à Elrond seul. Le sujet de leur conversation resta secret, mais finalement, Elrond annonça que la communauté devait partir les prochains jours.

Elanor commençait à réaliser l'étendue de ce qui allait se passer dans les semaines à venir. La communauté se mit en action, et tous commencèrent à devenir nerveux. Elle s'était jeté tête baissée dans un voyage qui n'allait pas être de tout repos. Surtout qu'elle était la seule femme.

Elle profita des derniers instants qui lui restaient à passer à Fondcombe, à se reposer et à tenir compagnie à Arwen, lorsque celle-ci ne disparaissait pas mystérieusement. Elanor la soupçonnait de fréquenter quelqu'un, car son comportement était étrange et à chaque fois qu'elle revenait son visage était radieux. Mais elle n'avait pas encore réussit à savoir qui était cet elfe chanceux.

Elanor adressa une dernière lettre à Maggi quelques jours avant leur départ, lui signifiant qu'elle ne rentrerait pas avant longtemps, si ce n'est une année entière. Elle s'excusa par avance de son absence, et lui promit de revenir dès qu'elle le pourrait. Cependant le cœur n'y était pas, et elle n'en avait pas très envie, même si l'auberge lui manquait.

Les elfes lui avaient donnés suffisamment de richesses pour qu'elle puisse subvenir à ses besoins lorsque la guerre serait finit. Elrond y avait veillé. Elanor prévoyait de rester définitivement à Fondcombe, car même si elle aimait sa famille adoptive, elle ne s'était jamais vraiment sentit à sa place parmi eux.

Elle ne savait pas combien de temps leur voyage jusqu'au Mordor allait durer. Cependant elle n'était pas prête à renoncer à son engagement envers Frodon, et ni à trahir sa parole devant les autres. Boromir semblait être celui qui attendait à ce qu'elle revienne sur sa décision d'un moment à l'autre. Cependant Elanor était bien décidée à tenir sa promesse.

Elle n'avait pas beaucoup vu le reste de la communauté ces dernières semaines. Gimli, Legolas et Boromir restaient dans leur coin et ne se montraient guère. Les hobbits étaient les plus enthousiastes, et Elanor passait la plupart de ses journées en leur compagnie. Elle avait découvert que Frodon était d'une gentillesse extrême, et qu'il était en tout point comme Bilbon le lui avait décrit. Sam était timide et très serviable, tandis que Merry et Pippin respiraient l'innocence et la bêtise.

Pippin plus que Merry, d'ailleurs.

Après le conseil, Elrond s'était muré dans le silence et s'était retranché dans ses activités. Il passait la plupart de son temps avec Gandalf dans son salon privé, à étudier de nombreuses cartes et Elanor ne le voyait presque plus, même pendant les diners. Cela l'attrista un peu, car Elrond était devenu un peu comme un père, et malgré elle, elle s'était habituée à sa présence.

Glorfindel la fit travailler encore plus durement. Elanor revenait en sueur à la fin de longues journées d'entrainement. L'elfe était inquiet de son départ avec la communauté, et il lui apprit en un temps record à manier les dagues, et toutes sortes d'autres armes, dont la lance et l'arc.

Elanor se révéla assez douée avec le maniement des dagues, car c'était des armes légères, et il fallait de la dextérité et de la souplesse pour les utiliser. Par contre, elle se révéla être une véritable catastrophe à la lance et au tir à l'arc. Glorfindel l'entraina à viser des cibles en paille, et ne cessa de lui répéter qu'elle devrait anticiper les mouvements de l'ennemi.

- Cette cible est immobile. Mais n'oublie pas que les cibles sont en réalité vivantes. Les orques bougent à une grande vitesse, malgré l'air crétin qu'ils peuvent avoir. Tu n'auras même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'ils t'auront tranché la gorge.

- Je le sais assez bien, merci, marmonna Elanor.

Glorfindel resta de marbre, et n'esquissa pas l'ombre d'un sourire. C'est pourtant la réaction qu'il aurait eu quelques semaines plus tôt. Il était beaucoup plus tendu depuis que le conseil avait eu lieu, et sa joie de vivre avait fait place à la dureté et à la froideur d'un guerrier expérimenté.

Elle savait qu'elle en était la cause, car il n'était pas content de sa décision. Mais il avait décidé de la respecter et de la préparer aux pires épreuves. Ainsi, elle écouta attentivement tous les conseils de l'elfe, et fit en sorte de s'appliquer à exécuter tout ce qu'il lui demandait. Voir la déception dans son regard était la dernière chose qu'elle voulait.

Elanor plissa les yeux, essayant de visualiser le meilleur angle et tendit la corde de son arc. La flèche partit dans un claquement sec, et effleura la cible de quelques centimètres.

- Etires un peu plus le bras quand tu tends la corde, lui conseilla Glorfindel. Regarde.

Il lui prit l'arc des mains, et se mit à sa place. Il tendit l'arc avec puissance et élégance, et la flèche fusa et atterrit en plein dans la tête de la cible.

Elanor resta les bras balans, dépitée. C'était à chaque fois la même chose, lorsqu'il tirait.

- A toi, maintenant.

Glorfindel lui retendit l'arc. Elanor le prit, et tendit une nouvelle fois la corde. Elle essaya de suivre les conseils de l'elfe, mais une courbature lui pressa l'omoplate et elle lutta quelques secondes avant de relâcher la corde. Sa flèche alla se loger dans le bras de la cible.

Glorfindel la félicita.

- C'est mieux, mais ta flèche ne sert à rien, si elle ne tue personne. Tu dois viser en priorité les points vitaux de la cible. La tête, le cœur, et là où se trouvent les artères. Si tu touches ces endroits, la victime se videra de son sang en moins d'une minute.

Elanor esquissa une grimace de dégoût. Elle n'était pas sûre de pouvoir faire ce que Glorfindel lui disait sur une cible vivante, même sur un orque. Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait.

Après quelques autres tirs mieux réussis, mais cependant pas très exceptionnels, Glorfindel finit enfin par la congédier.

L'elfe repartit en direction du palais, mais Elanor resta seule dans les jardins. Elle continua à s'entrainer seule, à l'abri des regards. Les heures passèrent à une vitesse folle, et elle ne s'en aperçu que lorsque ses doigts commencèrent à devenir douloureux à cause du frottement répétitif avec la corde de l'arc. La nuit était tombée depuis longtemps, et Elanor ne voyait encore que grâce à la pleine lune qui brillait au-dessus de sa tête. Mais elle s'en fichait.

Les orques attaquaient n'importe quand, et la nuit était leur moment préféré de la journée. Elanor se dit qu'elle s'entrainerait toute la nuit si cela pouvait l'aider à progresser. Elle devait y arriver !

Sa haine et sa peur des orques la poussa à encocher une autre flèche. Elle banda son arc avec concentration, et décocha sa flèche. Celle-ci vola à gauche de la cible, et alla se planter dans un bruit sourd contre un arbre.

Quelque chose tomba alors brusquement sur le sol.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant