chapitre 37 : Beren et Luthien

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Sa curiosité fut piquée à vif, et elle sortit de sa somnolence pour l’écouter.

Longues étaient les feuilles, verte l'herbe,
Les ombellules hautes et belles,
Et dans la clairière on distinguait une lumière
Celle d'astres scintillants dans l'ombre.
Là dansait Tinúviel
Sur la musique d'une lointaine flûte,
Et la lumière des étoiles dans ses cheveux,
Et une lueur dans sa capeline.

La voix de Lindir était douce, et toute la salle s’était tue pour l’écouter. Elanor se laissa porter par son chant, fascinée par l’intonation et les mots de l’elfe. Il avait une voix magnifique.

Là vint Beren des froides montagnes,
Et il erra perdu sous le feuillage,
Et là où coulait la rivière elfique
Il marcha seul et chagriné.
Son regard perça entre les feuilles de cigüe
Et il vit émerveillé des fleurs d'or
Massées sur son manteau et sur ses manches,
Suivant l'ombre de sa chevelure.

L'enchantement allégea ses pieds las
Qui à travers monts éternellement erraient ;
Il s'empressa d'avancer, fort et vif,
Et se saisit des faisceaux scintillants de la Lune.
À travers les bois entremêlés du foyer d'Elfinesse
Elle s'enfuit légèrement les pieds dansants,
Et le laissa seul encore à errer
Dans la silencieuse forêt aux aguets.

Quand l'hiver passa, elle vint encore,
Et soudain son chant libéra le printemps,
Ainsi le réveil de l'alouette, la pluie tombante,
Et le bouillonnement de l'eau libérée.
Il vit le printemps des fleurs elfiques
Autour de ses pieds, et encore fut apaisé
Il espéra sa danse et son chant
Sur l'herbe sereine.

Elle s'enfuit encore, vif il la suivit
Tinúviel ! Tinúviel !
Il l'appela de par son nom elfique ;
Et elle s'arrêta alors écoutant.
Un instant elle s'arrêta, et un sort
Sa voix jeta sur elle : Beren venait,
Et le destin s'abbatit sur Tinúviel
Qui dans ses bras tombe rayonnante.

Comme Beren regardait en ses yeux
Dans l'ombre de sa chevelure,
La frissonnante clarté des cieux
Il vit là reflétée miroitante.
Tinúviel le trésor d'elfinesse,
Immortelle vierge à la sagesse elfique,
Enserra sur lui l'ombre de sa chevelure
Et ses bras brillant comme l'argent.

Longue fut la voie que la fatalité leur infligea
Au-delà des monts pierreux, froids et gris,
Par les couloirs dorés et la porte ténébreuse,
Et d'obscurs bois sans lendemain.
La mer de la Séparation se rua entre eux,
Et une dernière fois ensemble furent,
Et ils partirent antan
Chantant sans chagrin dans les bois.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant