chapitre 47 : rencontre nocturne

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Elle vit alors une ombre, puis quelque chose ayant la forme d'un homme se relever agilement sur ses pieds et s'avancer vers elle. Elanor le reconnut aussitôt, car sa chevelure brillait d'un blond argenté dans le noir de la nuit.

- Legolas ! Vous m'avez fait peur, s'exclama t-elle.

L'elfe s'immobilisa.

- Veuillez m'excusez, dit-il en levant les mains.

Elanor eut envie de le gifler pour lui avoir fait une telle peur. Elle se sentit soudainement perdre toute sa superbe et la tension dans ses épaules tomba. Elle sut qu'elle venait de se ridiculiser en ayant peur d'un simple bruit.

Elle ne regarda pas l'elfe dans les yeux, car elle s'attendait à y voir une lueur goguenarde.

- Que faites-vous ici ? demanda-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne le voulait.

- Je vous observais.

Elanor leva les yeux surprise, et cette fois le dévisagea.

- Pourquoi ?

- Vous tenez mal votre arc, lui répondit Legolas.

Elanor haussa les sourcils.

Il n'y avait aucune considération dans le ton de sa voix, et l'elfe était complètement indifférent à l'état dans lequel elle se trouvait.

Elle sentit sa colère remonter d'un coup, et ses joues devinrent cramoisies. Il n'y avait aucune méchanceté dans l'expression de l'elfe, cependant elle se sentit profondément vexée. Pourquoi ? Peut-être parce qu'elle avait passée toute la journée à essayer de dégommer cette satanée cible en forme d'épouvantail, sans succès.

L'ignorant, elle baissa les yeux sur ses mains et serra son arc jusqu'à s'en blanchir les jointures. Elle se tourna vers la cible, et se remit en position pour tirer une autre flèche.

- Non, pas comme ça, l'interrompit l'elfe.

Soupirant, Elanor relâcha la corde de l'arc.

- Plus haut le coude.

Elanor sursauta lorsqu'il tapota son bras. Elle ne l'avait pas vu s'approcher.

- Le seigneur Glorfindel me l'a appris ainsi ! se défendit-elle.

Legolas plissa des yeux.

- Et à ce qu'il semble vous ne l'avez pas écouté.

Elanor ouvrit la bouche, offusquée.

- Pardon ?!

- Je ne fais qu'une simple constatation.

Elanor avait passé des journées avec Glorfindel à s'entrainer, et à s'appliquer du mieux qu'elle pouvait dans ses exercices. Comment pouvait-il insinuer qu'elle avait fait la sourde oreille durant son entrainement ? Lui qui n'avait quasiment rien fait depuis qu'il était arrivé, et qui n'avait même pas prit la peine de s'entrainer avec les autres.

Elanor eut soudain envie de le planter là et de rentrer pour se coucher.

- Souhaiteriez-vous mon aide ? demanda Legolas précautionneusement.

Elanor le dévisagea, et voulut lui répondre que non, elle pouvait s'en passer. Cependant, l'elfe paraissait vouloir simplement l'aider, et il affichait une expression d'interrogation. Elanor fn'eut d'autre choix que d'accepter.

Après tout, elle n'avait pas envie de se mettre à dos le seul de la communauté qui semblait l'avoir acceptée.

- Pourquoi pas, vous pourrez ainsi me montrer si votre méthode vaut mieux que les autres, dit-elle le mettant au défi.

Legolas accepta d'un signe de tête, sans relever la remarque. Sous les conseils de l'elfe, elle encocha la flèche, puis fit une nouvelle tentative.

- Tendez légèrement votre bras vers l'extérieur. Oui. Plus à gauche. Maintenant... lâchez.

Sa flèche effleura la cible. Elanor la regarda disparaître derrière les arbres, dépité.

- Ah, ce n'était pas très bon, déclara Legolas.

- Merci pour vos encouragements, Glorfindel est beaucoup plus motivant, vous savez ? dit Elanor.

Legolas croisa les bras, son visage était caché par les ténèbres. Elanor aurait pu jurer qu'il s'était rembrunit.

- Si ça ne vous dérange pas, je vais continuer mon entrainement seule. Il semble que votre présence n'arrive pas à résoudre ma médiocrité, déclara Elanor, découragée.

- Vous n'arriverez qu'à vous fatiguer encore plus, Dame Elanor, dit Legolas.

C'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom, et malgré la tension présente entre eux, il lui parla d'une voix très douce qui arriva à apaiser sa colère.

Elle se sentit tout à coup un peu coupable. Legolas n'était pas méchant. Même s'il manquait un peu de tact. Il l'avait espionné, certes, il lui avait fichu la plus grande trouille de sa vie, mais à part ça, il voulait juste l'aider à progresser.

Elanor se dit qu'elle avait peut-être eut une réaction disproportionnée, et sa colère retomba.

- Vous avez raison, excusez-moi, dit-elle d'une voix lasse.

Elanor sentit la fatigue remonter dans son corps, et elle posa son arc par terre, et s'assit dans l'herbe.

- Vous vous entrainez durement, dit Legolas.

- Oui, mais apparemment ce n'est pas assez, lui répondit-elle.

- Il vous faut du temps. Vous êtes trop exigeante avec vous-même. Vous avez peur de décevoir le seigneur Elrond. Et en même temps, vous voulez faire vos preuves.

- Comment savez-vous...

Elanor le regarda avec stupeur, et se demanda comment l'elfe avait pu aussi facilement lire dans son cœur.

- Il n'est pas difficile de le voir. Après tout, vous êtes la seule femme de notre compagnie. Je dois dire que j'ai été surpris lorsque vous vous êtes portée volontaire. Je ne m'attendais pas à ce que...

- ... une femme veuille se battre ?

Legolas acquiesça.

- Je m'en doutais, répondit Elanor. C'est ce que tout le monde pense, après tout. Je ne suis pas faite pour me servir d'une épée, ni d'un arc.

- Détrompez-vous, répliqua Legolas. Vous n'êtes pas la seule. Il y a des femmes dans mon peuple qui se battent. Elles sont rares, cependant il est vrai. Mais elles existent.

Elanor tourna la tête vers l'elfe, surprise. Le royaume de Legolas devait être bien étrange, et très différent de ce qu'elle connaissait ici.

- Je ne le savais pas. Mais vous êtes un elfe, c'est différent. Les hommes ont un point de vue différent sur la chose. Les femmes ne sont bonnes qu'à être... mariées, dit-elle maussade.

Elle repensa à sa sœur adoptive, qui n'avait que trois ans de plus qu'elle et qui était déjà mariée et avait un enfant d'un an. Maggi n'avait cessé de la presser de faire la même chose, ce qu'Elanor avait toujours refusé.

Legolas hocha la tête.

- C'est peut-être vrai. Cependant, il n'est guère bien vu chez nous aussi d'envoyer des femmes sur le champ de bataille.

Elanor le dévisagea.

- Ne doutez pas de vous. Vous avez votre place parmi la communauté, déclara Legolas.

- Vous devez être le seul à penser cela, dit-elle tristement.

- Non.

Legolas s'assit à côté d'elle. Elle tourna la tête, surprise, se demandant ce qu'il voulait dire.

- Je ne pense pas être le seul, ajouta t-il.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant