XXXVI - Le poulpe chasse et gagne

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Nous avions terminé notre journée et étions allés récupérer le blondinet après les cours pour le ramener dans notre tanière. Si j'avais opté pour les yeux noirs et méchants, Max grognait franchement. S'il avait été protecteur avec moi, il me semblait que c'était bien plus fort pour notre nouveau membre familial. Même si ce n'était pas véritablement le cas, je savais qu'il n'y avait que le temps qui nous séparerait de cet état de fait : nous avions une nouvelle tête à claques disponible. Lorsque nous arrivâmes à l'appartement, je fus surpris de voir Papy accompagné du poulpe saveur cannelle. Je réfrénais une envie subite de presser le pas. Sans nous laisser le choix, Papy nous avait accompagnés. Il entra et commença le tour de l'appartement.

— Non, décidément, cela n'ira pas. Les travaux à réaliser au-dessus sont importants. Le temps que tout se prépare, cela n'ira pas, pensa tout haut un Papy fronçant les sourcils.

Je le regardais faire en penchant un peu la tête sur le côté. Alexis ricana. Évidemment, Pepper fit son apparition.

- Dis donc le décoloré ! On ne se moque pas de mon husky au cul olympique, cracha une Pepper en forme.

- Heu ... Désolé miss Pepper ... Mais avec la tête comme ça, on dirait vraiment un husky !

- Ah oui ! T'as raison ! Mais n'empêche ! Tu te rends compte ! S'il prend la mouche et ne nous prépare pas ses lasagnes ? Parce que tu n'as jamais goûté ses lasagnes, je parie. C'est à tomber ! Je ne sais pas comment il s'y prend mais c'est ... Enfin tu verras. Je les adore.

- Les lasagnes ? se moqua Alexis.

- les deux, mon chou ! Suis un peu !

J'étais ébahi. La dynamique entre ces deux-là était presque immédiate et surtout Alexis avait reconnu Pepper immédiatement. Je me sentais trahi. Et exploité. Je ne leur ferai pas les lasagnes, tiens.

- Et merde ! Les lasagnes, c'est foiré ! Tu pouvais pas te taire ! Ces blonds, alors !

- Hey ! C'est discriminatoire, ronchonna Alexis.

- J'ai droit ! Je suis roux !

- Pas faux ! Check !

Et de nouveau la mâchoire décrochée, j'assistais à la scène improbable d'un fist bump entre les deux. C'était une habitude qui s'était répandue depuis que Wanda et Jimmy utilisaient ce moyen de se féliciter l'un et l'autre. Je me retournais vers Papy pour me plaindre que j'étais une pauvre chose délaissée et exploitée lorsque je remarquais son sourire satisfait. Il prit doucement la parole.

- Oui, oui, oui, oui ... Ça ira. C'est très bien comme cela, pensa-t-il tout haut.

Je n'y tins plus et entrai dans la danse.

- Papy, qu'est-ce qu'il se passe encore dans votre petite tête de calculateur machiavélique et désaxé ?

- Oh, mais rien qui ne te soit fondamentalement désagréable, mon petit Sam, répondit-il beaucoup plus mielleux que je ne l'aurai attendu.

- On accouche Papy ou je sors les forceps !

- Bon très bien. Tu l'auras voulu. Vivre à trois ici ce ne sera pas possible. C'est bien trop petit. Il va falloir se réorganiser.

- La niche du chien est dans la cour intérieure pour le blondinet, répondis-je immédiatement.

Max renifla et essuya une larme fictive.

- C'est mon petit ! C'est moi qui l'ai fait ! Je suis tellement fier ! Viens ici que je te fasse un gros poutou !

Évidemment, je ne reculais pas et souris de toutes mes dents. Prends ça le blondinet. Papy riait. Le blondinet en question me fusillait du regard mais Jimmy, lui, avait un regard de prédateur qui savait qu'il avait déjà gagné. Je sentis l'entourloupe immédiatement.

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