Nous en étions aux essayages dans une énième boutique lorsque Max commença à se perdre dans l'admiration qu'il avait de mon beau cul. Évidemment, il en faisait trop ce qui, irrémédiablement, attira le vendeur qui s'empressa de lui donner raison. Je commençais de nouveau à me sentir vraiment mal, je n'étais pas très à l'aise avec mon corps et j'avoue ne jamais l'avoir considéré comme digne d'attention. J'habitais dedans, j'en prenais soin comme n'importe qui mais je ne l'avais jamais vraiment regardé. Et puis qui regardait des fessiers ? Vraiment ? Oui bon... Apparemment, d'après le spectacle que j'avais sous les yeux, tout le monde sauf moi. Je fermais le rideau de la cabine d'essayage devant les deux paires d'yeux admirateurs qui me gênaient. Je n'achèterai pas cette paire de jeans. Voilà qui ferait ma vengeance. J'avais enfin remis mes propres vêtements amples et confortables quand je tombais sur mon visage se reflétant dans le miroir.
Je fus surpris par mon reflet et pourtant, oui, c'était bien moi. J'avais perdu mes joues poupines. Mes cheveux avaient continué leur croissance lente. Qui était ce gars que je voyais dans le miroir ? Où était le jeune homme encore à l'allure adolescente que j'avais l'habitude de rencontrer. Pourquoi cela me frappait maintenant alors que je voyais mon reflet tous les matins. Je restais immobile, interdit, me fixant de plus en plus sur la longueur de mes cheveux. Cela avait dû durer un bon moment puisque je surpris dans le reflet la tête de Max, les sourcils froncés.
- Alors le husky ? T'en met un temps !
Je ne répondis pas vraiment reprenant ma fixation capillaire en essayant de trouver ce qui clochait. Pourquoi mes cheveux me semblaient-ils si importants. Je sursautais quand je sentis Max derrière moi avec son air préoccupé.
- Qu'est ce qu'il t'arrive ?
Je restais silencieux caressant les mèches de mes cheveux, fronçant les sourcils pour me concentrer sur ce qui manifestement m'échappait. Cela me fuyait. Dès que mes pensées semblaient se fixer, tout s'évaporait à nouveau. Une vaste brume et ce reflet qui me fascinait. Je touchais mon visage, mes cheveux encore tout en me regardant dans les yeux tout en essayant de chercher mon ancien reflet. J'avais un visage presque nouveau, plus dur, plus masculin. Il semblait que j'eusse beaucoup maigri également. Mes yeux étaient toujours vairons donnant à mon reflet cet aspect fantastique qui faisait souvent s'arrêter les regards.
- Sam ? Sam ?
La voix de Max traversa le brouillard comme à chaque fois qu'il m'appelait. Je frémis et tournais le visage vers mon sauveur, parce que c'était bien ce qu'il était à ce stade de ma vie.
- Ça va ? demanda-t-il doucement.
Il passa lentement sa main sur le dessus de ma tête tout en m'ébouriffant au passage.
- On dirait que tu as vu un fantôme ? ricana-t-il pour nous deux.
- Non, c'est juste que ... Je sais pas ... J'ai été surpris je crois.
- Ben c'est sûr que t'as changé ces derniers temps, le nombre de gars que j'ai dû éloigner de ton cul rien que la semaine dernière.
- Arrête de te moquer, Max.
- Oh non petit chiot ! C'est toi qui ne vois rien ! Tu leur fais l'effet d'un viagra géant avec des pattes ! Avec effet direct dans le boxer. Le boss a du nez quand il s'agit d'appâter les clients ! Tes tables sont toujours pleines !
Devant mon air absolument outré, Max éclata de rire et me dirigea vers les caisses. Nous payâmes nos petits achats mais sans les jeans moqueurs. J'avais gardé un fond de fierté malgré l'air de tragédienne de Max absolument outré que je ne puisse pas lui céder sur ce point. Nous sortîmes de la partie shopping et je traînais cette fois mon Max dans les petites supérettes pour acheter le nécessaire d'un bon repas. Ce soir je cuisine pour lui c'est décidé, je pouvais au moins faire cela pour lui. L'anxiété avait un peu reflué devant la perspective de cuisiner un peu pour quelqu'un qui manifestement apprécierait.
Chemin faisant nous étions rentrés dans l'immeuble de Max et avions grimpé dans les escaliers en plaisantant. Max me reprochait tellement.
- Mais enfin le husky ! Tout ce vert ! Je ne suis pas un lapin figure-toi !
- Puisque je te dis que c'est bon pour la santé et que tes nouilles instantanées ne constituent pas un repas sain.
- T'as choppé ces conneries où ? T'as vu ma ligne ?
- Ecoute, tu goûtes et si ça ne te plaît pas je te cuisinerai de l'eau bouillante pour les nouilles ! Ça ira ?
- T'es dur en affaire, grommela Max à moitié vaincu et commençant à comprendre que j'étais une tête de mule.
Nous étions arrivés devant la porte lorsque nous vîmes une petite note écrite à la main. L'écriture était extrêmement élégante et très belle à voir. Max s'en saisit puis blanchit. Les mains légèrement tremblantes, il ouvrit la porte et entra sans dire un mot puis se dirigea directement vers le côté salle de bain. Il avait laissé la note sur la petite table du salon. Celle-ci disait simplement :
"Il est temps Max. Tu as tes obligations qui t'attendent ce soir. Pars comme d'habitude, je récupère le petit et je lui ferai l'honneur de nos soirées. Fais ce que tu penses être le mieux. Ton papy qui t'aime espèce de grand imbécile."
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Pour vivre
General FictionC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...