Après cette douche bizarre, selon mes critères, nous nous étions habillés façon confort d'intérieur. Jimmy disait plutôt sportswear, mais j'avais eu envie de le contrarier. Il avait ricané puis soupiré. Comme, évidemment, je n'avais aucun vêtement de ce type, mon espèce de beau brun m'avait refilé ses propres vêtements. J'étais donc empaqueté dans un tas de choses que je ne portais absolument jamais. Un genre de pantalon de jogging, j'avais décidé que j'appellerais ça pantalon d'intérieur, et un sweat à capuche, appelé machin molletonné à capuche avec deux grandes poches, composaient ma seule tenue. Cela me semblait un peu irréel. J'étais dans les vêtements de Jimmy. C'était une sensation nouvelle sur ma peau. C'était très sensuel. Toutefois, ça l'était beaucoup moins que ce qui avait suivi. Jimmy avait décidé de regarder pour la millième fois la série entière des films Harry Potter. J'aimais son côté grand enfant. Il avait fini par s'endormir, sa tête posée sur le creux de mon épaule. Pour la première fois, je le tenais entre mes bras. Je m'étais déplacé de façon à être confortable. J'avais eu rendez-vous avec Morphée presque immédiatement. Lorsque j'ouvris un œil, la nuit était tombée et les équipements TV étaient éteints, nous laissant juste éclairés par l'extérieur. Jimmy avait passé sa main sous mon machin à capuche et caressait doucement mon flanc. C'était doux et relaxant. J'avais émis une sorte de ronronnement.
- Dis, petite pomme, ça te dit un thé et quelques cookies ?
- Jimmy, t'as vu l'heure, ça ne doit pas être le temps de ce genre de collation.
- Colla quoi ? Bah, on s'en moque, de toute façon nous sommes libres. On peut boire un thé quand on le souhaite, non ?
Ça se défendait, je n'avais juste jamais vu la vie de cette façon. Je n'avais pas envie de préparer un thé, j'avais juste envie de rester comme j'étais à savoir vautré dans le divan avec Jimmy affalé sur moi. Je n'avais jamais été aussi apaisé de ma vie. Le ricanement de Jimmy me sortit de mes pensées.
- Pourquoi tu ris ?
- Parce que tu ronronnes vraiment et que ça me donne envie de te bouffer tout cru !
- Jimmy ! Arrête de dire ... enfin ... Arrête de dire ça !
- Pourquoi ?
- Ben c'est gênant !
- Pas du tout !
S'en suivit une partie de chatouillis qui me mit les larmes aux yeux. Je ne me souvenais plus de la fois où j'avais ri autant. C'était libérateur. Je me sentais encore plus apaisé si cela était possible. Sans réfléchir, je déposais un baiser sur le front de mon tortionnaire qui s'arrêta immédiatement tout en m'offrant un large sourire rempli de dents blanches absolument parfaites. C'était bien un Américain, tiens ! Et ne la ramenez pas ! J'ai envie de donner dans le cliché, c'est mon récit, je fais ce que je veux ! Nous en étions là de notre petite vie tranquille lorsqu'une sonnerie de téléphone retentit dans l'appartement. Jimmy fit un bond athlétique. Enfin, moi, ça me semblait athlétique parce que si j'avais osé le même mouvement, j'aurais eu la grâce d'un hippopotame bourré. Jimmy sourit en regardant son appareil et sa position m'indiqua que c'était une visioconférence qui était en cours. Il avait changé de langue, parlant rapidement un anglais américain que je n'arrivais pas à suivre. Je notais mentalement le fait qu'il fallait que je prenne des cours de langues. Cela amena mon cerveau malade à des tas d'activités avec des langues et je finis par me trouver carrément pervers.
Jimmy babillait à l'aise en faisant des allers et retours dans l'appartement, retournant parfois l'appareil pour montrer la cuisine avec fierté. Bon, j'avais carrément amélioré cette cuisine. À croire qu'au départ, elle n'avait existé là que parce qu'elle était fournie avec l'appartement. Maintenant, il y avait toujours des cookies sous cloche, des appareils, les thés et leurs séries d'ustensiles absolument nécessaires. Jimmy parlait avec un homme qui riait au moins autant que lui. J'étais jaloux. C'est alors que des éclats de voix surgirent et qu'une voix de femme finit par prendre le dessus sur la voix masculine. Le visage de Jimmy se fit plus tendre et il montra de nouveau les aménagements de la cuisine avec fierté. C'est à ce moment précis que je compris que la langue avait encore changé.
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Pour vivre
Художественная прозаC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...