J'avais enfin réussi à m'extraire du lit refusant de me montrer nu de nouveau à Max qui, lui, riait de plus belle. Il avait finalement consenti à me filer de quoi me vêtir au minimum. J'étais donc dans un des caleçons américains de Jimmy et un de ses hoodies. Le sous-vêtement, Max ne m'avait pas laissé le choix. Le hoodie, je ne lui avais pas laissé choisir. Je trouvais que c'était un bon compromis. Il m'avait regardé préparer le sacro-saint thé. Il me fallait au moins ça pour retrouver prise avec le réel. Nous nous étions installés tranquillement dans la partie salon à même les zabuton, ces coussins à la japonaise posés directement sur le sol identiques à ce que nous avions chez Shimura-sensei et que j'avais imposé pour la soirée précédente. Je n'avais pas cru que l'effet puisse être aussi détonnant pour Jimmy. Et puis tout me revint de la nuit et je rougis.
- Alors, comme ça, c'est fait ? Mon bébé husky est devenu un bel husky qui pend la langue et en redemande, susurra gentiment un Max plus près de Pepper qu'il ne le pensait sans doute.
- Quoi donc, Max ?
- Oh, arrête ton char, Ben-Hur ! Oh là ! Elle est vieille celle-là ! Oh mon gode ! Je vieillis ! J'ai des rides ? Dis-moi si j'ai des rides ! Pire ! Est-ce que je perds mes cheveux ? Regarde la ligne frontale ! Toujours stable ? Et derrière ? Pas de tonsure de moine ? Tu sais comme je hais les moines ! Déjà, ils ne savent pas s'amuser ! Non, mais vraiment ! Des chants grégoriens ! Ça manque de rythme ! Ça manque de blues ! Et honnêtement, ces bures ! Tout sauf sexy ! Moi je te le dis ...
- Max, l'interrompais-je soudainement en me retenant de rire. Est-ce que tu connais le terme de logorrhée ?
- Non, pourquoi ?
- Tu devrais ! Vraiment ! Tu n'es comme ça que lorsque tu es nerveux ou inquiet. Qu'est-ce qui te tracasse ?
Max baissa soudainement les yeux puis la tête, soupirant profondément et recouvrant un sérieux que je ne lui avais jamais vu. Je réalisais que Jimmy avait compris avant moi que Max avait besoin de parler et que nous avions tous les deux la nécessité de nous retrouver dans notre bulle, cet espace en dehors du temps où nous existions lui et moi depuis qu'il m'avait trouvé.
- Tout va bien, demanda-t-il doucement.
- Oui, Max, tout va bien.
- Il ne t'a pas forcé, hein ?
Je ne comprenais pas exactement ce que Max voulait me dire. Avec lui, il fallait creuser, deviner les intentions. Max, contrairement à Pepper, était un garçon discret et terriblement gentil. C'est à cet instant que je compris ce qu'il sous-entendait. Pour lui, ce premier éveil des sens ne s'était pas vraiment passé idéalement, c'était un euphémisme. Je sentis les larmes me monter aux yeux à l'idée d'imaginer le lendemain de Max. Il avait été seul, lui.
- Non, Max, Jimmy n'a rien forcé. J'ai juste mis la dose un peu trop forte et les choses se sont passées. C'était parfait comme ça devait l'être, lui souriais-je.
- Oh ! Alors je suis heureux. Je voulais que ce soit parfait pour toi. Je le voulais vraiment.
- Merci Max. Pour toi aussi un jour tout sera parfait, tu sais.
Une larme coula sur sa joue, il l'essuya rapidement.
-Tu sais, mon husky, le lendemain pour moi, j'ai passé la journée à me retenir de vomir et à chercher un endroit où me doucher encore et encore. J'étais sale, tu comprends. Je refuse que ça t'arrive. Jamais, tu m'entends ?
Je ne sus que penser de cet aveu si rare alors je le pris doucement dans mes bras, le consolant comme je le pouvais.
- Tu sais, Max, tu m'as déjà sauvé. Je te dois tellement.
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Pour vivre
Fiksi UmumC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...