Sans trop savoir comment, je me retrouvais dans le centre commercial avec un Max totalement surexcité. On aurait dit une bande d'accros du shopping juste avant l'ouverture des soldes mais concentrée dans une seule pile électrique suractivée. Il babillait à m'en étourdir. J'avais arrêté de réellement y porter attention pour me concentrer sur ce que je faisais dans un centre commercial que je ne traversais d'ordinaire que pour me rendre dans les gares souterraines et entamer mon retour chez moi. Pardon, mon ex-chez-moi. J'avais toujours du mal à m'habituer au concept. Pourtant ce simple changement m'avait apaisé plus qu'il aurait dû et beaucoup trop rapidement en plus. Je pensais beaucoup à l'avenir également. Je ne savais pas du tout ce qu'il me réserverait. Il semblait bien que je sois le seul que cela inquiétait vraiment.
Max parlait et parlait. Je ne l'avais jamais vu aussi animé. Il était solaire et plus qu'il ne l'avait été jusque là, comme s'il avait trouvé un trésor. Et ça juste parce que j'avais accepté de venir avec lui pour découvrir des boutiques. La première dans laquelle il me traîna ne me plut pas du tout. Très bariolé, trop de couleurs vives et de motifs proprement affreux déclenchant une grimace à chaque regard. Je me demandais comment les vendeurs arrivaient à ne pas devenir aveugles dans ces conditions. Max, ayant remarqué ma grimace à peine dissimulée, me prit par la main pour me tirer vers une autre boutique un peu plus loin. Il me tenait la main. Aucun homme ne m'avait tenu la main depuis que j'étais môme. Cette simple pensée de savoir que tout le monde voyait, que tout le monde déduirait, que tout le monde jugerait me noua l'estomac. Cela commence comme une petite crispation de l'estomac qui s'étendit aux reins puis doucement gagnant un muscle puis deux, bloquant tout y compris ma respiration. Pris de vertiges, je m'arrêtais brusquement sous l'oeil scrutateur de mon ami.
Il ne dit rien. J'avoue que je me demandais d'où venait le changement de bruit de fond. Je respirais bizarrement et je sentais bien que quelque chose était en train de me dissoudre. C'était à la façon d'une goutte d'encre qu'on laisse tomber dans un verre. D'abord concentrée sur un point, la couleur noir se répandait dans tout le verre, petit à petit, et polluait tout. Je commençais à sentir ma gorge se serrer me donnant encore plus de difficultés à respirer. Max plissa rapidement les yeux et lâcha ma main.
- Oh, le husky, regarde-moi. Respire.
- Peux pas ... étouffais-je à moitié.
Il ne fallut que quelques secondes à Max pour m'éloigner dans un coin tranquille et me faire asseoir à terre. Heureusement. La terre continuait de tourner mais apparemment mes pieds ne semblaient plus être soumis à la gravité. C'est étrange que de se sentir fixe par rapport au mouvement rotatif de la planète. Note pour moi-même : elle tourne vite cette planète.
- Oh ! Qu'est ce qu'il se passe ? Respire en même temps que moi.
Et j'essayais de suivre le mouvement de Max alors que les nausées m'assaillaient de toutes parts. Petit à petit en me concentrant sur la voix qui arrivait à percer le noir qui m'entourait, je parvenais à mieux respirer. J'eus besoin encore de quelque temps avant de recouvrer mes esprits. Je suivais le rythme que Max m'imposait doucement. Je n'avais aucune idée de ce qu'il s'était passé. Je me sentais mieux c'est tout ce que je voulais savoir au moment présent. Quand il vit que le pire semblait s'éloigner, Max s'assit juste à côté de moi à même le sol.
- C'est la main, c'est ça ? demanda-t-il doucement.
- Je sais pas, je ne comprends pas ce qu'il s'est passé.
- Moi je sais, répondit-il plus sérieux que je ne l'avais jamais connu. C'est une crise de panique. Elles sont en train de gagner. Tu ne peux pas les laisser gagner mon husky. Crois-moi.
- Moi ? Crise de panique ? Tu te fous de moi !
- Je les reconnaîtrais n'importe où et ça me tort le bide de voir que ça te gagne toi.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? fit-il en tournant ses yeux vers moi.
- Pourquoi tu en es si certain ?
Il soupira profondément en regardant quelque chose perdu dans le plafond du centre commercial. Il resta un moment sans parler toujours fixant un point que lui seul voyait. Quand il reprit la parole, il le fit dans un souffle et avec une douleur dans le visage que je ne lui avais jamais vu.
- Parce que j'en suis victime aussi. Et que ça fait mal. Et que ça enferme. Et que je me bats contre et que je ne veux pas que cette connerie gagne. Aujourd'hui, j'ai l'avantage mais il fut un temps où c'était loin d'être le cas.
Je me sentais ébranlé par ce que Max m'avouait doucement. Mon Max qui me semblait si fort n'était après tout qu'un humain. Les mots de Papy me revinrent en mémoire. Max avait suivi le même chemin que moi. Des milliers de questions jaillirent instantanément dans ma petite tête toujours un peu secouée. Je n'osais cependant pas creuser plus avant mais je me promis d'y revenir. Par petits morceaux, j'arriverai à lui soustraire les informations que je désirais. Stop... Machine arrière... Mon Max ? C'était sorti d'où ça ? Depuis quand Max était-il mon Max ? Oh merde. Je leur appartenais mais je crois qu'ils commençaient à m'appartenir aussi. Ça craignait mais j'y penserai plus tard. Il était temps de reprendre le cours de la vie. Je me levais plus ou moins assuré m'appuyant sur l'épaule de mon Max. Il me regarda simplement avant de m'accompagner. Il me sourit doucement, un sourire auquel je répondais naturellement. Juste se comprendre d'un regard, je ne pensais pas cela possible.
- Tu ne devais pas me montrer une autre boutique ? lui demandais-je.
- Bien sûr que si ! Faut que je mette en valeur ce magnifique cul que tu as !
- Max ! Je t'interdis de poser tes yeux dessus !
- Mais c'est pas moi ! C'est le boss qui l'a dit !
- Non ? Tu me fais marcher là ?
- Malheureusement non ! A croire que t'es embauché que pour ça ! Un serveur à beau cul, crois moi, c'est un argument marketing.
Je secouais la tête les yeux au ciel pendant que nous partions en direction d'une nouvelle boutique. Je n'étais pas encore totalement remis mais j'avais décidé de me battre pour avancer. Allons donc me faire ce cul d'enfer que me promettait Max. Après tout, l'important était de lui faire plaisir.
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Pour vivre
General FictionC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...