— Non, mais ça fait bientôt deux heures maintenant !
Max râlait. Encore. En fait, il râlait depuis bientôt une heure. Je ne lui avais rien demandé, moi. Depuis cet incident au café, il ne m'avait pas lâché. Un vrai chien-chien à sa mémère, surtout quand il m'avait suivi lorsque le boss m'avait renvoyé me reposer à la maison tout en me précisant de ne pas m'inquiéter et que ma journée serait payée tout de même. Il m'avait suivi sans rien dire puis arrivant en gare, il avait commencé à babiller tant et plus à propos de tout et de rien. Je me faisais l'effet d'un égoïste à l'éloigner comme ça alors qu'il avait vraiment pris soin de moi plus tôt. Pourquoi cela ne m'avait pas surpris que le boss ait rappelé un extra pour la journée et libérant Max, je ne saurais dire. Tout ce que je savais, c'était que Max avait visiblement l'intention de m'accompagner jusque chez moi.
C'était mon problème du moment, comment essayer de l'éloigner du foyer minable où je me terrais. Je sentais de nouveau ma gorge se serrer d'appréhension me donnant légèrement la nausée. J'avais réussi à cacher la réalité de la situation jusque maintenant. Mon corps, ce traître, avait lâché avant que je puisse déménager pour un appartement plus digne. Ça y est, le quai arrivait.
- Je descends ici, merci de m'avoir accompagné, mais ça ira maintenant, mentis-je à Max
- Je ne te quitte pas tant que je ne te sais pas au fond de ton lit et sous ta couette ! Deux heures et demie de trajet d'après ce que je vois. Matin et soir sans incident, on est à cinq heures. Y'a pas à dire, tu le veux ton boulot, mon Husky.
- Qui ne voudrait pas d'un bon boulot aujourd'hui ?
- Donc, tes huit heures en gros plus les cinq heures, on est à treize heures de ta journée pour être avec nous au café. Tu fais quoi du reste ?
- Heu ... Et bien, je m'occupe de tas de choses et je dors comme tout le monde, continuais-je à mentir.
Depuis quelques jours, c'était impossible de dormir avec l'immense concert des nouveaux résidents. Et ils n'étaient pas du genre tranquille, calme et civilisé. Ils me faisaient l'effet de grosses brutes ce qui n'améliorait pas mon sentiment de peur. J'avais passé les nuits à rester éveillé et bloquant ma porte pour me cacher au fond du lit sous ma couverture. Qui a dit que j'étais courageux ? Pas moi.
Je me remémorais tout cela en faisant route vers le foyer pendant que Max commençait à prendre des photos de ce très charmant lieu selon lui. J'étais tellement fatigué que j'avais renoncé à mon idée de le tenir à distance. Il voulait savoir, il saurait. Après tout, j'en avais assez de tout cela. Même si je reconnaissais que j'étais entièrement responsable de ma situation, pour le moment, je ne pouvais pas faire mieux. Il fallait attendre. Il fallait tenir coûte que coûte. Et même pour cela, j'avais lamentablement échoué. Je sentais les larmes me monter de nouveau aux yeux. Et Max qui continuait de se plaindre parce qu'il fallait marcher vingt minutes de plus.
- Mais tu vas nous faire marcher longtemps encore ? demanda Max
- C'est toi qui as voulu m'accompagner, je te rappelle.
- Techniquement, oui, mais bon si je n'avais pas pris les devants, le boss m'aurait fait faire une enquête très gênante incluant la torture mentale sur ta chère petite personne.
- Ah oui ?
- Certain ! Le boss est ...
- Je ne savais pas qu'il s'appelait Alban. Pour moi c'était le boss c'est tout.
- Il y a beaucoup de choses que tu ignores sur nous. Mais une chose que je peux te dire, c'est que tu nous appartiens maintenant.
- Tu me fais flipper là. Je savais bien que c'était trop facile pour avoir ce job. Vous êtes une secte ?
- Mais bien sûr, et n'oublie pas, on t'offre en sacrifice à Vishnubaba lundi prochain à 17h12.
- Te fous pas de moi Max, repris-je en souriant légèrement
- Enfin ! Ça fait des heures que je m'épuise à essayer d'effacer ce triste visage. On dirait que j'ai réussi un peu.
- Tu veux vraiment voir où je vis, hein ?
- C'est bien le but, on ne peut rien te cacher.
- Ben, on y est alors.
Max se décomposa en voyant le foyer miteux où j'avais trouvé à me loger. L'avantage était que tant que tu payais les semaines, le propriétaire ne demandait rien. Ceci explique cela, je suppose. Il fronça les yeux et me suivit vers ma chambre. J'en avais vraiment assez. Je n'avais rien, je le savais. C'était ce choix que j'avais fait. Lorsque j'ouvris ma porte et que Max entra, il n'eut pas à faire beaucoup d'efforts pour comprendre. Tout était plus que spartiate et je n'avais pas pris le temps de ranger et d'aménager. Après tout, je n'étais pas chez moi. Max fit quelques pas, regarda le lit, ouvrit un ou deux placards et fronça de nouveau les sourcils.
- Prends tes sacs, remballe tout ça. On se tire d'ici.
Je restais bouche bée. C'était la première fois que Max me donnait un ordre.
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Pour vivre
Художественная прозаC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...