Chapitre 3

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Les étudiants furent conduits hâtivement vers une immense salle éclairée de bougies somptueuses et de mille décorations. Tous regardaient, ébahis, autour d'eux, se rassurant de leurs efforts pour parvenir en cet endroit. Une femme se positionna à la tête du groupe et tapa des mains pour réclamer le calme. Un silence de plomb tomba sur la salle.

MADAME SIMON : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue au pensionnant Diderot. Je suis madame Simon, la responsable du niveau de première année de lycée. Il n'est pas difficile de lire sur vos visage l'expression d'une redoute certaine, je vais donc sans plus attendre procéder à l'appel, dont je suis chargée, puis vous irez rejoindre monsieur Gilson, à ma gauche, qui vous conduira à la visite du bâtiment.

La tension retomba petit à petit. Rassurés, les adolescents se risquèrent à faire quelques pas en avant vers madame Simon.

MADAME SIMON : Barrault Denis!

A l'appel de leur nom, chacun confirmait sa présence et courrait d'une démarche qui se voulait discrète vers monsieur Gilson.

MADAME SIMON : Hémery Mathilde!

L'interpellée se faufila jusqu'au rang. Sa longue chevelure que l'on pourrait qualifier de rousse volait au vent. Des taches de rousseur se dessinait sur l'entièreté de son visage, tandis que ses yeux bleus vifs scrutaient chaque individu.

MADAME SIMON : Bennet Helena!

Helena répondit, et marcha d'un pas rapide vers monsieur Gilson. Elle se plaça au côté de Mathilde, qui lui sourit. Le groupe d'appelés s'élargit peu à peu jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une seule personne qui ne l'eut pas été. Madame Simon leva des yeux étonnés par-dessus ses lunettes et observa l'élève restant. Les cheveux bruns clairs du jeune homme étaient coiffés en bataille, alors qu'une mèche fine tombait sur son œil noisette. Il était relativement grand, mince et ses lèvres traçaient un sourire d'habitude, bien qu'en l'instant, il se trouvait confus.

MADAME SIMON : Qui êtes-vous?

NEVEN : Neven Russel, madame.

MADAME SIMON : Venez avec moi.

Les deux se dirigèrent vers une porte située au fond de la pièce, alors que Neven regardait le groupe, comme pour exprimer sa détresse, et son regard s'arrêta sur Helena. Il se regardèrent quelques secondes, puis il disparut dans l'entrebâillement de la porte.

MONSIEUR GILSON : Ecoutez-moi donc!

Ses lunettes rondes tombaient constamment sur le bout de son nez, ce qui appariait une apparence d'un certain ridicule. Un léger brouhaha de fond persista, mais il ne s'y attarda pas.

MONSIEUR GILSON : Je suis monsieur Gilson, professeur de sciences.

Ne sachant plus que dire, il fit signe au groupe de le suivre. Ils traversèrent une rangée de couloirs pour parvenir finalement devant la porte du réfectoire, qui se trouvait donc au rez-de-chaussée. Tous se promenèrent parmi les différentes salles, sous les commentaires aiguisés du professeur. La visite se finit par les dortoirs, et les salles communes.

MONSIEUR GILSON : Très bien. Maintenant je vous demanderai de bien vouloir vous séparer en deux groupes par genre, s'il-vous-plait. Les filles de l'un, les garçons de l'autre.

Ils s'exécutèrent et chaque groupe se répartit dans les chambres, pendant que monsieur Gilson s'attardait à donner des ordres.

MONSIEUR GILSON : Deux par chambre! Ne courrez pas! Prêtez attention à vos valises! Rendez-vous au réfectoire pour le souper à dix-neuf heures tapante!

Mathilde et Héléna choisirent de partager leur chambre. Le reste de la soirée se passa sans encombre, et tous allèrent se coucher dans l'attente du lendemain. Héléna était allongée sur le dos, les yeux grands ouverts dirigés vers le plafond. Une anxiété de savoir que tout débuterait et que son avenir dépendait grandement de sa réussite ici la rongeait et l'empêchait de trouver le sommeil. Rester éveiller permettait de retarder le lendemain, et elle s'accordait un moment pour penser à sa mère, à ses espérances de succès scolaire... puis le visage du garçon de l'appel lui revint à l'esprit. Finalement, elle se laissa aller à la rêverie et ses paupières fatiguées tombèrent. 

Car je vous aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant