Chapitre 11

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De retour aux chambres, Helena trouva Mathilde plongée dans ses livres d'histoire. Elle se pencha pour en observer.

MATHILDE : Dis-moi, tu n'as pas oublié les examens, n'est-ce pas?

Helena réfléchit un court instant.

HELENA : Non. Rappelle-moi la date précise?

Mathilde rit.

MATHILDE : Le onze octobre.

Aujourd'hui était le huit.

HELENA : Bien sûr. Le onze.

Les examens de première années couvraient l'ensemble des matières qui leur avait été enseignées depuis la rentrée scolaire, ce qui correspondait à, pour la plupart des élèves, environ dix matières. Il avait pour objectif de discerner quels élèves étaient capable de poursuivre un tel rythme d'enseignement, et lesquels devraient voir leur acceptation infirmée. Elle passa en revue dans sa tête toutes les matières qui nécessiteraient une reprise complète. Il était déjà tard, mais Helena se saisit de ses affaires et sortit de la chambre, en disant qu'elle serait rapidement de retour. Elle marcha le long du couloir en rattrapant de justesse ses livres, qu'elle manqua plusieurs fois de lâcher, dans la précipitation. Elle jetait un coup d'œil par-dessus son épaule, pour vérifier qu'elle était bien seule. Elle poussa doucement la porte déverrouillée qui menait au grenier, et gravit son chemin jusqu'à la fenêtre, déjà entrouverte, mais s'arrêtait net, à l'entente de voix provenant de l'extérieur. Elle tendit l'oreille.

AURORE : J'admets que c'est un bel endroit. Qui te l'a montré?

NEVEN : Oh, je l'ai trouvé seul.

AURORE : Et qui as-tu emmené ici, avant moi?

Son rire charmeur perça la noirceur de la nuit, encore nuancée de tracés rosés.

NEVEN : Je n'y venais jamais accompagné, jusqu'à maintenant.

Helena sentit de violentes larmes s'arrêter au bouclier que formaient ses paupières. Elle eut la folle envie d'apparaître à la fenêtre, mais les pleurs commençaient déjà à couler le long de ses joues.

AURORE : Vraiment? Je te crois.

NEVEN : Tes yeux sont verts.

AURORE : J'aime le penser.

C'en était trop, la jeune femme reprit une ferme emprise sur ses livres et courut à tâtons vers la sortie du grenier. Une dalle de bois grinça sur son passage, mais elle continua, jusqu'à être sortie.

Aurore leva la tête.

AURORE : As-tu entendu?

NEVEN : Probablement un chat, n'y paie pas attention.

Neven commençait à redouter une présence. Il donna un regard de semblant curieux à travers la fenêtre, et n'y vit rien.

AURORE : Cette fille aux cheveux noirs.

NEVEN : Helena?

AURORE : Elle semble te détester, que lui as-tu fait?

NEVEN : Oh, je ne sais pas, tu sais, souvent un certain détestera un autre sans aucune raison réelle.

AURORE : Peut-être.

Helena rejoint la chambre.

MATHILDE : En effet, tu es revenue bien vite.

Elle ne releva pas. Elle s'allongea sans enlever ses chaussures et ferma les yeux pour cacher la rougeur qui s'y était formée. Mathilde tenta de s'approcher pour lui parler, mais Helena se tourna vers le mur. Les larmes roulaient toujours, et la pensée que Neven pouvait tant la renier et ne lui montrer aucun respect la hantait. Elle s'endormit sur l'idée qu'il était bien évident qu'il ne choisisse Aurore. Ses yeux verts attireraient n'importe qui sans qu'il ne puisse s'en détacher. Mais elle, qu'avait-elle qui eut pu faire qu'il la choisisse? Probablement rien, elle ne pouvait pas rivaliser. 

Car je vous aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant