Le jour suivant, Helena se leva une heure avant l'habitude, et marchait avec une détermination certaine vers la pièce des lettres. Elle y déposait la sienne, avec une hésitation repoussée. Ces deux jours précédant l'examen leurs étaient libres, afin de les consacrer à le préparer. Helena se rendit à la bibliothèque juste après avoir laissé son enveloppe. Elle s'assit à une table, dans un coin, et étala devant elle les supports de chaque matière qu'il lui fallait aborder. Elle observa cet étalage, désespérée. Elle prit une grande inspiration, pour se ressaisir, mais ce sont de nouvelles larmes qui parvinrent. Elle tentait de les essuyer rapidement, tandis qu'elle percevait des pas se dirigeant dans sa direction.
MADAME JORDANS : Helena.
HELENA : Bonjour, madame.
MADAME JORDANS : Vous êtes ici bien tôt, avez-vous dormi là?
HELENA : Non, bien sûr que non.
Dormir en dehors d'une quelconque salle prévue à cet effet était formellement interdit. Madame Jordans sourit, et poussa la chaise du côté afin de s'y assoir. L'enfant exténuée la regarda faire. La professeure scruta les manuels un à un, et se saisit de quatre manuels. Helena la regarda, intriguée.
MADAME JORDANS : Au niveau de la gestion, nous sommes bons, il ne vous sera nécessaire que de passer en revue rapidement quelques éléments, idem pour la science humaine et la chimie. En revanche, l'histoire...
Elle désigna le livre correspondant et le plaça devant Helena, qui soupira.
MADAME JORDANS : Je ne me suis pas assise pour trier vos livres, en réalité.
HELENA : Je m'en doute bien.
MADAME JORDANS : Je vous ai aperçue revenir du grenier, hier soir.
Helena hésita. Que suspectait madame Jordans? Attendait-elle d'elle qu'elle avoue que son intention était de se rendre aux toits?
HELENA : Ah.
MADAME JORDANS : Vous aviez l'air... pressée.
HELENA : Vraiment?
MADAME JORDANS : Vous pleuriez également.
HELENA : J'étais uniquement fatiguée, ce qui arrive souvent et à beaucoup d'autres avec un tel rythme de travail et un tel manque de sommeil.
MADAME JORDANS : Vous n'avez aucun besoin d'utiliser le sarcasme, je ne vous le reproche pas, je voulais simplement m'assurer que vous alliez bien.
Helena se vit désorientée de la réflexion de la professeure quant à son sarcasme, et en fut contrariée.
HELENA : Je ne voulais pas vous offenser.
MADAME JORDANS : Que faisiez-vous au grenier?
HELENA : J'y allais prendre quelques affaires dont j'avais besoin.
MADAME JORDANS : Bon. Je vais néanmoins me voir obligée de passer une garde de nuit quelques soirs pour surveiller que cette situation de quitter la chambre de nuit ne se reproduise pas.
Elle se leva, remit la chaise en position et sourit en hochant la tête en signe de salut. Helena la regarda s'éloigner. Si une garde était placée, Neven et Aurore seraient certainement vus s'ils réitéraient la situation de la veille, et elle voulait malgré tout éviter les ennuis au garçon. Elle s'en voulut immédiatement de vouloir le protéger. Après tout, il ne méritait cela en aucun cas.
Entre temps, Omara s'était installée plus loin dans la salle. Les deux se croisèrent du regard et Omara l'invita à se joindre à elle. Elles entamèrent une conversation amicale, et Helena lui raconta la lettre qu'elle avait déposé le matin, et ses incertitudes la concernant.
OMARA : Je t'aurais encouragée à le faire, l'autre soir, si j'en avais eu l'occasion sans te rendre ridicule.
HELENA : J'apprécie.
Ayant déjà une année derrière elle, Omara proposa son aide à Helena, ce qu'elle accepta avec joie.
En fin de matinée, Helena sortit de la bibliothèque pour trouver Mathilde, afin de se rendre au réfectoire avec elle. En chemin, c'est Neven qu'elle croisa, il descendait les escaliers, seul, il s'en allait sûrement déjeuner aussi. Elle hésita quelques instants. Finalement, elle accéléra le pas pour le rattraper.
HELENA : Neven.
L'intéressé reconnut au son de la voix celle qui l'appelait, et un sourire sincère et soulagé se dessina au creux de ses lèvres. Il fit volte-face. Helena et lui se regardèrent. Un regard affectif se forma entre eux, auquel la jeune femme mit fin immédiatement.
HELENA : Je voulais juste vous prévenir que Madame Jordans va placer une garde au grenier, faites-donc attention la prochaine fois qu'Aurore et vous y allez discuter de cet endroit dans lequel vous allez toujours seul.
Le sourire s'effaça du visage du garçon.
HELENA : Je voulais simplement vous en informer.
Elle tourna les talons et commençait à s'en aller, le pas ferme.
NEVEN : Helena, attendez!
Elle s'arrêta, sans pour autant se retourner, attentive.
NEVEN : Je suis désolé, quoi que vous ayez entendu, je suis confus. Je ne voulais pas vous blesser, ce fut ridicule de ma part.
Helena se moqua en étouffant un rire jaune.
NEVEN : Déjeuneriez-vous avec moi?
Helena fut surprise de cette invitation. Le garçon s'autorisait à proposer après l'avoir blessée, ce qu'elle trouvait étrange. Elle considéra tout de même la question : accepter lui serait plaisant, mais son respect pour elle-même tiendrait une position d'arrière-plan.
HELENA : Je m'en allais rejoindre Mathilde.
Sur ces mots, elle s'éloigna, heureuse d'avoir conservé sa dignité, mais attristée que Neven ait gâché cette occasion qu'elle aurait eu d'accepter, et par-dessus tout qu'il ait ruiné cette complicité qui animait la relation des deux, qui s'évitaient désormais constamment.
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Car je vous aime
RomanceA 17 ans, Helena laisse derrière elle un passé désordonné et accorde finalement une place au bonheur. Elle fait la rencontre de Neven, jeune écossais au rire charmeur et aux yeux d'amande. L'arrivée d'Aurore et la vérité d'un mensonge pesant vont-il...