Je te lâcherai pas

116 10 4
                                    

Il faisait nuit depuis longtemps. Il avait entendu Thomas aller se coucher sans lui. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis le moment où il l'avait frappé. Newt avait pleuré pendant une heure dans la cuisine et puis il avait pris la décision de tout dire à Thomas. Absolument tout. Il avait franchi le point de non retour, il ne pouvait pas se permettre de frapper Thomas à cause de cette chose qui lui était arrivée. Alors il avait repris ses dessins dans le petit bureau.

Il avait décidé de raconter les faits à travers une BD. Il découpait des rectangles de papiers capables d'accueillir au maximum trois cases. Il dessinait avec ses feutres noirs. Pas de couleurs. Il n'avait pas le temps et il préférait que ce souvenir reste en noir et blanc. Ça le rendait un peu moins réel, un peu moins vivant. Il mis des heures à terminer toutes ces bandes de papier. Il avait presque terminé quand il entendit Thomas se lever pour aller aux toilettes à trois heures du matin. Mais le brun ne regagna pas leur chambre. Il se dirigea vers le petit bureau où Newt s'était enfermé à clef. Il s'était arrêté de dessiner en l'entendant s'arrêter devant la porte. Il s'était figé alors que Thomas semblait hésiter de l'autre côté. Finalement, il appuya doucement sur la poignée. Mais Newt s'était enfermé.

« Newt, est-ce qu'on peut discuter ? J'arrive pas à dormir... »

Ce murmure triste lui fit de la peine. Il ne répondit pas cependant et se tourna vers la petite pile de dessins qu'il avait terminé. C'était le moment.

« Si tu veux pas discuter... Viens au moins dormir s'il te plaît... »

D'une main tremblante, il se saisit du premier rectangle de papier. Il se força à respirer profondément alors que l'angoisse se saisissait de lui. Et si Thomas ne réagissait pas bien ? Il ne le supporterait pas. Cependant il avait déjà fait trop de mal à son amant pour se permettre de garder encore le silence. Il inspira fortement, tremblant toujours et glissa le papier sous la porte. Des larmes roulèrent sur ses joues alors qu'il s'appuyait contre le battant, le désespoir le submergeant.

De l'autre côté, Thomas se pencha pour ramasser le papier. Il fronça les sourcils et alluma la lumière du couloir. Il put alors distinguer des dessins dont les traits et le caractère étaient signés par son petit ami. Il y avait longtemps qu'il ne l'avait plus vu dessiner. Il y avait trois cases sur ce morceau de papier. Au dessus, un rectangle portait des inscriptions.

C'était il y a trois mois, à cette soirée chez Minho.

Le cœur de Thomas rata un battement. Il comprit que Newt se confiait enfin. Il s'assit immédiatement en tailleur sur le sol, plein d'anticipation. Il avait horriblement peur de ce qu'il pouvait découvrir. Newt se sentait si mal, ce qu'il avait couché sur le papier ne pouvait pas être sans importance. Il se mit à trembler, appréhendant un peu et se concentra sur les dessins. La première case les abritait lui et Newt sonnant à la porte de Minho. C'était le Newt d'avant qui se tenait à ses côtés, celui qui avait le sourire facile, qui était à l'aise et qui portait encore des chemises à carreaux ouvertes sur des t-shirt imprimés et des jeans trop larges pour lui. La deuxième et la troisième les montraient en train de s'intégrer à la fête, prendre des verres d'alcool et discuter avec des gens. Thomas se souvenait de cette fête. Il s'était bien amusé. Mais pourtant, il sentait que le souvenir de cette fête n'allait pas rester joyeux très longtemps.

Un deuxième papier glissa sous la porte. Sur celui-ci, on les voyait toujours s'amuser mais son attention fut attirer dès la première case par un personnage portant un chapeau mais dont il ne pouvait cependant pas distinguer le visage. Le rectangle contenant la narration au dessus disait ceci :

Il y avait ce gars.

Dans la deuxième case on pouvait voir Newt discuter avec quelques uns de leurs amis, sans lui. L'inconnu au chapeau s'approchait de lui. Et dans la troisième case, il abordait Newt. Ils avaient échangé quelques mots matérialisés par des bulles.

Les OS de l'archiduchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant