Je te lâcherai pas

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Newt marchait dans la rue, habillé d'un pantalon marron et d'un chemisier transparent, dévoilant nonchalamment l'une de ses épaules. Il avait besoin de s'aérer l'esprit, la colère et la tristesse l'avaient à nouveau dévasté quelques minutes plutôt. Thomas n'était pas là, parti au travail. Il n'avait pas pu se consoler dans ses bras. Le brun faisait de son mieux. Il endurait ses crises de colère et de larmes sans jamais en comprendre la cause. Il se contentait toujours d'apaiser Newt de son mieux et pourtant le blond savait qu'il n'en était que plus confus et perdu. Il le voyait souffrir, impuissant. Thomas en était blessé, il le savait. Mais Newt ne pouvait définitivement pas lui dire la raison de tout son mal être.

Et comme Thomas n'était pas là pour l'entendre hurler à l'injustice d'aller se faire voir, il avait dû se calmer seul. Il sentait encore la colère et la tristesse s'écouler à flot de ses blessure. Il avait besoin de s'en aller, de faire quelque chose. Il était entré dans un magasin de produit de beauté sans réfléchir et il avait dépensé le peu d'argent qu'il avait gagné dans son petit boulot de serveur. Il avait acheté une large palette de fard à paupières, du rouge à lèvre, du fond de teint, du mascara, de l'eye liner et même un peu de vernis. En somme tout ce qui lui permettrait de ne plus être réellement lui. Il en avait marre de son visage terne et décoloré. Il ne l'aimait plus. Il lui trouvait plein d'imperfections, il fallait dissimuler tout cela. Alors il s'était lancé dans des achats compulsifs. Ça lui avait fait du bien.

Maintenant il rentrait chez lui, marchant avec un peu plus de légèreté sans pourtant s'être totalement débarrassé du poids sur son cœur. Il faisait grand soleil dehors et la caresse des chauds rayons ne le mettait pourtant pas de meilleure humeur. Il ne faisait pas attention aux regards qui s'accrochaient à lui, intrigués, réprobateurs, insistants. Il était bien trop focalisé sur sa douleur et son mal être. Il était impatient de s'installer devant le miroir de sa salle de bain, son pinceau de maquillage tout neuf à la main.

Une voiture ralentit et se plaça à sa hauteur. Les vitres s'abaissèrent et Newt n'osa pas regarder. Il entendait des voix d'hommes parler fort et il accéléra le pas. Ça sentait mauvais. L'un des occupants de la voiture se pencha par la fenêtre et il sentit son regard sur lui, désagréable. Il le reluquait sans gêne.

« Hé sale pute ! »

Newt tourna la tête vers lui, choqué. L'autre fut d'abord surpris en découvrant son visage avant d'afficher un sourire en coin en remarquant ses traits masculins. Newt détourna rapidement le regard et se décida à accélérer encore, se sentant soudain en danger. L'homme détourna pourtant les yeux de lui et se tourna vers les sièges arrières.

« Hé mon petit pédé, celui là il est pour toi ! »

Newt s'empêcha de jeter un regard à l'homme en question. Il fallait qu'il se débarrasse d'eux rapidement. Il glissa sa main dans sa poche et enserra son téléphone. Il le déverrouilla rapidement et cliqua tout aussi vite sur le contact de Thomas. Il s'apprêtait à l'appeler quand une phrase du « pédé » en question le fit s'arrêter net.

« Pour combien tu suces bébé ? »

Il s'immobilisa au milieu du trottoir, profondément choqué. Sa blessure purulente qui l'avait amené à sortir s'en trouva d'avantage malmenée. Alors il ne servait donc qu'à ça ? Sa vie se résumait-elle à devoir satisfaire le désir des autres ? Il eut soudain la sensation de comprendre le sens d'une question existentielle. Bien sûr, sinon personne ne l'aurait jamais utilisé pas vrai ? Et s'il était si malheureux, peut-être que c'était simplement parce qu'il allait contre sa nature. Il eut l'impression d'avoir mis le doigt sur une évidence. Il se tourna lentement vers la voiture immobilisée près du trottoir, encore un peu hésitant.

« Alors ? J'ai pas toute la vie. s'impatienta l'homme. »

Newt repoussa la sensation de danger qui l'avait saisi plus tôt. Il allait le faire, c'était sa nature. Du moins, c'est ce qu'il semblait être. Il eut une vague pensée pour Thomas. Il n'était pas obligé d'être au courant. Il rangea son téléphone, oubliant définitivement le danger et son petit ami.

Les OS de l'archiduchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant