Orage

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Newt se tient debout, un immense sourire sur les lèvres. Les bras le long du corps, il offre son visage à la pluie battante. Il ferme les yeux pour être un peu plus dans le noir. Il fait déjà sombre dehors et le tonnerre gronde. De temps en temps un éclair illumine le ciel. Le vent souffle et gèle la pluie froide sur sa peau. Ses mains deviennent rouges tandis que la pluie s'abat sur son visage avec violence. Sa peau est rendue insensible par le froid. Ses cheveux blonds sont foncés par l'eau qui tombe toujours plus fort. Ses mèches pendent mollement en arrière et ses vêtements alourdis par l'eau collent à son corps.

Un éclair zèbre le ciel et illumine l'atmosphère chaotique qui règne sur le jardin. Newt le voit à travers ses paupières closes. Son sourire s'agrandit alors qu'un frisson traverse son corps. Le vent souffle plus fort et siffle entre les feuilles. Les arbres se balancent et craquent de manière sinistre alors que la pluie vient le fouetter de côté. Un rire s'évade d'entre les lèvres de Newt. Un peu d'eau de pluie s'infiltre dans sa bouche et il l'avale avec délice. Il respire l'odeur de la pluie avec force et le tonnerre répond à son rire. Il frissonne délicieusement.

Les éléments se déchaînent, l'orage est juste au dessus de sa tête. La nature est en colère et le cœur de Newt bat vite et fort dans sa poitrine. Son rythme cardiaque lui prouve qu'il est bien en vie, qu'il n'est pas mort. Il se sent petit et fragile au milieu de ces éléments qui s'acharnent avec fureur. La nature est bien plus puissante que n'importe qui. Elle donne la vie mais elle peut aussi la reprendre et ce à n'importe quel moment. C'est cette idée qui réveille l'adrénaline chez Newt. Elle parcoure chacune de ses veines, se déverse dans tout son corps et participe à la sensation de vie qui le fait se sentir si bien. Il se sent si vivant en défiant les éléments qu'il reste immobile au milieu de la tempête.

Un autre roulement de tonnerre résonne avec puissance. Pendant un instant rien d'autre n'est audible. Il n'y a plus le bruit du vent dans les branches, ni celui de la pluie qui s'abat avec fracas, ni celui d'une voix qui l'appelle. Le prénom de Newt évadé de la bouche d'un homme inquiet se perd dans la nature, emporté par le vent, noyé par la pluie. Les sens uniquement tournés sur les éléments, Newt ne l'entend pas. Il reste immobile et souriant à la pluie qui lui fouette le visage dans une provocation à la mort.

L'homme penché à sa fenêtre n'abandonne pas. Il cri une nouvelle fois, apeuré par cette tempête qui menace la vie de ceux qui sont assez fous pour rester dessous. Newt l'entend à peine et ne s'en préoccupe pas. L'adrénaline, la sensation de vivre sous la menace de la nature est plus importante que n'importe quel plaisir. Cet appel désespéré le fait se sentir un peu plus en danger. Alors l'adrénaline augmente est là, il est vraiment bien. Cette sensation d'infériorité face à la nature le grise. Elle lui dit que la vie est courte et qu'il faut en profiter pleinement. Et après ça, il sait qu'il aimera chaque instant insignifiant de son existence.

Un troisième appel résonne, plus fort, plus apeuré mais Newt fait comme s'il ne l'entendait pas. La pluie ruisselle toujours sur sa peau, traçant des sillons jusque dans son cou. Il est complètement trempé mais il s'en fiche, ça fait partie de son plaisir. Le tonnerre gronde toujours par intermittence avec plus ou moins de violence, faisant vibrer chaque cellule de son corps. Les arbres alentours bruissent et craquent tout près de lui au rythme du vent. Les feuilles volent et l'évitent tout juste. Une porte claque sous la violence du vent non loin et des pas pressés lancent des éclaboussures sur un jean. Des converses prennent l'eau alors que les pas précipités de leur propriétaire sont étouffés par le bruit de la tempête.

Un manteau se dépose sur les épaules de Newt. C'est à peine s'il prend conscience du vêtement sur ses épaules qui prend déjà l'eau. Cependant il baisse la tête et ouvre les paupières avec lenteur, vivant comme en décalage avec la tempête. C'est comme s'il ne faisait plus partie de ce monde et son sourire reste bien en place. En face de lui se tient Thomas. Caché sous sa capuche, il observe leur environnement avec peur. Les quelques mèches brunes qui dépassent de son manteau sont déjà trempées et dégoulinent sur son visage, se frayant un passage entre ses grains de beauté. Ses yeux ambrés écarquillés par l'inquiétude ne restent pas fixés très longtemps au même endroit. Il tremble et Newt ne se demande pas si c'est parce qu'il a froid ou peur.

Les OS de l'archiduchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant