Donner sans attendre en retour

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Teresa venait de sortir de l'épicerie du coin, une bouteille d'alcool à la main et ses talons dans l'autre. Elle traînait les pieds sur le bitume sans se soucier de la douleur que provoquait ce contact. Son maquillage noir avait coulé, sa robe noire était froissée et ses cheveux bruns se trouvaient décoiffés à cause de l'humidité de cette mâtiné brumeuse. Elle s'assit sur le parvis de l'église de sa petite ville et déboucha sa bouteille. Elle en bu de longues gorgées, cherchant à noyer son chagrin. Elle ressassait sa douleur en regardant dans le vide, reprenant une gorgée d'alcool par moment. Puis un inconnu blond à qui elle ne prêta pas vraiment attention vint s'asseoir à côté d'elle.

- Tu étais une amie de Thomas ? demanda-t-il en sortant une cigarette.

Chacun son calmant, pensa-t-elle.

- Sa meilleure amie. répondit elle la voix cassée.

Elle eut un rire amer.

- La vie est dégueulasse. commenta-t-elle. Tu vois ce matin on a enterré mon meilleur ami, mon colocataire. C'est dur de rentrer chez soi et de se dire que maintenant on est toute seule. Maintenant j'ai plus qu'à pleurer sur mon coussin et à le tacher de mascara.

L'inconnu garda le silence et tira une bouffée de sa cigarette. Elle en profita pour prendre une nouvelle gorgée d'alcool. Elle regardait le vide devant elle.

- J'étais amoureuse de lui. Mais lui il m'aimait pas.

Elle eut un rire amer.

- Il sortait avec un certain Newt. J'ai jamais rencontré ce type et tant mieux parce que je crois bien que je l'aurais frappé. Il m'avait volé mon Tom.

Elle posa sa bouteille près d'elle et s'allongea sur les marches. L'arrête de la pierre s'enfonçait dans son dos avec douleur mais elle n'y prêta pas attention. La douleur à l'intérieur était bien plus forte.

- Je détestais ce Newt sans l'avoir connu. Je suis persuadé qu'à cause de lui, notre histoire à Thomas et moi aurait été mille fois plus belle. Peut-être aussi qu'aujourd'hui, il n'aurait pas rejoint sa place parmi les anges, que ce putain de cancer ne l'aurait pas touché.

Elle reprit une gorgée de la boisson. Un filet d'alcool s'échappa d'entre ses lèvres. Elle s'essuya négligemment le menton. Elle n'avait aucune envie de se montrer polie et élégante aujourd'hui.

- Je crois que Thomas avait deviné que je le détestais et c'est pour ça qu'il me l'a jamais présenté.

Un silence passa. Elle tourna la tête vers l'inconnu. Il regardait dans le vide en crachant la fumée de sa cigarette. Elle se demandait s'il l'écoutait vraiment. Elle se concentra à nouveau sur le ciel. Elle se fichait bien de savoir s'il l'écoutait ou non. Elle avait besoin de parler.

- Mais bon. Thomas l'aimait. Beaucoup trop pour que je puisse rivaliser. Alors j'ai laissé couler. J'ai serré les dents et j'ai ravalé mes sentiments. Il fallait juste que je vois ces étoiles qu'il avait dans les yeux quand il me parlait de lui. Ou même son sourire niais quand il pensait à lui ou quand il lisait ses messages. Je voyais bien que je ne faisais pas le poids. Alors je m'enfermais et je pleurais sur mon sort. Pathétique hein ?

Elle vit l'inconnu hocher vaguement la tête du coin de l'œil. Totalement perdu dans ses pensées, pensa-t-elle.

- Parfois je me demande ce que j'ai bien pu faire de mal dans mes précédentes vies pour subir une torture pareille dans celle-ci. Si proche de lui mais à la fois si loin... J'aurais pu avoir quelque chose de lui. Un baiser, une nuit... Mais non. Absolument rien. Je suis punie ! rit elle.

Les OS de l'archiduchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant