La laverie

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Thomas était assis sur le carrelage de la laverie en bas de sa rue. C'était une petite pièce aux baies vitrées ouverte sur le coin de la rue. Il avait une vue imprenable sur le carrefour devant lui et il se faisait un plaisir d'observer les gens presser le pas pour fuir le froid piquant de cette lumineuse journée d'hiver. Il se tenait appuyé contre une machine dans laquelle ses vêtements tournaient dans la mousse. La douce chaleur que dégageait la machine additionnée au parfum de la lessive créaient une ambiance cosy. Il s'y sentait bien. Il cacha son menton dans le col de son pull et cacha ses mains dans ses manches. Les rayons du soleil caressaient doucement sa peau. Il ne pouvait espérer meilleur sentiment de bien être.

Un homme blond portant des lunettes de soleil et vêtu d'un manteau plutôt classe attira son attention. Il se tenait sur le bord du trottoir, attendant que le bonhomme devienne vert alors que d'autres passants ne se gênaient pas pour traverser. Il détonnait parmi la foule sans qu'il sache vraiment pourquoi. Il avait la tête haute et même s'il ne souriait pas, il semblait de bonne humeur. Thomas le regarda traverser la rue, propulsé par ses longues jambes habillées d'un jean tout simple. Il était beau et Thomas l'observa jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.

***

Thomas descendit une fois de plus tous les étages de son immeuble avec sa bannette de linge sale. Sa condition d'étudiant ne lui permettait pas d'acheter une machine à laver. C'était bien trop cher et ça prendrait trop de place dans son tout petit studio. Alors il allait à la laverie. Il aimait bien cet endroit et son ambiance. Il s'y sentait apaisé par le ronronnement des machines et l'odeur de lessive.

Lorsqu'il arriva, il trouva un homme occupé à mettre en route une machine. Il était blond avec un visage d'ange et il sembla à Thomas qu'il l'avait déjà vu quelque part sans savoir où. L'inconnu leva la tête et Thomas aperçu ses yeux noirs. Il sourit et l'homme lui rendit. Il devait être un peu plus jeune que lui. Thomas constata dans une moue que l'homme lui avait pris sa machine habituelle. Il utilisa alors celle d'à côté et s'assit contre cette dernière. Comme à son habitude, il regardait par la fenêtre. L'homme s'était assis sur une chaise. Thomas l'avait observé du coin de l'œil soulever les magazines à disposition un part un pour finalement prendre celui à la base de la pile. Il datait visiblement de deux mille quinze puisque la loi sur le mariage pour tous faisait la une. Une lueur de curiosité traversa Thomas. Cependant il n'osa faire aucun commentaire. Il retourna à son observation de la vie extérieure.

***

C'était son petit rituel du mercredi soir, Thomas se rendait à la laverie. Il décompressait pendant une petite heure, le temps de son programme, encore et toujours assis par terre. Il aurait pu passer des heures dans cet endroit si seulement il n'avait pas des études à boucler. L'atmosphère rendait son imagination fertile. Il imaginé souvent des petites bulles de savons emprisonnant des fées voler autour de lui. D'autres fois, des lutins faisaient des glissage avec la lessive.

Il souriait dans le vide lorsque l'inconnu blond entra avec son panier de linge. Ils se sourirent à nouveau. Thomas ne pouvait s'empêcher de jeter des regards de biais à cet homme. Il le trouvait beau. Il lui sembla que l'homme faisait de même et il se força à continuer son observation de l'extérieure. L'homme s'assit sur une chaise comme la fois précédente et sortit cette fois un ordinateur et un livre. Il révisait. Il était étudiant lui aussi comprit Thomas. Cependant ses révisions n'étaient visiblement pas passionnantes vu le nombre de fois où un soupir s'était échappé d'entre ses lèvres. Il avait d'ailleurs finit par refermer son ordinateur d'un geste sec. Il avait balancé sa tête en arrière, offrant sa gorge blanche à la vue de Thomas. Il avait souri. Il comprenait.

***

Une fois de plus, Thomas se tenait contre sa machine habituelle. Une fois de plus, le blond était venu avec quelques minutes d'intervalles. Il s'asseyait toujours sur la même chaise. Cette fois il avait sorti ses écouteurs. Thomas avait observé ses longs doigts fins démêler les fils. Ses sourcils s'étaient froncés et il se mordait l'intérieur de la joue, concentré à sa tâche. Quand il y parvint, ses yeux se posèrent sur Thomas qui l'observait. Ils se sourirent puis il retourna à ses écouteurs. Il les brancha à son téléphone. Il les mit dans ses oreilles et Thomas devina qu'il regardait une série. Il passa le reste du temps à le détailler discrètement alors qu'il était focalisé sur son épisode. A ce moment les mouvements à l'extérieur ne l'intéressaient plus.

Les OS de l'archiduchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant