Vingt-deux.

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Salam.

Vingt-sixième jour enfermée.

Cela fait trois jours que je suis allongée sur mon lit sans force ni courage pour me relever. Dimanche dernier j'ai passé la pire nuit qu'il soit, car cette nuit là on a abusé de moi.

Bien que j'ai tenté de me détacher de l'emprise qu'avait cet homme sur moi, le pire est arrivé. Depuis je ne fais que prononcer le nom de mon Seigneur avec une forte envie de lui demander de m'ôter la vie.

Inutile de vous décrire comment je me sens sale. Je ne me sens plus digne de moi-même. On croit que ça n'arrive qu'aux autres et un jour ou plutôt un soir, une nuit on devient l'autre en question.

Samir ne comprend pas pourquoi je refuse de parler. Nos interactions étaient très limitées à la base voir quasi inexistantes mais là je semble morte et je lis de l'inquiétude sur son visage depuis.

Le souvenir de cette fois où je vous avais dit me sentir en sécurité uniquement lorsqu'il est là... ce jour là, le jour où cet homme s'est introduit dans ma chambre il était près la maison qui me connaît depuis une vingtaine de jours maintenant. Je l'entendais rire aux éclats avec l'un des hommes également chargé de ma surveillance. Je ne sais lequel, Badr ou le second. En tout cas il était présent je l'entendais puisque ma fenêtre étant légèrement ouverte donnait sur l'arrière de la maison.

Et pendant que je l'entendais rire des histoires de celui qui l'accompagnait mes larmes coulaient causé par la douleur et la violence morale et psychologique de l'acte que je subissais.

Alors voilà Samir pourquoi mes jambes me semblent lourdes, voilà pourquoi quand tu viens caresser ma joue c'est toute mon âme qui me brûle. C'est pour cette raison que je n'ai rien avalé depuis trois jour hormis l'eau que tu m'as forcé à consommer.

Je ne sais pas si on appelle ça une grève de la faim mais si c'est le chemin qui mène vers la mort alors je l'emprunterai.

Une énième fois Samir entre dans ma chambre après avoir toqué. Il reste debout devant moi sans dire un mot, le visage fatigué. S'il savait ce que j'endure.

Il s'approche et me parle de ce qu'il compte faire. Je me laisse faire. Je l'observe seulement me manipuler le regard vide. Une fois qu'il m'a entièrement déshabillé il me porte jusque la salle de bain, et plonge délicatement mon corps dans un grand bain. C'est vrai que j'en ai besoin mon corps n'a pas été lavé depuis trois jours. J'ai sûrement encore les résidus de l'homme qui a brisé mon intérieur, et puis j'empeste l'urine du à mon refus catégorique de me lever.

Samir me lave le corps les yeux presque larmoyants.

Samir - je suis désolé Hafsa je suis désolé.

Il ne savait même pas pourquoi il s'excusait du moins il ne le savait pas encore, il semblait juste peiné de m'avoir rendu comme ça.

Il y a un contraste entre la femme que j'étais il y a maintenant des années et celle que je suis aujourd'hui. La preuve, mon manque de résistance fait qu'aujourd'hui je ne peux même pas faire ma toilette seule.

Samir lui avait développé des tendances inquiétantes à passer d'un comportement à un autre, laissant penser qu'il est atteint d'un trouble dissociatif d'identité. Il savait être doux et penser que nous étions mariés un jour et venir en hurlant me crier que nous ne sommes rien et qu'il souhaitait ma mort le jour d'après.

En attendant, il prend le soin de me faire un shampoing et de frotter doucement mon corps. Son touché m'irrite. Mon intérieur se calcine et ma peau carbonise. Au bout d'un certain temps il rince mon corps et me fait sortir du bain enveloppant mon corps d'une serviette. Il me porte jusque sa chambre que je n'avais encore jamais découverte et me pose sur le lit. Je le regarde passer la crème sur l'entièreté de mon maigre corps. Lorsqu'il arrive vers mes cuisses mes muscles se tendent et se durcissent. Mes larmes arrivent jusque mes yeux mais ne coulent pas. Samir s'arrête et me regarde en essayant de comprendre. Son regard se fige.

Samir - Hafsa parle moi.

Je le regarde verser une larme mais ne bouge pas. Je ne peux pas croire que c'est lui qui pleure alors que c'est mon âme qui est consumé.

Samir - pardonne moi Hafsa pardonne moi.

Il m'enfile des sous-vêtements propres et une longue robe blanche. Je me sens plus détendue. Il dépose un voile gris sur le bord du lit.

Samir - enfile le et rejoinds moi, je t'attends dans le salon.

Il quitte sa chambre me laissant seule finir de me préparer. Je regardais la fenêtre qui elle ne possédait aucun barreaux. Quelqu'un m'appelait au loin me criant de m'y rapprocher et de sauter. Je me suis redressée et j'ai passé la porte. Je me suis rendue lentement dans le salon. Et lorsque je suis arrivée ils étaient tous les trois dans un silence complet face à une télé noire. L'un fumait sa chicha calmement écouteur à fond. Badr comptait une masse de billets d'euros sur la table basse et Samir, Samir lui fixait le sol.

Ma présence se fait ressentir puisque chacun d'eux relève la tête vers moi et me regardent étonnés.

Samir - Hafsa qu'est-ce que tu fais ?! ton voile !

Je ne l'avais pas porté.

Badr baisse la tête pendant que l'autre continue de me fixer.

- à quoi bon vous m'avez tous déjà vu sans ici.

Je devenais folle.

Samir - qu'est-ce que tu racontes ?! retourne t'habiller !

Dans un élan il se lève et pose sa main sur moi pour me diriger vers les chambres.

- lâche moi ! me touche pas ! tu vas me faire comme lui ! me touche pas t'as pas le droit !

J'étais devenue subitement folle.

Samir - quoi ? mais de quoi tu parles ? Hafsa vient s'il te plaît.

- non ! ça sert à quoi ? c'est trop tard ils ont fait pire que me voir sans voile !

Samir s'arrête sur mes paroles et regarde les deux autres. Badr garde la tête baissée et l'autre ne le fait uniquement lorsque Samir croise son regard.

Samir - il s'est passé quoi ?

Badr - dis-lui de mettre son voile hcheum.

Samir - IL S'EST PASSÉ QUOI ?!

Badr - comment je peux le savoir je sais même pas de quoi on parle !

Samir - Hafsa dis moi.

- demande à celui qui est entré dans ma chambre, vous êtes tous pareil et c'est de ta faute Samir ! c'est toi qui m'a enfermé ici c'est de ta faute si il m'a touché !

Je suis repartie en trombe dans ma chambre attitrée, les yeux aveuglés par les larmes. C'est ça on y est c'est le moment où je réalise l'impact de ce qu'il s'est passé. Les nausées me viennent. J'entends Samir crier j'entends quelque chose qui se casse. Moi je pleure des litres entiers, je suis sale je peux prendre le nombre de douches que je veux je resterai sale. J'ai l'impression d'encore sentir son odeur sur moi je sens encore ses mains me tenir fermement et puis sa bouche forcée le contact avec la mienne.

Une dizaine de minute plus tard Samir entre dans la chambre brusquement il me regarde sans dire un mot. Son t-shirt est tâché de sang.

Il me fait peur son visage est sombre ses traits sont durs et quand il m'approche je me recroqueville sur moi-même.

- ne me touche pas...

Il s'arrête dans son élan.

Samir - il te touchera plus crois moi il ne te fera plus aucun mal.

C'est trop tard le mal est déjà fait.

-

Hafsa.

Disparue - HafsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant