Vingt-neuf.

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Salam.

Djibril s'est complètement absenté depuis le soir où il a reçu ces deux personnes chez lui. Ça fait maintenant une semaine qu'il n'est pas revenu et je commence à m'inquiéter. D'habitude il me prévient toujours lorsqu'il s'apprête à partir pour deux voire trois jours mais cette fois ci sa disparition est soudaine et sans prévenant. J'ai comme un mauvais pressentiment.

Alors que je finis de faire ma prière j'entends du bruit dans le salon du bas. J'ouvre la porte doucement et tend mon oreille.

- HAFSA ? TU ES LÀ ? C'EST TON MARI JE SUIS VENU TE CHERCHER.

Je reconnais cette voix, c'est celle de Samir.

Le rythme des battements de mon cœur sont irréguliers, je respire succinctement. Avec une fréquence respiratoire comme celle-ci je risque de perdre connaissance à tout moment.

J'entends des pas emprunter les escaliers. C'est lui il monte et chaque fois qu'il monte d'une marche c'est comme si je creusais déjà ma tombe. J'entends son rire maléfique que je ne connais que très bien, c'est le son qu'il fait quand il me traite comme une vulgaire chose. Je refuse d'y retourner pas après le chemin que j'ai parcouru.

Soudain une main vient se poser sur ma bouche et me tient de force à reculons. Il m'entraîne dans le placard de la chambre qui donne sur un double fond. Il referme derrière lui je reste choquée. C'est une pièce étroite mais assez spacieuse pour y stocker tout un équipement audiovisuel de sécurité. Il me fait signe de me taire et nous attendons dans le calme pendant que je tremble de peur.

Djibril manipule ses machines plusieurs caméras sont installés dans cette maison et donne vu sur l'entrée, le couloir, le salon, la cuisine et le garage. Les seuls pièces qu'on ne peut pas voir sont les chambres.

Au bout de quinze minutes on voit Samir, Badr et deux autres hommes ressortir de la maison. Djibril se retourne vers moi.

Djibril - assez en forme pour un mort ton mari.

Aucun son ne sort de ma bouche je reste choquée et pétrifiée. Samir était à ça de me retrouver et cette fois je ne l'aurais pas supporté.

Djibril - on va devoir rester enfermer dans ta chambre pendant trois jours encore voire une semaine pour être sûre que plus personne ne surveille la maison.

- pour.. pourquoi il y a tout ca dans cette chambre ?

Djibril - parce que c'est ma chambre à la base et je savais que quelque chose comme ça allait arriver.

C'est vrai que c'est la seule chambre qui possède trois verrous.

- tu ne m'as pas espionné ?

Djibril - je suis étonné que tu me crois capable de faire quelque chose pareille.

- désolée.

Djibril - on partira cette nuit.

- mais t'as dit que..

Djibril - tu crois quand même pas que je vais rester enfermer ici entre quatre murs, la prison s'est finit.

Je ne comprends pas un traître mot de ce qu'il dit il parle vite sauf sa dernière phrase que je semble avoir très bien entendue.

-

Dans la nuit je venais de boucler mon sac d'affaire et je le suivais au pas jusque dans le garage. Il fait le tour de la voiture pour vérifier selon lui qu'aucun traceur n'y est posé puis il me fait signe de monter. Lorsque le rideau de fer s'ouvre la voie est libre. Il quitte la résidence et roule à toute vitesse pour emprunter l'autoroute. Je ne sais pas où l'on se rend mais je me rends compte d'une chose je suis accompagnée d'un inconnu depuis plusieurs semaines qui assure presque pouvoir m'aider et avec qui je tente de fuir mon mari et ses sbires à travers le pays.

- Djibril où est-ce qu'on va ?

Djibril - dors il est tard demain sera une longue journée.

Sans lutte je ferme les yeux et m'endors rapidement. Demain sera une longue journée.

-

Quand j'ouvre les yeux nous sommes dans ce qui semble être une campagne. Pas de réseau pas un voisin à l'horizon. Juste une petite maison sans charme vielle d'un siècle au moins. Certains murs menacent de s'effondrer mais la bâtisse tient miraculeusement debout. Djibril aère les pièces pleines de poussière.

- on est où ?

Djibril - dans un palace.

Il avait cette mani de faire des blagues ironiques dans des situations où il ne riait pas du tout. J'étais mitigée entre le rire ou la fatigue alors je préférais me taire.

Djibril - on s'arrête ici pour une nuit demain on reprend la route.

Je ne prends pas la peine de répondre je fais comme il dit c'est lui qui est au commande. Je cherche de quoi nettoyer cette maison impossible pour moi de m'asseoir sur ce canapé plein de poussière. Vous me direz « tu as passé des jours près des ordures et tu viens pleurer pour de la poussière » et bien oui, il faut réévaluer le contexte.

Je trouve un torchon sec dans la cuisine penchée ainsi qu'un vieux produit ménagé.
J'ouvre la robinetterie et de l'eau marron en sort. Je pousse un léger cri d'étonnement et j'entends le rire de Djibril juste derrière moi à la recherche de boite de conserve.

Djibril - laisse couler elle deviendra claire dans une minute.

Effectivement l'eau devient plus saine après qu'elle est coulée quelques temps. J'enfile des sacs plastiques autour de mes mains et remplie un seau d'eau avant de me mettra à dépoussiérer et nettoyer cette maison.

[...]

Je n'ai pas osé frotter toute les pièces juste le salon et la cuisine. Impossible pour moi de faire la salle de bain qui empeste l'odeur de mort. Djibril à trouvé une boîte de ravioli aux légumes censé périmer dans trois mois. Je le regarde avaler ça après l'avoir chauffer dans une casserole propre.

Djibril - tu en veux ?

- jamais, plutôt mourir.

Djibril - t'as bouffé bien pire que ça non ?

- ce qui me donne pas le droit de risquer ma vie une fois de plus.

Il rigole.

Djibril - pourquoi il y a des fois où t'as l'air sûre de toi et d'autre où tu trembles comme une feuille rien qu'a l'idée de m'adresser la parole.

J'hausse des épaules. Il continue d'avaler ses raviolis à l'aspect visqueux.

Djibril - africain craint rien paraît-il.

Il ironise, encore. Puis avale sa dernière bouchée.

Après son repas il est resté éveillé pour travailler sur son ordinateur. Il n'y a pourtant aucun réseau ici mais bon il semble pouvoir se débrouiller pas mal. Je reste éveillée aussi malgré la fatigue qui me prend j'ai trop peur de me faire ronger les pieds par un rat qui passerait par là.

Toute la nuit je n'ai cessé de prier, de remercier Dieu et de Lui demander encore de l'aide. Djibril m'a couvert de sa veste quand je me suis endormie sur le canapé.

-

Hafsa.

Disparue - HafsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant