Disparue - Hafsa

Six.

Salam.

J'ai l'impression que Samir me cache quelque chose il n'est plus du tout naturel contrairement à avant. Je me pose des questions, pourquoi est-il de plus en plus en déplacement ? est-ce qu'il organise quelque chose ? peut-être attend-t-il avant de m'en parler ou peut-être que je me fais simplement des films.

Depuis quelques semaines je me sens seule je vois bien que mon mari n'est plus du tout le même. Il fait mine d'être naturel mais je le connais depuis maintenant quelques années, pas seulement en tant que femme mais en tant qu'amie et je sais que quelque chose le tourmente.

Je continue d'aller au travail et ne laisse rien paraître. C'est ouf moi qui me sentais parfois seule en sa présence c'est deux fois plus le cas maintenant. Je ne sais pas à qui me confier ni vers qui me tourner. Ma petite soeur qui n'existe pas ? Ma meilleure amie syrienne ? C'est ridicule. À force de m'accrocher à mon imagination je vais finir par y croire et je serai prête pour me faire interner.

-

En cinq semaines Samir s'est déplacé quatre fois. Trois fois en weekend et une fois en semaine pendant cinq jours. Ce soir alors que nous nous apprêtons à dormir je lui en parle. Plutôt que de me rassurer il joue la carte de la fatigue.

Samir - commence pas Hafsa c'est pas le moment je suis fatigué.

Il se tourne et me fait dos. Je reste silencieuse et fixe le plafond. Pourquoi me repond-t-il de cette manière ? C'est la première fois qu'il prend ce ton avec moi. Je suis lassante ? Il ne m'aime plus ? Ne me supporte plus ? Je ne sais pas.

Cette nuit comme les précédentes depuis maintenant une semaine je ne ferme pas l'oeil tout de suite. Je me pose un tas de questions auxquels je ne trouverai sans doute jamais réponses. Je finis par m'en dormir.

Le lendemain matin j'essaie de ne rien laisser paraître mais son manque de communication me touche de plus en plus. Après avoir prié et m'être habillée j'ai préparé son café, quelques tartines et mon bol de muesli. Le petit-déjeuner est silencieux pourtant habituellement on est du genre bavard le matin. Je n'ose même pas l'approcher ou tenter un quelconque échange.

Samir - Hafsa.

- hum oui ?

Samir - ça va ?

Je sais pas trop Samir.

- al hamdulillah.

Samir - tu ne me demandes pas comment je vais ?

- si désolé, t'as passé une bonne nuit ?

Samir - oui c'est juste que j'ai eu l'impression que ma femme me faisait la gueule.

- ... t'as été froid avec moi.

Samir - je sais et je suis désolé.. c'est juste qu'en ce moment je suis un peu tendu à cause du boulot.

- hum..

Samir - je finis de tout régler et tout redeviendra comme avant. Ça te dit un petit voyage ?

- où ça ? tu sais que j'ai la peur des avions.

Samir - on ira a Rome.

- oh oui c'est une ville magnifique paraît-il.

Samir - pas autant que toi.

Il s'approche pour m'embrasser puis me sert dans ses bras. Suffit-il de quelques tendresses pour tout oublier ? On dirait bien que oui.

[...]

Ma journée fut assez longue puisqu'en plus des soldes j'ai eu le droit à mon premier jour de règles. À dix-neuf heures je suis achevée. Samir roule en direction de la maison la route paraît longue avec tous ces embouteillages je finis par m'endormir.