Trente.

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Salam.

Cela doit faire un mois qu'avec Djibril nous changeons constamment de ville. Il me dit faire des recherches sur moi mais ne rien trouver.

Ce matin je me réveille dans un appartement assez convenable dans une petite ville pas très animée.

Je me demande comment fait-il pour trouver toutes ses maisons et appartement, et surtout pour y trouver un moyen d'entrer. Je m'étais juré de ne pas poser de questions tant qu'il pouvait m'aider mais il avait certaines connaissances en la matière qui lui donnait un peu un côté mystérieux et flippant.

Je disais donc ce matin je me réveille dans un petit appartement. Djibril est déjà réveillé l'odeur insupportable de la cigarette parfume les pièces et il est déjà au téléphone. Il n'est que huit heures.

C'est la première fois que nous restons aussi stable que depuis ses dernières semaines, déjà quatre jours que nous sommes ici.

Il raccroche quand il m'entends faire ma toilette et nous nous retrouvons tous les deux dans la cuisine.

- quelle est notre prochaine destination ?

Djibril - on va rester ici encore quelques jours c'est calme pour le moment.

- hum...

Djibril - toujours aucun souvenir ?

- ...

Djibril - je vais continuer mes recherches.

- j'ai peut-être un nom.

Djibril - dis-moi.

- Taysir.

Djibril - ça me parle je vais voir ce que je peux trouver.

- hum super merci.

Djibril - je t'ai déjà dit d'arrêter..

- de te remercier oui je sais, c'est juste que t'en fais beaucoup pour moi.

Djibril - j'ai encore rien fait.

- toi au moins tu ne restes pas les bras croisés.

Djibril - Samir n'en faisait pas ? des recherches ?

- il ne voulait pas en faire surtout.

Djibril - je peux te demander pourquoi ?

- je n'ai jamais vraiment su.. quand on était marié fin quand on vivait ensemble il me disait qu'il ne voulait pas puisque à chaque fois que je m'efforcais à me souvenir je finissais mal.

Djibril - mal c'est à dire ?

- des sueurs froides des frissons des crises de panique, j'ai perdu ma mémoire elle n'est jamais revenu et le moindre souvenir me causait des migraines.

Djibril - ....

- au début je pensais qu'il ne voulait pas pour ma sécurité il me disait qu'il préférait me savoir en bonne santé mais sans connaître mon histoire plutôt que mal en point.

Djibril - un vrai chien.

- je sais qu'il connaît la vérité il connaît toute ma vie et s'il veut me tenir loin de ma famille c'est pour que je ne découvre pas ce qu'il tente de me cacher.

Djibril - c'est un vrai chien.

- mais il reste mon mari.

Djibril - ton mari ? alors qu'il t'a gardé enfermé comme une merde et qu'il s'est prit une deuxième pute ?

- une deuxième pute ? je suis la première c'est ça ?

C'est blessant venant de sa part.

Djibril - t'es vraiment trop conne toi comment tu peux continuer d'aimer ce mec alors qu'il t'a laissé vivre à la rue, tu puais la pisse quand je t'ai ramassé.

- ...

Djibril - je comprendrai jamais les femmes vous aimez qu'on vous fasse du mal.

- tu ne sais pas de quoi tu parles.

Djibril - je sais très bien de quoi je parle j'ai enquêté sur ta petite vie de mariée parfaite avec Samir il t'a prise pour une conne et tu continue de le défendre.

- ...

Djibril - le mec sait tout sur toi il te recherche sûrement pour continuer de te faire la misère et tu le portes encore dans ton cœur *rires* t'es pitoyable.

Je sais qu'il a raison mais c'est pas une raison pour me rabaisser en me rabâche toute cette vérité aussi glacialement. J'ai tout fait pour détester Samir jusqu'à même prier pour qu'Allah détruise mon amour pour lui mais rien n'y fait.

Je quitte la pièce pour rejoindre la chambre les larmes aux yeux. Je ne sais faire que ça pleurer sur mon sort. J'entends la porte de l'appartement claquer Djibril vient de sortir furieux.

-
Les jours ont passés.

Il est devenu froid et distant. On n'était déjà pas si proche que ça mais depuis une semaine je n'entends sa voix que pour m'indiquer des directives « on sort » « prépare toi » « lève toi » rien que ça. Il est dur avec moi je ne demande pas à ce qu'il me caresse dans le sens du poil mais au moins me dire les choses doucement. J'ai l'impression de le déranger ce sentiment d'être en trop m'énerve. Je n'aime pas avoir l'impression de forcer je ne mendie pas son attention ni son aide mais il agit comme s'il m'était malheureusement redevable. Et puis de quoi il se mêle ? si je veux pardonner à Samir toutes les misères qu'il a pu me faire c'est pas son problème je lui ai juste demandé de m'aider à retrouver ma famille.

Je fais pitié je pleure encore. Je fais semblant d'avoir du caractère alors que je suis pitoyable comme il le dit. J'en ai marre j'ai envie de me défenestrer pour ne plus avoir à courir après le temps ou fuir des ennemis invisibles.

Sur un coup de tête je sors de l'appartement et me rends en centre ville. Je veux juste voir du monde et ne plus voir Djibril me mépriser du regard.

Je suis sortie depuis une demie-heure à peine et ça me fait un bien fou. Même si les gens me regarde étrangement sûrement du à ma couleur de peau et mon voile qui n'ont pas l'air commun ici, je profite de l'air frais de l'extérieur avant de m'étouffer dans la méchanceté que m'offre Djibril.

Alors que je m'apprête à traverser la route une voiture s'arrête soudainement devant moi. Pendant un instant j'ai cru que ma vie allait s'arrêter ici.

Djibril - monte.

Je ne bronche pas et grimpe à l'intérieur. Il conduit en silence la main droite qui s'accroche durement au volant il est énervé ça se ressent et se lit sur son visage. J'avais appris avec Samir a anticipé tout ses moments de crises en observant son comportement et Djibril agissait parfois comme lui. Je fais abstraction de ça et attend qu'il me tombe dessus une fois dans l'appartement. Même s'il n'a jamais haussé le ton sur moi je sens qu'aujourd'hui sera la toute première fois.

À peine le pied de la porte passé il se met à crier.

Djibril - t'es débile ou quoi ?! tu veux mourir c'est ça ?!

- je voulais juste prendre l'air.

Djibril - tu veux prendre l'air ?! mets toi par la fenêtre ! ton putain de mari te cherches pour te défigurer et toi tu te pavannes dans la rue ?! tu crois que t'es pas assez en danger ?!

- il me frappera pas.

Djibril - FERME TA GUEULE ! Putain comment on peut être aussi conne et aveugle ! C'est pas le monde des bisousnours Samir tu le connais pas il est devenu fou tu l'as fait devenir fou il est capable du pire !

Mes larmes se mettent à couler je n'ose même pas le regarder.

Djibril - t'as raison pleure quand il te retrouveras t'auras plus rien à faire couler si ce n'est ton sang, trop conne celle-là putain.

Il donne un coup dans le un vase qui me fait sursauter, il se brise en morceau et lui s'en va fumer une clope sur ce qui sert de balcon pour se calmer.

Je ramasse les yeux larmoyants. Sans faire attention je me coupe la main mon sang coule ce n'est pas profond mais ça me pique. Mes larmes ne s'arrêtent pas de couler j'ai pitié de mon état.

-

Hafsa.

Disparue - HafsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant