Dix.

659 68 5
                                    

Salam.

-


Bonne lecture 🦋

-

Partie courte.

Ce matin là toute la grande famille s'est retrouvée autour d'une belle table garnie. Nassima était en bout de table et souriait en voyant ses soeurs, ses nièces, leurs maris mais surtout ses enfants accompagnés de leur conjoint.e.s. Tous le monde avait le sourire aux lèvres, moi y comprit.

Ce qui m'irritait légèrement c'était la conversation dans un dialecte que je ne connaissais que très peu, avec le temps j'assimilais certains mots certaines phrases mais pas au point de pouvoir rester attentive à toute une conversation. Pour passer outre je prenais sur mes genoux la petite Amariyah qui s'approche de moi. C'est la fille de la soeur de Sarah elle est magnifique un teint mat et des yeux noirs perçants comme sa mère une jolie petite fille aux cheveux bouclés.

Sarah me donne un léger coup de coude pour attirer mon attention puis me fait un signe de tête vers Samir, il me regarde le sourire scotché aux lèvres. Je crois que ce cadre lui plaît, ses femmes, un enfant, nos sourires qu'ils soient vrais ou faux... je crois que tout cela lui plaît.

Radia une cousine - tu as de la chance Samir  tu as deux magnifiques femmes il reste plus que les bébés !

- merci Radia.

Elle me fait un clin d'oeil suivi de son grand "t'inquiète Bella !" je l'apprécie énormément elle est sympa.

Sarah - d'abord on vit comme les nouveaux mariés les enfants on verra après !

Tous le monde se met à rire. 

Ines cousine de Samir - en tout cas la noire des années de mariage et zéro enfant dit-elle dans son dialecte d'un ton moqueur.

Nassima - on ne parle pas comme ça Ines.

Ines - j'ai dit quoi de mal khalti ? c'est la vérité Samir mesquine il s'est marié pour fonder sa famille il a même pas un fils qui porte son nom.

Elle continue dans son mépris en jonglant entre le français et sa langue maternelle. Je vois bien que Samir est irrité mais il ne parle pas il ne prend à aucun moment la parole pour lui dire d'arrêter tandis que toute la table se sent déjà presque coupable.

Sarah - c'est bon Ines khlass.

Ines - vous n'aimez pas entendre la vérité *rires* je dis seulement ce que je vois.

Nassima - tais-toi maintenant des fois il vaut mieux fermer sa bouche, surtout quand on ne sait pas de quoi on parle.

Aucune réaction de la part de Samir. Je suis énervée mais je continue de stimuler la petite Amariyah en faisant mine de n'avoir rien entendu. Mais autour de cette table tous le monde sait que je bouillonne de l'intérieur.

Nous finissons par débarrasser Nassima s'excuse dans la cuisine du comportement de sa nièce bien qu'elle n'ait pas à le faire. Sarah me regarde tristement.

Après que tout soit rangé je monte au premier étage dans ma chambre. Je rafraîchis mon visage et prends mon coran pour lire quelques pages. Samir entre je continue ma lecture. Le fait de l'avoir vu provoque en moi une montée de colère que je tente de maîtriser.

Une fois que je finis ma sourate je range mon coran et me mets à plier du linge.

Samir - Hafsa..

- ...

Samir - Hafsa..

- hum..

Samir - qu'est-ce que t'as ?

- laisse on parlera plus tard.

Samir - non je veux qu'on en parle maintenant.

- je suis énervée Samir.

Samir - pourquoi ? ce qu'a dit Ines ? c'est rien ça tu t'en fous d'elle.

QUOI ?

- non je m'en fous pas Samir ça me fatigue tous les jours Samir tous les jours des remarques comme ça j'en peux plus ! La noire la noire la noire j'ai pas de prénom ?! Je mérite pas d'être respectée parce que je suis noire ?!

Samir - arrête de crier.

- wAllahi j'arrête pas je suis à bout j'en peux plus ! ce qui m'énerve encore plus c'est que tu n'oses même pas prendre ma défense moi ta femme ! Pas une journée ne passe sans qu'on ne me fait de remarques tu n'es jamais bien loin de moi tu entends tout mais ne dis rien ! Pourquoi ? Tu es lâche ? Tu as peur ? Samir est-ce que je mérite autant d'acharnement ?!

Les secondes qui ont suivi je suis restée figer devant lui le souffle coupé les yeux grands ouverts, il venait de me gifler.

Samir Belgacem mon mari depuis plusieurs années déjà venait de poser violemment sa main contre ma joue gauche. Jamais je n'aurais cru qu'un jour cela arriverait jamais j'aurais pensé qu'un jour celui qui partage ma vie, mes ressentis, mes convictions... jamais je n'ai pensé qu'un jour il aurait été capable de faire cela. Mes yeux se remplissent de larmes à la seconde qui suit. Je le regarde avec incompréhension pourquoi a-t-il fait cela ?

J'ai vu son regard avant qu'il ne m'adresse cette gifle il était dur, et puis en l'espace de quelques secondes c'est comme s'il se rendait compte de ce qu'il venait de faire. Il regarde sa main puis moi et prononce mon nom alors que mes larmes coulent déjà le long de mes joues. Je viens de perdre l'homme que j'aime. 

Samir - Hafsa je..

- ne me touche pas !

Samir - je suis désolé je...

- sort ! dégage ! je ne veux pas te voir !

Samir - Hafsa..

- non ! ne prononce plus jamais mon nom ! sort !

Il n'a pas plus insisté il est sorti en baissant la tête regrettant sûrement déjà son geste. Je ferme la porte derrière lui et m'effondre au sol le visage mouillé de mes perles salées.

-

Hafsa. 

Disparue - HafsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant