𝚑𝚊𝚒𝚔𝚢𝚞𝚞 𝚘𝚗𝚎-𝚜𝚑𝚘𝚝𝚜

Nocturne Op. 9 No. 2 | MatsuHana

Cling.

Cling.

Cling.

L'énorme glaçon au fond du verre de Matsukawa s'agitait de bord en bord, au rythme du balancement du whisky. Ce glaçon, si étrangement rond, si bizarrement grand, fixait Mattsun de son éclat blanc et miroitant de lequel il pouvait voir une étrange version de son visage de refléter, déformé. Le tourbillon de la boisson brunâtre et ses vaguelettes menaçant de déborder lorsque Mattsun remuait trop vigoureusement lui donnait le tournis.

Whisky au bord du précipice.

Matsukawa le bu d'une traite.

Souvent l'on entendait dire que le whisky était ce genre de boisson que l'on apprenait à apprécier, pour lequel on acquerrait un certain goût nous permettant de distinguer les nuances et la profondeur de l'alcool.

Si cela était vrai et bien, Mattsun n'avait jamais acquis ce goût, et sans doute ne l'acquerrait-il jamais.

Néanmoins il le buvait. Pour l'allure, l'apparence, pour oublier, parce qu'il n'aimait pas ça. Il ne voulait pas de réconfort de toute façon, mais plutôt une tape dans le dos, vigoureuse, un encouragement agressif qui le pousserait à continuer.

Les cocktails ne donnaient pas ce genre d'encouragement, le whisky non plus pour ce qu'il en étaient mais au moins l'un des deux lui rappelait par son goût âcre que Mattsun était vivant. C'était déjà ça.

Il soupira et porta une main à sa gorge avant de tirer sur sa cravate noir trop serrée. Il avait l'impression d'étouffé La journée entière il s'était sentit étranglé, emprisonné par cet affreux bout de tissu, il se sentait parfois comme un chien en laisse forcé d'obéir à son maître lorsqu'il portait une cravate, soumis à l'autorité d'un patron quelconque.

Le bar dans lequel il s'était trainé était sans doute l'un des plus calmes et pourtant l'un des plus réputé de Tokyo dans le milieux des affaires. Bien qu'éloigné de l'hôtel où lui et le reste de ses collègues logeaient pour la semaine, Mattsun avait choisit de s'y rendre. Plus il était loin de l'hôtel et moins il avait de chance de tomber sur des membres de son entreprise.

Entre marcher en peu plus et devoir prétendre d'apprécier la conversation de ses collègues le choix était vite vu.

Au moins marcher lui faisait faire de l'exercice. Parler à ses collègues ne faisait brûler en lui que de l'agacement.

Il défit le bouton du col de sa chemise et soupira de soulagement. Autour de lui l'atmosphère était calme et feutrée. Il devait avoué qu'il était plutôt fier de son choix de bar. L'endroit était paisible et il y régnait une ambiance sobre, confortable. La lumière était tamisée et les murs étaient décorés d'une multitude de tableaux, sûrement offerts par des clients réguliers ou peint par les propriétaires. Une douce musique jouée au piano berçaient les clients, portant tout le monde d'un un état proche du rêve éveillé. Jamais Matsukawa ne s'était sentit si reposé dans un bar et malgré l'heure déjà avancée qu'indiquait l'horloge, le lieu restait peu fréquenté.

Mattsun se frotta les yeux avant de passer les mains dans ses cheveux. Il les avait savamment coiffés au gel ce matin afin d'afficher un air des plus professionnel possible pour sa présentation mais désormais, ses boucles avaient reprit leur droit et pointaient dans tout les sens sur sa tête, lui donnant un air légèrement débraillé, beaucoup moins professionnel.