Chapitre 30

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~PDV Eren~

Il était à présent vingt-deux heures. Depuis une fenêtre d'un des couloirs du château, je pouvais voir que l'horizon se composait d'une belle lumière orange et que, dans le ciel, se trouvaient quelques nuages dorés qui, à cause du peu de vent qui régnait dans l'air, se déplaçaient tout doucement. La température me paraissait à ce moment là, un peu fraîche, même si nous étions au début du mois de juin. Aucun bruit ne se faisait entendre, que ce soit à l'intérieur du bâtiment ou à l'extérieur. On pourrait croire que les oiseaux avaient décidé de ne pas chanter ce soir-là, mais cela ne m'importait peu, il s'agissait même pour moi d'une bonne occasion pour respirer un instant. Je n'avais pas envie de penser à quelconque problème : ni la mission du lendemain au village de Dauper, ni le fait que Mikasa soit fâchée ne devait troubler ma plénitude. Mais je me souvins que tout ce calme allait bientôt prendre fin puisqu'il serait bientôt l'heure d'aller me coucher. Mes cauchemars allaient encore me suivre dans mon sommeil et je ne pouvais rien y faire. Finalement, la seule solution était de vivre avec. Tant que je n'aurais pas de sommeil paisible, il fallait que je m'y habitue.

Après avoir pris une bonne douche, je me dirigeais vers ma cellule, dans les sous-sols du château. Les autres étaient restés tous ensemble dans le réfectoire puisque le lendemain nous n'avions pas à nous lever très tôt. Cependant, comme j'étais un peu fatigué et pas vraiment d'humeur à vouloir discuter, j'avais décidé d'aller me coucher. Alors que je descendais les marches des escaliers, je ressentis quelques frissons et éternuai . C'était sûrement à cause de mes cheveux encore trempés. Je me rendis compte que j'avais encore froid alors je me pressai vers ma cellule, histoire de m'enfoncer dans des draps bien chauds. Une fois arrivé là-bas, comme convenu, je me dirigeai directement vers mon matelas, installai une serviette sur mon oreiller et me glissai sous les couvertures que je remontais le plus possible pour pouvoir créer un effet "cocon". Plusieurs minutes passèrent mais je ne trouvais toujours pas le sommeil, j'étais pourtant fatigué. Comme je commençais à me réchauffer, je décidai de changer de position en laissant un trou d'air pour pouvoir respirer. Ma tête se préparait déjà à accueillir mes cauchemars mais je me repris quelques secondes après et parvins à penser à autre chose. Je me remémorais  ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée : comment Livaï avait si bien entrepris les choses et que, même en étant dominé pour une fois, j'avais pris beaucoup de plaisir. Je me souvenais encore du visage qu'il faisait en me regardant dans les yeux, et je rougis en repensant à ce que je lui avais dis pour qu'il continue. J'en avais encore des papillons dans le ventre et ce qui devait arriver arriva : je devenais dur. Il me mettait toujours dans des états pas possibles !

Bon, cela devait être normal pour un garçon de mon âge, non ? Enfin je pense, j'en étais pas sûr. Peut-être que c'est juste moi qui suis précoce ? Mais quand même, arriver à avoir des pulsions en si peu de temps rien qu'en pensant à la personne qu'on aime, c'est bizarre... Mais je l'aime, j'aime tout de lui. Son caractère, bien que spécial, possède finalement plusieurs facettes que j'ai pris un plaisir à découvrir ; son physique aussi, les traits fins de son visage et la musculature de son corps ne me laissent pas indifférent ; son cou, assez large pour y placer quelques baisers, mais assez défini pour pouvoir admirer la pomme d'Adam qui le rend si attirant ; ses lèvres, fines et douces, à tel point que l'on oserait pas les abimer... Je pourrais énumérer nombre de ses qualités mais je finirais par être trop excité et ne pas pouvoir m'endormir. En parlant de cela, d'ailleurs, ma couverture me tenait un peu trop chaud et le trou d'air que j'avais laissé ne suffisait plus. Je décidai de sortir ma tête en dehors du draps et c'est pile à ce moment-là que je vis, face à moi, deux yeux m'observer. Mon coeur manqua un battement et je me reculai brusquement du bord de mon lit. Une fois mon dos écrasé au mur et l'instant de choc passé, je me rendis compte que je les connaissais bien ces yeux, d'un bleu tellement beau qu'il en était indescriptible. Je soupirais de soulagement en voyant, qu'effectivement, mon caporal-chef était agenouillé sur le sol et avait posé sa tête au bord de mon lit. En me redressant, je remarquais qu'il avait un sourire mesquin sur son visage qui indiquait clairement qu'il avait pris du plaisir à me faire peur.

« -Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as fait peur.

-Je vois ça. Je me suis dis qu'il valait peut-être mieux te surveiller pendant ton sommeil plutôt que de te laisser tout seul avec tes cauchemars, répondit-il.

-D'accord mais t'aurais pu me prévenir quand même. Surprendre les gens comme ça dans leur sommeil ça devrait être interdit, déclarais-je.

-Rien ne m'empêchera de te faire ce que je veux, tu sais, dit-il en s'asseyant sur le lit.

-Ça dépendra de si je suis d'accord ou non quand même, ajoutais-je en faisant la moue. Tu dois prendre soin de moi, j'ai encore que seize ans.

-Alors je te conseille de te rendormir, je veille sur toi.

-Attend, il y a quelque chose que je voulais faire, dis-je.

-Qu'est-ce-qu'il y a ?

Mes bras se dirigèrent vers lui et il comprit tout de suite. Il me laissait  faire et je pus enfin me coller à lui. Ma tête se collait à la sienne et je sentais ses cheveux chatouiller mes joues. Il vint enrober à son tour, mon dos de ses propres mains. Son odeur m'enivrait et son souffle chaud m'apaisait. Dans cette position, nos coeurs étaient collés l'un à l'autre et je pouvais sentir le sien, qui battait doucement contrairement au mien qui était encore bien actif à cause de mon excitation. Livaï ne l'avait pas remarqué et tant mieux puisque je voulais encore rester accroché à lui comme cela. Sa tête se décolla un peu de la mienne de manière à ce que nous puissions nous regarder. Son visage était très proche du mien et une fois encore, mes joues se teintèrent de rose. Mes yeux se dirigèrent alors vers sa bouche, je la regardais avec envie. Mais je voulais prendre mon temps donc je pris son menton en coupe et mon pouce caressa sa lèvre inférieure. J'effleurai alors sa bouche de la mienne, il était clair que mon rôle consistait à contrôler la situation. Alors, timidement, je collai davantage mes lèvres aux siennes et lui ne bronchait pas, il attendait simplement que je me lance. Comme la première fois que nous nous sommes embrassés, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté qu'il n'y avait que nous deux dans notre bulle. Je décidai enfin de venir toucher ses lèvres avec le bout de ma langue, comme si je demandais la permission d'entrer. Il me laissa l'entrée libre et sa bouche m'accueillit. Lentement, ma langue guidait la sienne, le tout formant un baiser très doux et passionné.

Après quelques secondes, je me retirai et revins coller mon visage au sien mais cette fois-ci avec le front. Je ne pouvais pas le quitter des yeux et lui non plus mais les larmes qui perlaient soudainement le long de mes joues vinrent interrompre ce contact. Mes yeux s'étaient embués et ma gorge s'était resserrée sur elle-même. Je baissai la tête et la dirigea cette fois-ci vers le torse de Livaï, j'avais besoin de la poser quelque part. Il ne réagit presque pas et se contenta ne poser une main compatissante sur le sommet de mon crâne. Je lui dis alors tout ce que j'avais sur le coeur : mes peurs et mes peines. Je lui expliquais à quel point dormir m'était devenu insupportable et que je ne pouvais plus me reposer convenablement. J'aurais pu lui expliquer en détails en quoi consistaient mes cauchemars tellement ils semblaient réels. Une fois toute mes émotions libérées, il se contenta de me serrer davantage dans ses bras, le temps que je me vide de mes larmes.

-Je suis là, avec toi. Tout ce que je peux faire c'est de veiller sur toi, jusqu'à ce que tu te réveilles. Je ne te laisserai pas, c'est promis.

-Livaï, je ne te le dis pas assez souvent mais je t'aime, répondis-je. »

Je m'allongeai ensuite dans mon lit, tandis qu'il me déposait un baiser sur le front. Il s'assit sur une chaise et me tenant la main, il me regardait m'endormir. Ses doigts connectés aux miens, mon esprit était plus tranquille. Il me recouvra du drap et s'empara de la serviette auparavant posée sur mon oreiller pour la mettre ailleurs : mes cheveux avaient séché, je n'avais plus froid.

Ereri « Je n'avais jamais ressenti ça auparavant »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant