Mutante - Tome 3

Chapitre 3-2 : Librairie

Le lien du manuscrit se défit, tombant sur mes genoux. L'élixir qui la rendait impossible à couper était annulé. Ma mère sembla surprise, puis heureuse.

– Mais d'où t'es venue cette idée ?

Je haussais les épaules, ne pouvant pas vraiment décrire une intuition. J'ouvris impatiemment le bout de papier. Il se séparait en deux paragraphes.

L'un commençait par la fameuse phrase que j'avais lu sur l'autre côté de la feuille. La suite ressemblait trait pour trait à la photo. Et l'écriture était bien celle de mon père.

– « Sur l'île du commencement, tu trouveras les réponses quand la lumière de l'astre se reflétera sur la lame d'argent. Par ses inscriptions, tu verras l'entrée. Seul l'héritier y sera autorisé. Aie le courage de sauter, et tu seras récompensé. »

Ma mère attendit la fin, mais je restais bloquée.

– Je ne peux pas lire la suite, m'étonnai-je. On dirait vraiment des Scriatés, mais les mots sont étranges. Comme si c'était un mélange.

– Daniel n'avait pas lu plus que ce que tu viens de faire. Il a donc recopié cette pierre. Et la suite est encore autre chose. Mais c'est étrange que tu ne puisses pas lire.

Je soupirais longuement.

– Je montrerais ça à Zéphyr et Lucy demain. Peut-être qu'ils auront des idées.

Je souhaitais une bonne nuit à ma mère, replaçant le manuscrit dans sa boite. Je rentrais dans la petite chambre, appelée par le lit. Rabattant ma couverture sur mes épaules, j'essayais toutes les positions inimaginables pour trouver le sommeil.

Je finis par me lever pour aller chercher un verre d'eau. Je n'allumais pas la lumière, pour ne pas réveiller ma mère. Mais en arrivant dans le salon, je remarquais qu'elle était assise sur le canapé, me tournant le dos. Elle tenait quelque chose dans ses mains. Une toute petite bouteille d'alcool, ainsi qu'une photo.

La bouteille était fermée, ma mère ne faisait que tourner le liquide à l'intérieur. Je m'approchais doucement d'elle, m'asseyant à ses côtés. Elle ne fit pas attention à moi, les yeux captivés par l'image. Je les reconnus, tous les deux, amoureux. Mes parents.

Les clichés avaient été prises dans un photomaton. Malgré la situation, ma mère ne pleurait pas. Comme si elle avait déjà vidé tout son stock depuis longtemps. Je passai mon bras sur ses épaules, et elle posa sa tête dans le creux de mon cou.

– Quand il est parti, je lui ai dit qu'on ouvrirait cette bouteille à son retour, me murmura-t-elle. Ton père déteste l'alcool, mais il a accepté. Je n'y ai pas touché, je l'attends toujours. Amy... c'est égoïste, ce que je vais dire, mais... j'espère que tu le trouveras. Peut importe le temps que ça va prendre. J'espère que tu le retrouveras.

– Tu n'as pas besoin de me demander, chuchotai-je. Je l'aurais fait, avec ou sans ton accord.

Elle posa la bouteille et prit ma main.

– Tu es courageuse. On t'en demande tant. Tu n'as pas choisi cette voie, pourtant tu la suis. Je suis si fière de toi. Jamais je n'aurais pu imaginer que tu deviennes aussi forte. Je t'aime, ma chérie.

Les larmes menaçaient de couler de mes yeux. Ses mots venaient tellement du fond de son cœur, ça me bouleversait. Je la serrais plus fort, déposant un baiser sur sa joue.

– Moi aussi, maman. Moi aussi je t'aime.

– Elizabeth Bayle ? répéta Junn confus. Pourquoi cette fille particulièrement ?

– C'est ma cousine. Elle a disparu depuis presque un mois, et personne ne part à sa recherche.