Mutante - Tome 3

Chapitre 36 : Poursuite

La route m'éreinta. Le trajet du lendemain fut plus agréable, même si on sentait la tension grimper en flèche au fur et à mesure que l'on se rapprochait du village. On croisait tous les doigts pour que la commerçante ait raison. Surtout, on espérait que Rishi soit encore dans les parages.

– Je me suis fait passer pour un membre de sa famille le recherchant, nous expliqua Law. Donc soyez discrets quand vous demandez des informations, si vous instillez un doute je vous fume.

– Comment procède-t-on ? questionnai-je, trop stressée pour blaguer.

– On va essayer de déterminer à quel moment il vient dans le village, expliqua Adam. D'après la commerçante, il fait des courses toutes les semaines, le matin. A la minute près, et il demande toujours les mêmes choses.

Réglé comme une horloge, le côté calculateur du personnage me revint en mémoire.

– C'est-à-dire demain matin, quelques heures après notre arrivée, déclara Law.

Le trajet avait été plus long que prévu, en raison des mauvaises routes. Plus on avançait, et plus on s'enfonçait loin de la civilisation. C'était logique, les informations arrivaient moins bien dans le coin. Mais dès qu'un étranger – comme nous – posait le pied, on était repéré. 

Après avoir dîné, je pris le volant aux côtés d'Adam. Sur la banquette arrière, les trois autres dormaient profondément. Lucy et Zéphyr ne s'étaient pas réconciliés clairement. Cependant, dans le sommeil, je vis Lucy automatiquement se poser sur l'épaule de Zéphyr. Et le rouquin se positionnait de façon à se caler avec son corps. 

Adam se retourna en suivant mon regard.

– Ils ne sont pas autant en colère contre l'autre, remarqua-t-il.

– Ils s'aiment plus que tout, répondis-je simplement. Mais ils sont chacun très... obstinés, alors ce n'est pas toujours simple.

– Comme toi ? me taquina-t-il.

– Eh ! m'offusquai-je en lui tapant gentiment le bras.

– Avoue que tu es une tête de mule, pouffa-t-il.

Je voulus le taper de nouveau, cependant il emprisonna ma main, et l'approcha de sa bouche. Ses lèvres se posèrent dessus, alors que je me devais de rester concentrée sur la route.

– Continue et on termine dans le fossé, le prévins-je.

Il éclata de rire, et éloigna ma main de sa bouche. Mais il la garda dans la sienne, entre nous deux.

– Je suis désolé, déclara-t-il soudainement.

Je me tournais vers lui, interrogative.

– Pour hier. Je me suis emporté dans la voiture, et je ne t'ai pas laissée tranquille même si tu me le demandais.

J'acceptais ses excuses.

– Je suis peut-être butée, mais toi tu préfères pouvoir tout contrôler.

Il se tourna vers moi, étonné.

– Tu n'aimes pas quand tu n'es pas au courant du moindre truc, affirmai-je.

– Je n'aime pas les secrets, se défendit-il. Ça n'apporte jamais rien de bon.

J'imaginais qu'en tant que membre de la Famille Principale des Ombres, il en était entouré. Je traçais des cercles avec mon pouce sur sa main.

– Chacun a son petit jardin secret. C'est normal. Ne pas tout savoir n'est pas forcément néfaste.

– Tu me ferais confiance, si je te cachais quelque chose ? contra-t-il.