Mutante - Tome 3

Chapitre 7 : Elizabeth

De longues gouttes coulèrent sur ses joues, et elle fut prise de reniflements. Cette fois, ma main sur sa gorge n'était plus qu'illusion pour les spectateurs. Un soulagement immense s'empara de moi. Je lâchais prise de ses membres, de toute manière, elle n'avait plus la force de contrer.

– Je suis désolée. Désolé, papa, maman. J'ai été si faible, se lamenta Elizabeth. Je vous avais promis de ne pas me laisser submerger.

– Tu t'excuseras plus tard, on doit se barrer d'ici, lui intimai-je.

Je pensais recevoir un regard noir, mais elle acquiesça grandement. J'en fus étonnée. Elle jeta des coups d'œil autour, jaugeant la situation.

– Tu me reçois, Lucy ? murmurai-je.

– Cinq sur cinq. Ta situation ?

– Elizabeth est redevenue normale. On effectue le dernier mouvement, mise en place du plan.

– J'informe les autres. Ne vous loupez pas.

Le regard de ma cousine n'était désormais que détermination. Elle savait ce qu'il fallait faire. La foule huait, réclamant de l'action. Ils pensaient qu'Elizabeth était morte. Les battements de mon cœur s'accélèrent, ici commençait la véritable difficulté.

Je m'enquerrais de l'état d'Elizabeth, mais elle m'affirma qu'elle était prête. Dans un mouvement simultané, elle me « donna » un coup de pied, me faisant rouler plus loin. D'un geste souple, nous nous relevâmes rapidement. Je pris la fuite de l'autre côté de l'arène, sans me retourner.

J'enlevais mon bandeau, laissant à mes yeux quelques secondes pour se réhabituer à la lumière ambiante. Mes cheveux me cacheraient le visage le temps nécessaire. Elizabeth s'arrêta à l'autre bout de l'arène, attendant mon feu vert. Un. Deux. Trois.

Mes pieds martelèrent le sol, le vent souffla dans mon dos, et mes ailes se déployèrent. Elizabeth fonça vers moi, et sauta le plus haut possible. Le fluide activé, je n'eus pas de mal à la réceptionner. Elle s'accrocha à ma nuque, tandis que je m'élevais dans les airs.

La lumière de l'arène s'éteignit, nous fûmes plongés dans le noir. Mais je voyais toujours bien grâce au fluide. J'entendis les hurlements stupéfaits de la foule, la vis se lever, perçus les cris de panique dans le haut-parleur. L'arène avait un toit ouvrant, dont Zéphyr devait désactiver la fermeture. Et il avait réussi.

Je compris qu'Elizabeth étouffait sa peur, ne serait-ce parce qu'elle s'accrochait comme une forcenée sur mon cou. Survolant le plus haut possible le marché noir, je cherchais le lieu de rendez-vous avec Miller. Je ne doutais pas que l'information allait faire le tour des Clans, mais pour l'instant, je devais me préoccuper de ma rapidité.

Je repérais facilement Miller avec le fluide, et descendis en piquet. L'atterrissage fut lourd, et Elizabeth subit le choc encore plus intensément. Sonnée, Miller s'occupa de l'épauler. Il me donna un long manteau, sous lequel je pus rapidement cacher mes ailes. J'abaissais aussi la capuche, puisque le fluide était toujours actif.

Il nous fit entrer dans le vieux bar moisi, et sans un mot à quiconque, nous sortîmes de l'autre côté. Au vu du sourire du barman, Miller lui avait livré une certaine somme pour passer incognito. Ou alors il lui avait donné un objet précieux. Quoi qu'il en était, nous fonçâmes dans le long couloir, chacun aidant Elizabeth à marcher. Elle était épuisée, après de tels événements, et un mois passée enfermée.

Mon cœur ralentit sa course au fur et à mesure que nous pénétrions dans le couloir. Ça avait fonctionné. Mais je ne pourrais me réjouir pleinement que quand Zéphyr, Jun et Lucy sortiraient. Nous ne pouvions pas rentrer en même temps, nous rejoindre aurait été trop long. Mais je faisais confiance à mon superviseur pour veiller sur mes amis.